Famille BARTHOLIN - PALLE -->
De Christiane LAURENT épouse SEIVE:
Merci pour ces bons souvenirs si bien marqués.
Souvenirs, souvenirs…
On entrait chez « la Léonie », comme on disait à l’époque, pour y acheter
des pâtes, de l’huile, des conserves ou tout autre produit consommable, bien sûr, mais aussi
toutes les bricoles, indispensables ou pas, de la vie courante : cirage, bougies, piles…et le
reste ! Car c’était bien plus qu’une épicerie, c’était une caverne d’Ali Baba, un dépannage
permanent, un bazar dans le bon sens du terme, où l’on trouvait miraculeusement tout ce dont
on avait besoin : en somme, une « mini grande surface », comme il y en avait un peu partout
dans les petits villages de campagne.
C’est là que j’allais acheter, quand j’avais quelques sous, et toujours en
cachette des parents, les rouleaux de réglisse noirs avec la petite bille colorée de bonbon au
milieu, mais surtout les bâtons de réglisse ressemblant étrangement à des bouts de bois, que
j’adorais mâchonner jusqu’à leur transformation en une longue barbe jaunâtre, informe et
dégoulinante, et qui n’avait plus aucun goût ! J’en étais si friande qu’un jour, après en avoir
largement abusé, j’en ai été malade une grande partie de la nuit…tandis que les parents me
demandaient ce qui avait bien pu me contrarier à ce point : évidemment, je leur assurai que
je n’en avais aucune idée puisque je n’avais rien mangé d’autre que ce qu’ils m’avaient
donné !!! L’ont-ils cru ? Ont-ils fait semblant d’y croire ? Je n’en ai jamais rien su, mais en
tout cas, cet incident n’avait pas réussi à m’en dégoûter !
Les années ont passé : point de « Léonie » à Saint-Paul, j’ai peu à peu oublié
cette gourmandise que je ne trouvais plus ! Jusqu’à ce moment magique où, dernièrement, sur
un marché, je vois ces mêmes bâtons : même aspect, même présentation…et même tentation :
je ne résiste pas au plaisir d’en acheter quelques uns et me revois en un flash à Saint-Didier,
bien cachée pour les savourer. J’ai déjà en bouche le souvenir de leur goût délicieux et
m’apprête à le retrouver avec nostalgie : hélas, j’ai beau insister, j’ai juste l’impression de
grignoter un vulgaire bout de bois, sans grande saveur, bien loin, en tout cas, de celle qui était
restée gravée dans ma mémoire gustative ! Quelle déception ! Moi qui me faisais une joie de
retrouver un petit plaisir depuis longtemps oublié, j’ai vite abandonné et tout jeté, désireuse de
conserver intact ce souvenir anodin d’enfance, que la photo de « la Léonie » dans son magasin
a fait ressurgir du passé.