“ Il ne faut écrire qu'au moment où chaque fois que tu trempes ta plume dans l'encre un morceau de ta chair reste dans l'encrier ” Tolstoï
"Écrire, c'est comme avoir un rendez-vous dangereux" Françoise Sagan
" Ecrire, c’est se mettre nu devant les fantômes " Kafka
Quand nous ne sommes "pas bien", au lieu de cracher notre venin sur autrui, ne serait-il pas plus honnête envers nous-même de coucher notre mal-être sur un papier ?
" Le plus grand ennemi de l'homme, c'est la peur qui apparaît sous des formes aussi diverses que la honte, la jalousie, la colère, l'insolence, l'arrogance...
Quelle est la cause de la peur ? Le manque de confiance en soi " Swami Prajnanpad
Une fois passée l'angoisse de la page blanche inévitablement, vous aboutirez à la lumière.
Dans notre peur, nous nous retrouvons dans une confusion, d'où notre incapacité d'apporter une réponse aux trois questions fondamentales que l'on nous serine tant :
D'où viens-je ?
Qui suis-je ?
Où vais-je ?
Si cet exercice vous semble difficile, ne vous lancez pas tout de suite dans l'écriture d'un journal. Contentez-vous d'écrire seulement une phrase par jour. N'essayez surtout pas de donner une cohérence entre les phrases. Autorisez-vous à ne coucher qu'un seul mot si tel est votre état d'âme. Et vous verrez au fil du temps, qu'une fois soulagé, vous prendriez goût à replacer dans l'espace ces phrases et toutes les combinaisons illimitées peuvent donner autant d'histoires inimaginables que votre vie a été riche d'expériences.
Fin octobre 2015, grâce à la générosité de Deepak Chopra, j'ai pu suivre en ligne 21 jours de méditation et cela m'a aidé fait prendre conscience de la signification de la fameuse calligraphie ci-dessus et de ne plus être esclave de la peur. Je tiens à préciser qu'au cours de ces séances, je n'ai pas réussi à "jouer le jeu", c'est à dire pratiquer la technique de méditation transcendantale. Néanmoins, j'ai pris note de tout ce qu'il dictait (ce qui m'a pris trois fois plus de temps que la durée préconisée) et par la suite, de corriger mes fautes d'orthographe, d'en faire des fiches comme un lycéen préparant son baccalauréat et au final d'en faire des diagrammes comme des mandala qui sont aussi à votre disposition.
Au final, la subtilité pédagogique de cette expérience réside dans le fait que les trois questions fondamentales précédentes ont été balayées pour être remplacées par celles-ci :
De quoi ai-je encore peur ?
"Thomas More fait la différence entre le voeux et l'espoir" Victor Stouvenel (2)
A la différence d'une séance chez un psychothérapeute, qui s'avère aussi efficace en fonction de chaque cas, ce que j'ai expérimenté se rapproche plutôt d'une consultation philosophique, une remise en question déjà largement pratiquée outre atlantique.
Enfin, ces trois questions ont encore été reformulées par Thomas d'Asembourg. Il a consacré un ouvrage pour rassurer ceux qui doutent de la compatibilité entre "intériorité" et "citoyenneté" :
Qui fuis-je ?
Où cours-tu ?
À quoi servons-nous ?
Nelson Mandela, Vaclav Havel ou encore Gandhi, tous ont montré que la pratique de l’intériorité n’est pas incompatible avec l’engagement social. Dès lors que nous osons prendre le risque de remettre en question la logique binaire dont nous sommes fortement imprégnés ("gauche/droite", "tradition/modernité", "spiritualité/implication sociale", tout reste possible, comme le disait Gandhi :
"Devenons nous-mêmes le changement que nous voulons voir dans le monde"
Svami Prajnanpad nous invite encore à la réflexion sur notre choix de vie (1) : "Un mode de vie juste signifie que l’homme doit suivre le chemin de la vie, les yeux ouverts, en se posant des questions :
Qu’est-ce que c’est ?
Pourquoi ?
Comment ? "
Pour aller plus loin :
d'ANSEMBOURG, Thomas. "Qui fuis-je ? Où cours-tu ? A quoi servons-nous ?" (2008) éd. de l'Homme
ROUMANOFF, Daniel. Swami PRAJNANPAD - Vers la Réalisation de Soi (2009) Éd. Accarias - L’originel (1) p 73
HERSANT, Yves "Je le souhaite plutôt que je ne l’espère". L’Utopie de Thomas More Campus Condorcet (05.10.2016) (2) 53mn50