« Il n’est rien de sûr pour l’homme, sinon, pour celui qui est né, le mourir » Critias
« La mort est une mendiante qui va de porte en porte » Proverbe kabyle
Avant tout, notons que deux sensibilités cohabitent :
Athés et philosophes matérialistes considèrent que la mort c'est le néant définitif, d'où la tendance à la négation de la mort.
Religions et philosophes spiritualistes la voit comme une nouvelle vie.
De même, on ne peut pas être plus clair que J.J.Rousseau : "La mort n'est pas une peine de la pauvreté, mais une loi de la nature" (0). Faisant partie intégrante des lois de la nature, cette caractéristique de la mort est occultée par le déni, ultime arme de l'humain face à son insignifiance. Si bien que nous nous éloignons de cette pensée d'Abraham Thomas : "La mort est la chose la plus noble que la nature ait donné à l'homme". Eduqués dans le culte de la peur, nous avons oublié que "Si nous avons su vivre constamment et tranquillement, nous saurons mourir de même" comme l'a dit Michel de Montaigne.
Le paradoxe est que de cette peur - de l'autre - nous conduit à nous faire la guerre. Le géostratège Gérard Chaland a souligné que de nos jours "En Occident, on veut faire la guerre, mais on a peur que nos soldats meurent" (1). Ces conflits armés, minimisés par les frappes chirurgicales, n'ont jamais pu éviter les dommages collatéraux mortifères. Le paroxysme de ce désir d'anéantir l'autre n'est rien d'autre que le génocide.
La mort s'invite aussi volontairement en temps de paix et cela affole la société. Le suicide chez les jeunes remet en question les rapports intergénérationnels. Le phénomène de pacte suicidaire est inhérent des réseaux sociaux sur Internet (2). Le comble est que même l'élite de la société est concernée par ce fléau puisque 14% des médecins généralistes ont des idées suicidaires (3).
"Dieu est notre but, le Prophète notre modèle, le Coran notre loi, le jihad notre voie, le martyr notre voeux" Hassan al-Banna (5)
Dés fois la limite entre le suicide et le sacrifice est ténue selon le théologien et poète anglais du XVII°. Effectivement, John Donne pense que la mort du Christ réunissait toutes les conditions pour que le suicide fût acceptable (4). Indissociable au désespoir, le sacrifice-suicide est fréquent plus qu'on ne le pense. Il en est ainsi de Gandhi mais encore de beaucoup d'autres : ceux qui souffrent le plus ce sont ceux qui veulent s'investirent le plus au travail. Par exemple, il a eu 4 suicides en 2 ans à la centrale nucléaire de Chinon (08.2004) et même l'EDF a enfin reconnu un cas de suicide comme comme maladie professionnelle.
Quand un citoyen porte atteinte gravement à la loi il peut être puni sévèrement. Il reste encore quelques pays au monde (carte interactive) où la peine de mort n'est pas encore abolie. Paradoxalement, il y a aussi ce débat houleux sur l'euthanasie (bien mourir eu- bien + thanatos) dont les avis divergent même entre européens. Noëlle Châtelet a si bien exprimé la profondeur de ce sujet dans son essai : "Quant à la part cachée, il faudra beaucoup d'épouvante, beaucoup de marches à reculons pour qu'elle vienne à la conscience" p23 (6).
"A anticiper une mort dont toi seule était la prophète car l'auteur" Noëlle Châtelet - p18 (6)
Pour aller plus loin :
ROUSSEAU, Jean Jacques. "Emile" (1822) éd. Th. Dessoler Livre V (0) p507
"Bush / Poutine / Afghanistan" émission C dans l'air du 04.04.2008 (1)
COSLIN, Pierre G. "Ces ados qui nous font peur" (2010) éditions Armand Colin (2)
LAMARCHE, Karen. "Suicide et tentative de suicide chez les médecins" (2009) Mémoire DU (3) page 17
DONNE, John. "Biathanatos" (2001) PUF. Introduction, traduction et notes (4)
AL-BANNA, Hassan. "Recueil de lettres" (1906-1949) crédo repris par les Frères musulmans (5)
CHÂTELET, Noëlle. "La dernière leçon" (2004) édition Seuil (6)
DEBRAY, Régis Hasta la muerte ou le sens de la vie France culture (20.09.2018)