Vers Dorés Pythagore 2

Les Vers Dorés de Pythagore, par Fabre d’Olivet.

Rends aux Dieux immortels le culte consacré;

Garde ensuite ta foi :

L'extrait de l'examen de ce premier des Vers dorés de Pythagore, traduit et commenté par Fabre d'Olivet, nous renvoie à l'article précédent sur les Tablettes de Thoth. Si nous avions besoin de découvrir la réalité intemporelle qui est sous-jacente à ces enseignements, qu'il suffise d'en comparer le sens ésotérique décrypté. Les Tablettes de Thoth nous invitent à rendre aux Seigneurs de la vie et de la mort l'hommage qui leur revient. Pythagore dans le premier de ses Vers dorés, premier par ordre d'importance, nous rappelle à cette incontournable nécessité.

Comment rendre hommage aux Dieux ou aux Seigneurs de la vie et de la mort, si nous ne savons pas d'une part qu'ils existent, et d'autre part qui ils sont dans l'ipséité propre à chacun d'eux...

Ici réside, comme le souligne fort bien Fabre d'Olivet dans son commentaire, deux aspects de la Foi, l'une aveugle qui s'impose par un culte consacré, rituel plus ou moins mécanique et sans âme ni esprit. Ce culte consacré, selon des règles liturgiques imposées par un clergé qui en assure l'application, n'est pas reçu par le disciple de cette Foi aveugle, mais subit. Cette soumission aux rituels d'un culte consacré est sans contestation possible de l'ordre du Destin, et s'adresse à la foule des profanes ignorants qui ne désirent pas faire l'effort individuel pour sortir de cette ignorance. L'indolence et la paresse intellectuelles et spirituelles, les entraînant sur les chemins de la Foi déconnectée de toute raison, mais structurée par une autorité dominatrice à laquelle ils soumettent leur libre arbitre.

Dans ce premier Vers Pythagore, très subtilement et de façon totalement hermétique, rappelle à l'initié qu'il n'est pas dans son pouvoir de changer l'ordre des choses, et peut importe que ce culte consacré soit un instrument au service de la Foi aveugle, il convient aussi à l'état de développement karmique d'un grand nombre d'âmes-de-vie. L'accession à la connaissance des Dieux immortels pouvant fort bien s'apprendre par ce passage à l'élémentaire pratique d'un culte aux rituels mécaniques et imposés par un ordre hiérarchique humain. C'est, comme le souligne aussi Fabre d'Olivet, une formidable règle de tolérance envers tous les cultes, quelles que soient leurs formes et la légitimité de leurs fondements. La pratique de cette tolérance pouvant parfaitement aller, selon Pythagore, jusqu'à la participation à ces cultes consacrés quant bien même ils ne seraient pas en parfaite harmonie avec une Foi éclairée par la raison.

C'est aussi, comme l'indique là encore Fabre d'Olivet, une disposition d'une grande sagesse, et qui tient compte de la naturelle intolérance qui est la marque indélébile des Fois aveugles et sectaires ; ce qui se manifeste par une persécution pour tout ce qui ne se plie pas à leurs croyances. C'était vrai du temps de la Grèce de Pythagore, mais qui pourrait dire que ce n'est pas toujours aussi vrai aujourd’hui dans un monde qui se prétend si moderne et si développé...

Est-il dans le pouvoir, ou dans le devoir, de l'initié et du sage de faire sortir de la Foi aveugle ceux qui acceptent de s'y laisser enfermer? La réponse est manifestement non, pour la simple et bonne raison qu'il n'existe aucune formule, même magique, qui permettrait de faire boire un âne qui n'a pas soif ; et si nous nous reportons aux chroniques intermédiaires du Grand Œuvre d'Hermès Trismégiste, traitant du Destin et de la Providence, il sera aisé de comprendre que si la Foi aveugle est de l'ordre du Destin, la Foi éclairée par la raison est de l’ordre de la Providence, qui se reçoit par adhésion volontaire.

Ce qui caractérise une Foi aveugle, c'est un haut niveau d'ignorance de la part de celui qui s'en réclame, et le refus d'utiliser sa faculté volitive dans le cadre d'un libre arbitre qui ne s'enrichit qu'en soumettant à l'épreuve ses propres connaissances. Cette mise à l'épreuve est ce qui caractérise la Foi éclairée par la raison. Cette distinction entre la Foi aveugle et la Foi éclairée, nous la retrouvons dans cette épître de Jean :

« Bien-aimés, n’ajoutez pas foi à tout esprit; mais éprouvez les esprits, pour savoir s'ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde. »

Ainsi que dans un précieux enseignement du Bouddha :

- « Ne croyez rien parce qu’on en fait courir le bruit, ou parce que beaucoup de personnes l’affirment, dit le Bouddha, ne croyez pas que ce soit une preuve de sa véracité. »

- « N’ajoutez aucune foi à quoi que ce soit, simplement sur la production d’une affirmation écrite par un ancien sage ; ne soyez pas certains que ce que ce sage a écrit, ait été revu par lui, ou qu’on puisse y ajouter foi. Ne croyez pas ce que vous vous imaginez, en pensant que, parce que la notion est extraordinaire, elle a dû être inspirée par un Déva, ou un être surnaturel. »

- « Ne croyez pas aux suppositions, c’est-à-dire, admettant quoi que ce soit d’emblée et au petit bonheur, pour en tirer ensuite vos conclusions – calculant vos numéros deux, trois ou quatre, avant d’avoir établi votre numéro un. »

- « Ne croyez rien sur la seule autorité de vos maîtres et de vos instructeurs ; ne croyez et ne pratiquez rien seulement parce qu’ils le croient et le pratiquent. »

« Moi (le Bouddha) je vous dis à tous, vous devez de par vous-même savoir que cela est mal, que c’est punissable, que c’est réprouvé par les sages ; une telle croyance ne fera de bien à personne, mais causera de la souffrance ; et alors, lorsque vous le saurez, évitez-là. »

Alors, comme il était dans l'usage des enseignements hermétiques de Pythagore, sous les apparences d'évidences d'une simplicité ordinaire, le Maître dissimule pour ses adeptes la puissance d'un enseignement ésotérique qui ne s'adresse qu'aux initiés les plus élevés en Connaissance, ceux qui sont capables de voir le monde derrière le monde.

Respectes la Foi aveugle des profanes incultes, ne les provoques d'aucune manière ; comprends que leur niveau d'évolution qui n'est pas comparable au tien, est aussi une nécessité pour permettre la progression de ceux qui ne sont encore qu'à faire leurs premiers pas sur la voie ; gardes pour toi les Connaissances de ta Foi éclairée, car on ne fait jamais le bonheur d'autrui contre sa volonté.

Voilà comment je traduis ce premier des Vers dorés de ce cher Pythagore.

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Commentaires ------>

Lysis, en traçant ce premier vers, y renferma adroitement un double sens. Par le premier, il recommandait, comme je viens de le dire, la tolérance et la réserve aux Pythagoriciens, et à l’exemple des prêtres d’Egypte, établissait deux doctrines, l’une ostensible et vulgaire, conforme à la loi ; l’autre, mystérieuse et secrète, analogue à la foi.Commentaires :