Obsèques 04

"Notre seule expérience de la mort est celle, à travers d’un autre" André Comte Sponville

"Prendre soin de ses morts, c'est envisager la vie comme un simple passage entre deux dimensions" Bernard Werber (1)

Si les premiers rites funéraires remontent à plus de 100 000 ans, l'organisation des premiers cimetières ne date que de 15 000 ans (2).

Dans son livre sur la psychogénéalogie Elisabeth Horowitz souligne que "la symbolique choisie pour les tombeaux contribue à exprimer (à atténuer ?) le deuil, quand elle n'est pas une expression de vanité sociale" (3).

Selon les cultures, ces chambres pour l'éternité peuvent prendre la forme de monumental caveau ou d'un modeste tumulus alors que le contenu recèle un ancien monarque. C'est le cas dans l'islam où par exemple le roi Fahd vêtu simplement d'abaya marron (habit traditionnel) il a été recouvert d'un linceul blanc pour être mis à même la terre sous un petit tumulus en présence de deux chawahid. Chacun de ces deux "témoins" se tenaient à la tête et au pied de la dépouille lors de cette dernière cérémonie.

Chez les juifs, la pose de la pierre tombale ne s'effectue qu'un an après le décès. Pour le Rabbin Marc-Alain Ouaknin, cet acte permet de "se situer comme fils, dans la filiation et la mémoire du défunt" (4).

Tandis qu'à Madagascar il est d'usage d'effectuer de "secondes funérailles". Appelé à tort "retournement des morts" il s'agit en fait de renouvellement du linceul. Evidemment ce sera l'occasion d'une célébration très festive de l'entrée de âme du défunt au panthéon des ancêtres. Cette coutume prend encore une autre forme dans la tribu Bara du sud malgache : c'est le havoria.

Au Viet Nam les vieux dorment à proximité de leur cercueil. Rien de macabre dans cette pratique puisqu'un dicton populaire prétend que "la mort, c'est l'endroit où la joie et le sourire soupirent". D'ailleurs, il y a une planche symbolisant la loyauté à l'autel des ancêtres de chaque foyer symbolisant la valeur à transmettre entre les générations.

Au Japon, le mort n'est jamais tout à fait mort. Même si le corps disparaît lors de l'incinération, l'âme devient un kami et la mer est symboliquement le pays des morts.

Voici une mise en bière en Corée du Sud :

Pour aller plus loin :

  • WERBER, Bernard. "Nouvelle encyclopédie du savoir relatif et absolu" (2009) éd. Albin Michel (1)

  • HOROWITTZ, Elisabeth. "Les fantômes du passé" (2005) éd. Derby (3) p 312

  • OUAKNIN, Rabbin Marc-Alain. "Les symboles du judaïsme" (2005) éd. Assouline (4) p94

  • La liquéfaction, moins chère et plus écolo que la crémation Le Point (25.10.2017)

  • Généasens Rites funéraires : nous, les laïcs, nous sommes nuls