Les devoirs à la maison se faisaient à la lumière d'une lampe à pétrole puis d'une lampe à carbure de calcium composée de deux réservoirs, celui de dessous rempli de carbure, celui de dessus contenant de l'eau qu'on laissait tomber goutte à goutte sur le carbure au moyen d'un robinet réglable. Ce gaz d'éclairage donnait une lumière bien supérieure à celle de la lampe à pétrole.C'est en 1931, qu'on installa l'électricité.Alors que les autres familles du hameau s'adressèrent à l'électricien du village, M. Deloy, mon père, plus avisé, acheta un livre intitulé "Mon électricien, c'est moi" et en bon bricoleur fit lui-même l'installation sous tube, y compris quelques va-et-vient,grosse attraction, qui permettaient d'éteindre ou d'éclairer une lampe de plusieurs points. Il eut l'astuce de vérifier avec une lampe de poche et une pile qu'il ne s'était pas trompé dans le montage, de sorte que tout fonctionna à merveille le jour magique où on nous mit le courant. Aussi ne fut-il pas peu fier de constater que ce n'était pas le cas chez tout le monde au village où l'électricien patenté avait travaillé, car on se rendit visite de maison en maison pour le plaisir de tourner de multiples boutons(*1) et inaugurer ainsi notre siècle des lumière.Peu après, en 1932 on assista à un autre événement de taille: l'apparition des premiers postes de T.S.F. La première fois que j'en entendis parler, ce fut à l'occasion d'une messe de minuit à Noël. Le café Marcoux avait installé un poste dans la salle et quelques personnes dont mon père, subjuguées par cette voix et cette musique venant de si loin, oublièrent de rentrer à l'église et écoutèrent la messe de minuit au poste. On en parla longtemps dans les chaumières avant que, bientôt, peu d'années avant la guerre de 1939, la T.S.F. ne fasse son entrée dans beaucoup de foyers.
*1 Étrange impression de déjà vu au cinéma: "Jour... Nuit..." dans Les visiteurs.
28/06/1941: Les foins - fauchage à la faux (Louis - Antonin - Joseph)