03 Être

"Quand seras-tu persuadé que tu as tout en toi ?" Marc Aurèle (8)

"Il faut dire ceci et penser ceci : « Ce qui est dans le présent » est ; car il est être, alors que le néant n’est pas" Parmenide ()

"Plus l'estime de soi se fragilise, plus le regard sur les autres se fait dur” (1)

"Il y a des preuves indéniables que plus le niveau d'estime de soi est sain,

plus il est probable que l’on traitera les autres avec respect, gentillesse et générosité" Nathaniel Brandon (5)

"Théorie de la face : C'est le regard de l'autre qui me fait ce que je suis" Erving Goffmann (7)

"Si nous nous obstinons à concevoir notre monde en termes utilitaires, des masses de gens en seront constamment réduites à devenir superflues" Hannah Arendt

"Celui que tu es" (6)

"L’expression de cette illusion (…) consiste à confondre l’être avec l’avoir, la plupart des humains ne pouvant accéder à «l’être», seule source de la joie, c’est-à-dire du bonheur véritable, se contente de «l’avoir», confondu lui-même avec la richesse matérielle, comme si le fait de posséder beaucoup d’argent (même si, évidemment, un minimum est nécessaire pour vivre) pouvait remplacer l’identité de chaque être humain dans son originalité, sa spécificité traduite seulement dans ses œuvres" Jean Laurain (3)

Spinoza s’adresse à nous en tant qu’être mémoriel, être actif.

Tout un chacun gagnerait à s'investir dans la réflexion éthique. Celle-ci ne devrait pas être l’affaire que des spécialistes (politiciens, religieux, magistrats...). Etant donné l'omniprésence de l'éthique dans notre quotidien, la réflexion éthique devrait s'appendre à travers le truchement des questionnements selon cette formule de Julie Henry : "interroger le quotidien et prendre du recul par rapport à sa pratique". (2)

Pour ce faire, quelques questions s'imposent autour de nos affects, nos valeurs et leurs représentations, nos désirs et enfin notre réalité parsemée de conflits (figure 1).

Le point fort de Spinoza réside dans une invitation à faire abstraction de la condamnation d'autrui et encore moins de soi-même, ceci afin de rompre la cascade de limites au développement de Soi (figure 3). Effectivement, ce philosophe de la joie nous extirpe de la rumination du passé pour nous conduire vers un processus de réalisation (figure 4).

Ce cheminement ne s'improvise pas. Bien au contraire il nécessite de s'autoriser une nouvelle pratique quotidienne, tout en sachant que rien que le fait de poser des principes dès le départ occulte tout espoir d'ouverture à la discussion.

C'est ce que préconise Julie Henry à travers les quatre questionnements de l’anthropologie éthique autour de notre humanité, nos affects, nos désirs et nos actions (figure 2).

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Et c'est toujours Julie Henry qui nous invite à la méditation (2) :

"A partir de là se dire : moi je fonctionne de telle façon… et de se demander qu’est-ce qui peux changer ? (que veux-tu au juste / Deepak)…

On ne me dis pas : « fais les choses de telle façon ». Là seulement il a possibilité de faire les choses différemment à l’avenir (...)

Je m’inscris dans une certaine temporalité (…) et je le fais pour moi-même, à partir de ce que je suis. (...)

Cela semble être moins autoritaire et à la fois ça reste une éthique très exigeante (...)

Travailler sur un avenir indécidable ? (...)

Ce qui me laisse une petite marge d’action aujourd’hui. (ici et maintenant) sur mes affects, mes représentations. (...)

Si on travaille autrement que sur le présent, on se met en situation d’échec ! (...)

Ça suppose un désir de changement qui n’est pas forcément évident. (...)

On fonctionne sur nos habitudes et nos repères. Et questionner nos habitudes pratiques c’est quelque chose, dans un premier temps, qui peut nous déstabiliser. (...)

"La raison, c’est l’art d’organiser de bonnes rencontres" Deleuze (...)

