Est-ce parce que l'homme éprouve des besoins spéciaux qu'il s'adapte de telle façon à tel sol, et très souvent qu'il le recherche; est-ce au contraire parce qu'ils se trouvent sur un certain sol que les hommes s'y sont adaptés, les deux questions se posent ensemble. p.22
De ce point de vue, une industrie se définit comme un ensemble de techniques concou¬rant à la satisfaction d'un besoin - ou plus exactement à la satisfaction d'une consommation. Le besoin est élastique dans l'homme, mais c'est la notion de consommation qui permet de déterminer les industries, systèmes de techniques appropriées à des fins, agencement d'indus¬tries : ainsi la chasse, la pêche, forment chacune un système de techniques générales à usage général, de techniques générales à usages spéciaux et de techniques spéciales à usages spéciaux. p.46
Surtout, ne jamais oublier que les besoins à satisfaire sont sociaux au premier chef (les interdits alimentaires auxquels le non-initié doit se soumettre en Australie ne lui laissent qu'un régime de famine). p.49
Beaucoup plus que comme des besoins naturels, protection et confort s'analyseraient comme des nécessités d'habitude. (...) L'élasticité des besoins humains est absolue : à la rigueur, nous pourrions vivre en char¬treux. Il n'y a pas d'autre échelle des valeurs, en matière de protection et de confort, que l'arbitraire social. p.61
Nous nous en tiendrons à la définition de Simiand, pour qui « le phénomène économique se distingue par la présence d'un marché en général et toujours par la notion de valeur » . Sont économiques les biens et les services dont la valeur est fixée par une masse sociale déterminée. Là où il n'y a pas de notion de valeur, il n'y a pas de phénomène économique. (/) Cette définition du phénomène économique présente l'avantage de faire disparaître la notion de besoin et d'utilité. Sans doute, un marché est fait des besoins et des utilités de la masse marchande; mais ces besoins ne sont pas déterminés en soi, car il suffit de vivre et l'on peut vivre mal; ils sont déterminés par la masse elle-même, par ses goûts et non par ses besoins. L'élasticité des besoins humains est telle qu'une logique quelconque est impuissante à en fixer les limites. La notion même de besoin est une notion relative à un état social déterminé, à une époque déterminée; lorsque l'état social change, les besoins changent. Dans la mesure où ces notions de besoins et d'utilités fonctionnent, elles ne le font pas d'une manière rationnelle, élémentaire, intellectualiste, comme on les décrit habituellement, elles fonctionnent d'une façon rigoureusement statistique. p.108
Pour aller plus loin :
MAUSS, Marcel. Manuel d'ethnographie (1967) éd. Éditions sociales p.51, 55 et 67-68 (chapitre "technologie) & p.124 (chapitre "économie) (1)