La pensée

La pensée concrète et la pensée abstraite.

Nous avons eu l'occasion de voir à plusieurs reprises lors des précédents articles dans le Grand Œuvre d'Hermès Trismégiste, que l'accession à la véritable Connaissance commence par l'harmonisation des pensées justes en vertus. Au point où nous en sommes dans l'avancement de nos petits travaux d'alchimistes, je peux même vous révéler une précieuse clé qui est justement celle de cette harmonie vibratoire particulièrement élevée que procure une simple pensée juste en vertus. Vous remarquerez que lorsque je parle d'une pensée juste en vertus, je mets un "s" à vertu, pour la simple et bonne raison qu'une vertu seule se transforme rapidement en vice, d'où la précision qu'apporte la loi de Maât dans son axiome par : trop de Maât n'est plus Maât. Une pensée n'accède à son plus haut niveau vibratoire qu’à la condition qu'elle soit Forte, Juste, Tempérante et Prudente. Qu'un seul déséquilibre dans le dosage de ces Vertus cardinales intervienne, et sa vibration s'alourdit, passant rapidement du subtil à l'épais.Nous avons vu, pour ceux qui ont fait l'effort de cheminer lentement, mais régulièrement au sein du Grand Œuvre d'Hermès Trismégiste, et je les en félicite, que nous ne sommes jamais créateurs de nos pensées, mais que nous les recevons selon un ordre hiérarchisé par les lois de la Divine Providence, et qui va du plus subtil au plus épais, du plus élevé en vibrations, au plus bas ; du plus léger au plus lourd. Nous sommes donc capteurs volontaires ou non de ces pensées qui vont venir construire pierre après pierre, l'édifice de notre personnalité, qui ne reposera que sur les fondations de nos convictions ; convictions qui ne sont constituées que par les pensées que nous avons faites nôtres.

Les fondations de notre édifice seront d'autant plus robustes que nous aurons pris la peine préalablement, d'en éprouver la pertinence et la solidité. Ceux qui par paresse, indolence, ignorance ou pauvreté, se contentent de prendre pour solide ce qui leur est présenté comme tel, sans prendre la précaution d'en éprouver la robustesse, prennent le risque de découvrir, pendant la construction, ou pire, après, que les pensées qui fondent leur édifice ne sont ni robustes, ni fiables, avec les conséquences extrêmement préjudiciables qui découlent de ce genre de malfaçons sur la pérennité de leur construction.

Ici les fissures sur l'édifice de pierres seront remplacées par les douloureuses fissures de l'âme dans tous ses états.

Un bon artisan, passé maître dans l'exercice de son art, veillera à n'utiliser que des matériaux en rapport avec l'édifice à réaliser. Ils seront de qualité ordinaire s'il s'agit de construire des clapiers pour lapins, mais ils seront soigneusement choisis, testés et éprouvés pour leurs qualités exceptionnelles, s'il s'agit d'édifier un Temple ou une Cathédrale.

Construire un édifice spirituel fiable, en rapport des exigences des Lois de la Divine Providence, implique que chaque pierre soit finement taillée dans un matériau soigneusement sélectionné, en rapport de l'architecture nécessairement grandiose qui sied à ce genre d'édification. La rigueur qui doit être celle du maître d'oeuvre, est celle qui se traduit par la tolérance zéro! Car, ne l'oublions pas, l'édifice sera le reflet de l'architecte concepteur et qui guide l'artisan bâtisseur.

Il est d’ailleurs à remarquer que l’édifice le plus grandiose qu’il soit donné à l’humanité de construire est celui d'une civilisation. Cette civilisation repose toujours sur une fondation ontologique, et plus cette ontologie est élevée et solide, plus la civilisation sera lumineuse et durable, et inversement.

