Quakers

Simplicité - plainness (1)

De l'ancien français plain :

  • "plat"

  • simple

  • sobre (bal tashit : interdiction de détruire ou de gaspiller selon Roberta Kalechofsky)

  • sans ornements

Traditionnellement, il s'agissait de contrer l'expression de la vanité et de la supériorité, le conformisme et le gaspillage associés aux changements de mode. Aujourd'hui les quakers tendent à choisir une version « simple » des habits à la mode, ou à n'acheter que les habits dont ils ont besoin, des habits produits dans de justes conditions économiques et environnementales, ils évitent les articles coûteux.

La simplicité de langage concerne l'honnêteté, la différence entre classes sociales, ainsi que des vestiges de paganisme. En pratique, les quakers refusaient de prêter serment, décidaient de prix fixes pour les biens à vendre, évitaient l'usage de titres honorifiques et utilisaient le tutoiement12. Les premiers quakers refusèrent également d'utiliser les noms des mois et des jours, car plusieurs font référence à des dieux romains (mars, jeudi) ou des empereurs (juillet) ; on utilisa alors First Day (Premier jour) pour le dimanche, First Month (Premier mois) pour janvier, etc.

Comme bien d'autres aspects de la vie quaker, la pratique de la « simplicité » a évolué avec le temps, même si les principes de base sont restés valides. Ses principes sont aujourd'hui exprimés par les « témoignages quakers » de simplicité, d'égalité et d'intégrité.

La simplicité pour les quakers a généralement concerné les possessions matérielles. Ils ont traditionnellement limité leurs biens à ce qui était nécessaire pour vivre, sans rechercher le luxe. Récemment, ce témoignage est interprété avec une dimension écologique. Une autre conséquence de ce témoignage est l'aménagement sobre et fonctionnel des maisons quakers.

Égalitarisme

Les quakers ont un sens aigu de l'égalitarisme spirituel, en particulier concernant l'égalité des sexes. Déjà du temps de George Fox, femmes et hommes ont eu un même droit de prendre la parole durant les cultes. Par exemple, Margaret Fell (1614-1702) a publié de nombreux textes dans les premiers temps du quakerisme, Lucrecia Mott (1793-1880) est l'une des premières féministes américaines, et Alice Paul (1885-1977) a contribué à l'obtention du droit de vote des femmes aux États-Unis en 1920.

L'attitude égalitaire des quakers s'est aussi exprimée par leur refus de retirer son chapeau ou de s'incliner pour saluer, de même ils ont refusé d'utiliser les titres habituels tels que Monsieur, Madame, Votre Majesté. C'est un témoignage de l'idée qu'aux yeux de Dieu, il n'existe aucune hiérarchie de naissance, de pouvoir politique ou autre. Pour les quakers, il ne s'agit pas d'un refus de l'autorité, mais d'un avertissement contre la prétention et la domination de l'ego.

D'autre part, plusieurs quakers furent parmi les premiers à s'opposer à l'esclavage, en particulier Antoine Bénézet (1713-1784) et John Woolman (1720-1772).

De nos jours, les quakers évitent encore les titres de noblesse ou universitaires. Voir le « témoignage quaker » d'égalité.

Intégrité

Les premiers quakers pensaient qu'un point important de l'enseignement de Jésus concernait le traitement que nous réservons aux autres. Il ne suffit pas d'éviter de mentir pour avoir des relations justes. Les quakers sont aujourd'hui encore convaincus qu'il est important d'éviter toute tromperie. Au début, les quakers refusaient de prêter serment, même devant les tribunaux, car la vérité doit être dite en tous temps et le fait de prêter serment introduit différents niveaux de vérité. Ce principe est attribué à Jésus dans le Sermon sur la montagne (Matthieu 5:34-37). Certains quakers ont accepté de « promettre » ou « affirmer » plutôt que de « prêter serment » ou « jurer ». C'est le cas du président américain Herbert Hoover qui, lorsqu'il prend ses fonctions en 1929, choisit d'affirmer plutôt que jurer.

Prise de décision

Au niveau local, les prises de décision se font lors de « réunions d'affaires », généralement tenues mensuellement (Voir Structure du mouvement). Ces rencontres sont considérées comme des réunions de culte particulières, où toutes les décisions qui se prennent sont guidées par l'esprit.

