Faiblesse & fragilité

"Le 27 août 1950, dans une chambre de l'hôtel Roma, à Turin, Cesare Pavese se tuait en absorbant une vingtaine de cachets de somnifère. Sur ce suicide, il n'y a pas de meilleure explication que le journal intime découvert après sa mort : Le métier de vivre.

Les réflexions sur le « métier de vivre » sont d'une qualité exceptionnelle. L'homme était vraiment à la mesure de l'écrivain, lequel est reconnu comme l'un des plus grands.

"Le suicide, qui n'est en général qu'un point final, avait été pour lui une obsession, une manière de vivre, presque un compagnon. C'est lui qui donne à son journal intime une coloration assez extraordinaire, puisqu'il écrivait dès 1936, soit quatorze ans avant de passer à l'acte: Et je sais que je suis pour toujours condamné à penser au suicide devant n'importe quel ennui ou douleur.

Durant ces journées, Pavese était entouré d'amis des deux sexes, et bientôt d'admirateurs passionnés. Le soir, il se retrouvait seul. Baudelaire, Balzac, Stendhal, Dante, Shakespeare, Proust, Leopardi ont beau occuper une grande place dans Le métier de vivre, ils ne pouvaient combler le vide de son existence: Je passais la soirée assis devant ma glace pour me tenir compagnie...

Entre notes de lecture et aphorismes dignes de Cioran, le romancier turinois revenait sans cesse sur cette solitude si angoissante qu'il en négligeait tout le reste: entre 1935 et 1950, c'est tout juste s'il fait allusion au fascisme, à la guerre, à la résistance. Et puis, quelques jours avant le dénouement, il conclut par ces mots: Pas de paroles. Un geste. Je n'écrirai plus" Rising 42 (1)

Pour aller plus loin :

  • PAVESE, Cesare Journal (1935-1950) (1)

    • PAVESE, Cesare Le métier de vivre (1952)

    • FOULON, Jean-François Le métier de vivre de Pavese : Résumé Salon littéraire (09.03.2013)

    • GRAFFIN, Lionel Doit-on craindre la faiblesse ? cafes-philo (09.022013)

    • RISING 42 Livre du jour : Le métier de vivre - Cesare Pavese La Bibliothèque Verte (15.08.05.2009) (2)