La Conscience, comme nous l'avons déjà bien établi, est constamment confrontée à deux aspects de la Création : l'un tangible et l'autre intangible ; l'un visible et l'autre invisible ; l'un concret et l'autre abstrait. Ces deux aspects de la Création font aussi appel, pour être perçus, à deux sortes de Facultés. Les unes dépendantes des cinq sens organiques, et qui perçoivent les pensées concrètes, tangibles et visibles ; et les autres qui perçoivent les pensées abstraites, intangibles et invisibles. Ces perceptions se faisant, bien évidemment, selon l'état d'éveil et d'évolution de la Conscience, qui ne percevra que des pensées plus ou moins subtiles, qu'elles soient concrètes ou abstraites, et selon leur degré d'élévation. Ceci nous renvoyant à l'enseignement magistral et incontournable de la Table d'Emeraude qui dit si justement:

Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l’épais doucement, avec grande industrie.

Il monte de la terre au ciel, & derechef il descend en terre, & il reçoit la force des choses supérieures & inférieures. Tu auras par ce moyen la gloire de tout le monde; & pour cela toute obscurité s’enfuira de toi.

Prenons pour illustrer ce présent propos l'exemple de la pensée concrète suivante : la différence, que chacun peut constater dans une population donnée, qui existe entre les riches (moins nombreux) et les pauvres (le plus grand nombre). Richesse que nous limiterons volontairement à l'aspect matériel, mais qui s'entend tout aussi bien pour l'aspect immatériel.

Selon les pays, et l'état de développement de ceux-ci, la notion de richesse et de pauvreté (matérielles) sera perçue sur des échelles de valeurs très différentes. Celui qui est au R.M.I. dans notre pays se considère, selon des critères ambiants, comme faisant partie des pauvres, alors que l'équivalent de son R.M.I. constitue, dans certains pays en voie de développement, le salaire d'un cadre supérieur, qui, selon les critères ambiants, ne se considère pas comme faisant partie des pauvres, même s'il est encore loin de se sentir riche.

Imaginons que, considérant que la richesse consiste à percevoir un revenu mensuel de 10.000 euros, nous ayons la possibilité de décréter que chaque individu en âge de percevoir un revenu touche ces 10.000 euros par mois. Aurions-nous pour autant éradiqué la pauvreté?... La réponse est formellement non ! D'une part, l'inflation ramènerait rapidement le pouvoir d'achat de ces 10.000 euros mensuels à celui d'un SMIC, et d'autre part il y aura toujours au sein de cette population des individus qui parviendraient par leurs talents, leurs astuces, leurs intelligences, à concentrer sur eux des revenus nettement supérieurs à ces 10.000 euros, reconstituant inévitable une échelle de différences qui distingueraient à nouveau les riches des pauvres, selon les nouveaux critères ambiants.

Ici la pensée concrète ne s'est limitée qu'aux instruments tangibles pour se forger. Mais tant qu'elle ignorera la pensée abstraite, elle n'a aucune chance de parvenir à l'élévation vibratoire qui fera d'elle une pensée juste en vertus. Et cette pensée abstraite complémentaire est celle qui constate que les lois qui fondent les inégalités de fortune entre les individus ne sont pas de natures tangibles, mais intangibles. Que ces Lois sont constantes, pour ne pas dire invariables, et surtout intemporelles. Que l'inégalité de fortune matérielle n'est que l'effet d'une cause, qui elle, est l'inégalité de richesse intellectuelle et surtout spirituelle (la Connaissance). Un ignorant à la conscience au ras des pâquerettes qui toucherait le gros lot du Loto, finirait inexorablement, c'est juste une question de temps, soit par perdre sa fortune par des opérations hasardeuses, soit par se faire plumer de cette fortune qui ne repose pas sur les fondements de ses propres pensées abstraites, qui en assurent la pérennité.

Parvenir à penser juste en vertus, implique donc la maîtrise des pensées concrètes et des pensées abstraites, cela suppose donc que celui qui cherche à construire un édifice de pensées Juste en Vertus doit avoir la maîtrise de ses cinq sens organiques, mais aussi, et surtout de ses cinq sens supérieurs, sur lesquels j'aurai l'occasion de revenir, tant cette maîtrise, si elle s’énonce comme un jeu d’enfant, mène invariablement aux travaux d’Hercule.

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