Plutôt que d'avoir recours au vote, l'assemblée cherche à sentir la volonté de Dieu. Chaque participant se met à l'écoute de sa voix intérieure, et contribue aux réflexions du groupe s'il se sent appelé. Chacun est supposé écouter attentivement les autres, dans une attitude de recherche de la vérité, sans chercher à avoir raison ou à argumenter.

Une décision est atteinte lorsque l'assemblée, dans son ensemble, sent qu'une unité se dégage, qu'un chemin se discerne ou qu'il y a un consensus. Parfois un quaker seul peut empêcher le groupe de prendre une décision, sentant que cela irait contre la volonté de Dieu, et cela est respecté. Il arrive que des membres ne partagent pas la direction prise par une décision, mais ne veulent pas empêcher le groupe d'aller de l'avant : ils déclarent alors « rester de côté » (stand aside).

Ce qui fait la particularité de cette démarche, c'est que les quakers ne cherchent pas une solution qui satisfasse tout le monde, mais un chemin déterminé par la volonté de Dieu. En d'autres termes, si chacun se met à l'écoute de l'esprit, alors ce qui est adéquat pour le groupe apparaît clairement. Le processus peut être frustrant et lent, mais lorsqu'une décision est prise, tous les aspects importants sont censés avoir été évoqués, sans qu'il y ait à proprement parler de « perdants ». La même démarche est appliquée dans des assemblées pouvant comporter des centaines de participants.

Ce mode de prise de décision est un des éléments à l'origine du concept de « prise de décision par consentement » de la « sociocratie ».

Paix

Le témoignage de paix est probablement le plus connu des témoignages quakers. La conviction que l'emploi de la violence est une erreur a persisté jusqu'à aujourd'hui et de nombreux quakers sont objecteurs de conscience, engagés contre la guerre et pour la non-violence, ce qui a conduit certains d'entre eux en prison. Aujourd'hui certains refusent de payer la part des impôts qui finance l'armée. Ce témoignage est à l'origine de l'appartenance de la Société des Amis aux Églises traditionnellement pacifistes.

En 1947, après la Seconde Guerre mondiale, le Prix Nobel de la paix est attribué à deux comités quakers anglais (le Friends Service Council) et américain (le American Friends Service Committee) pour leur action en faveur de la paix et de la réconciliation des peuples.

Organisations quakers

Au cours de leur histoire, les quakers ont contribué à fonder de nombreuses organisations, que ce soit à titre indivuel, en groupe ou en collaboration avec d'autres. Entre autres : Amnesty International, Greenpeace, OXFAMW 12. De nombreuses écoles de par le monde ont été fondées par des quakersW 7, ainsi que des organisations centrées sur l'éducation. Le Centre quaker international de Paris est à l'origine du Cercle international de jeunesse (CIJ), actif dans les années 1930.

Plusieurs organisations ont été créées afin de coordonner l'action des assemblées quakers. Le (en) Friends Committee on National Legislation (FCNL) fait du lobbying sur le plan national aux États-Unis. American Friends Service Committee (AFSC) aux États-Unis et Quaker Peace and Social Witness en Grande-Bretagne s'occupent du « Secours quaker ».

Par ailleurs, les assemblées annuelles d'Amérique du Nord appartiennent pour la plupart à l'une (parfois à deux) des organisations faîtières suivantes : (en) Friends General Conference(FGC), Friends United Meeting (FUM), et Evangelical Friends International (EFI).

Le Comité consultatif mondial des Amis ((en) Friends World Committee for Consultation (FWCC)) est l'organisation quaker internationale qui met en lien les quakers de toutes tendances. Ce comité a un statut consultatif auprès du Conseil économique et social des Nations unies depuis 1948. Il est responsable des Bureaux quaker auprès des Nations Unies (en anglais Quaker United Nations Office - QUNO) à Genève et New York. Le Bureau quaker pour les affaires européennesW 13 à Bruxelles fait un travail analogue auprès de l'Union européenne. Le Quaker International Affairs Programme (QIAP) canadien met l'accent sur le commerce et la propriété intellectuelle.

Pour aller plus loin :