Et c'est précisément en ce sens que le désir est processus. (...) "L’art d’organiser les bonnes rencontres", c’est-à-dire l’art de me tenir à l’écart, vis-à-vis des rencontres avec des choses qui détruiraient ma nature, et au contraire l’art de provoquer les bonnes rencontres, avec des choses qui confortent, qui augmentent ma nature ou ma puissance. Si bien qu’il fait toute une théorie de la raison subordonnée à une composition des puissances." Gilles Deleuze (...)

À savoir que le désir, en tant que émission de processus, en tant que fabrication de création de processus, que le désir n’a strictement rien à voir avec rien de négatif, avec le manque, avec quoique ce soit, que le désir ne manque de rien. Et c’est précisément en ce sens que le désir est processus. (...)

« La raison, c’est l’art d’organiser de bonnes rencontres » (…) « savoir se tenir à l’écart vis à vis des choses destructrices » (> puissance /deepak) Deleuze (cours du 27.05.1980) (...)

« Nous vivons dans un continuel changement » Spinoza scolie 39 de l’Ethique V (dernier chapître consacré à la liberté) (...)

On n’est pas toujours responsable du changement : (qui dépend de nous ou pas) :

« D’où il appert que les causes extérieures nous agitent de bien des manières, et que, comme les eaux de la mer agitées par des vents contraires, nous sommes ballottés, inconscients de notre sort et de notre destin. » (Ethique, III, P LIX, scolie) (...)

Une rencontre qui a marqué mon existence qui a fait que je ne suis plus le même (...)

18mn26 : l’idée pour Spinoza n’est surtout pas de se dire : Je vais éviter les rencontres, je vais me protéger, je vais essayer de bien garder mon intégrité à l’abris des perturbations extérieures. Pas du tout. (...)

L’idée c’est de se dire :

    • Qu’elle est mon inscription au sein des choses ?

    • Qu’elle est mon inscription dans le monde ?

L’éducation sert à sélectionner certaines rencontres pour l’enfant plutôt que d’autres… Ne pas subir seulement… mais aussi d’entrer en interaction avec (...)

Il y a une part d’imprévisible, de fortuit pour nous, mai il y a aussi une part de soi parce que l’on a été forgé, par notre expérience, quelle est notre histoire de vie, quelle est notre personnalité, QUI FAIT QUE CETTE RENCONTRE VA PRENDRE UN SENS PARTICULIER qu’elle n’aura pas prise pour quelqu’un d’autre et probablement qu’elle n’aura pas prise pour nous à un autre moment de notre vie. (...)

L’homme est tissé d’affects (...)

NOUS SOMMES CONSTAMMENT AFFECTES.

Au sens plus large (pas seulement le sentiment et le ressenti) mais aussi la rencontre qui laisse une trace corporelle et dans la mémoire… une forme d’historicité de ce qu’on est.(...)

Quelque part ces affects nous déterminent et quelque part on ne les choisit pas. (...)

C’est un mixte de ce que je suis et du moment où je la rencontre. (...) importance de la temporalité dans l’éducation : ce n’est pas encore le temps de … pour l’enfant (...)

Dés fois c’est trop tôt de parler d’un affect (...)

22mn33 : « Boyhood » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Boyhood) (...)

Par Bien s’approcher du modèle de la nature, par Mal ce que nous comme obstacle (...)

Et, par mal, ce que nous savons avec certitude être un obstacle à ce que nous ... Cela ne signifie pas non plus seulement « utile pour s'approcher de ce que ... (https://philonsorbonne.revues.org/751) (...)

Perfection = réalité, sans idée de durée) (...)

« Laissons les choses se faire naturellement » Spinoza (...)

« Je juge qu’une certaine chose est bonne parce que je la désire » Spinoza (...)

[Ce n'est parce que nous jugeons qu'une chose est bonne que nous la désirons, mais c'est parce que nous la désirons que nous la jugeons bonne].Ethique III, scolie de la prop. 9. (...)

Ce qui fonde l'effort, le vouloir, l'appétit, le désir, ce n'est pas que nous jugeons qu'une chose est bonne ; mais, au contraire, on juge qu'une chose est bonne parce qu'on y tend par l'effort, le vouloir, l'appétit, le désir. (...)

(Nihil nos conari, velle, apetere, neque cupere, quia id bonum esse judicamus ; sed contra nos propterea, aliquid esse, judicare, quia id conamur, volumus, appetimus, atque cupimus). Ethique III, scolie de la prop. 9.) (...)

« Une chose est bonne car elle semble aller dans le sens de ma puissance d’agir » Julie

« Ce qui est bon pour soi est aussi bon pour l’autre » Julie (...)

45mn17 On n'a pas le temps dans cette société de l’immédiat pour mettre en place une réflexion éthique (...)

Dans les loisirs on s’occupent beaucoup, on remplit beaucoup en faite : on se dit que la vie est courte alors on remplit. (...)

On interroge des parts de soi que l’on n’a pas forcément envie d’interroger. (...)

La philosophie est à contre temps. Elle prend son temps. Elle nous demande de faire un pas de côté par rapport à l’activité quotidienne. C’est assez déstabilisant. La première réponse que l’on nous faite c’est : C’est sûrement intéressant mais je n’ai pas le temps ! Mais quand on arrive à institutionnaliser, à ritualiser des petits moments comme ça où l’on prend son temps alors on se dit qu’on revient autre dans la pratique. Alors ce n’est pas du tout le monde d’un doux rêveur. (...)

47mn30 : Quand on est philosophe, on n’est pas thérapeute (...)

Réflexion plus sur le long terme, des thématiques plus générales et réinvesties dans le quotidien. (...)

* La lecture de Spinoza semble nous éloigner de nous-mêmes mais au terme de la lecture on se rend compte que tout n’a été question que de nous-mêmes. (...)

ETHIQUE : Ouvrage qui parle dieu au départ et fini par l’amour intellectuel de dieu. (...)

« Essayer d’accompagner les soignants dans une réflexion éthique qu’ils puissent aussi mener eux-mêmes ». (...)

HENRY, Julie. Spinoza, une anthropologie éthique (19.02.2016) Les nouveaux chemins de la connaissance - France culture (2)

égo... défensive... image... nature...

"Yves Duteil l'a dit : « être » et « avoir » sont frères.

S'ils se sont querellés, ils restent grands compères.

Souvent jaloux d' « avoir », « être » apprit à l'aimer,

Ses avoirs ont servi à l'avoir transformé..." Jacques Grieu (4)

Pour aller plus loin :

  • KAUFMANN, Jean Claude. La guerre des fesses (2013) éd. JC Lattès - p99 (1)

  • HENRY, Julie. Spinoza, une anthropologie éthique (19.02.2016) Les nouveaux chemins de la connaissance - France culture (2) (prise de note)

  • LAURAIN, Jean. Du Partage - Ou le retour aux sources du socialisme (2007) Éd. L'Harmattan (3) p.128

  • France Culture Ethique - Divers Aspect de la Pensée Contemporaine (15.05.2016)

  • DURRIVE Barthélemy, HENRY Julie, LECOINTRE Guillaume, HUNEMAN Philippe Redéfinir l'individu à partir de sa trajectoire : hasard, déterminismes et rencontres (2015) éd. Matériologiques

  • GRIEU, Jacques. À voir et hêtre Être et avoir (08.08.2016) (4) Exmed LEM 975

  • MENARD, Julie. Déserteuse Polka n° 35 (sept-oct 2016) p.207

  • BRANDEN, Nathaniel L'estime de soi, une force positive : un regard sur notre ressource psychologique la plus importante éd. J'ai lu (2011) (5)

  • BRANDEN, Nathaniel Six clés de la confiance en soi éd. J'ai lu (2003)

  • SANTRELLI, Matteo L’estime de soi : un cas particulier d’estime sociale ? revue Terrains/Théories (2016)

  • dorrismccomics (6)

  • COULOUBARITSIS, Lambros La pensée avant Socrate 1/4 Parménide France culture (21.11.2016)

  • PARMENIDE Peri Physeos (De la nature) (Marc Szwajcer) (6) fragments 6, 7 et 8

  • GOFFMAN, Erving 1959 La mise en scène de la vie quotidienne éd. de Minuit (1973) (7)

  • GOFFMAN, Erving 1967 Les rituels d’interaction éd. de Minuit (1974) (7)

  • AURELE, Marc Pensées (Livre X) (8)

  • TOLLE, Eckhart Votre raison d'être profonde (Temps)