Etoile Flamboyante 6

Livre de l’Étoile Flamboyante, question : 8

— D.8. Quelle idée me donnerez-vous de la nature ?

Livre de l’Étoile Flamboyante, réponse : 8

Elle n’est point visible, quoiqu’elle agisse visiblement, car ce n’est qu’un esprit volatil, qui fait son office dans les corps, et qui est animé par l’esprit universel, que nous connaissons en maçonnerie vulgaire, sous le respectable emblème de l’Étoile flamboyante.

Livre de l’Étoile Flamboyante, question : 9

— D.9. Que représente-t-elle positivement ?

Livre de l’Étoile Flamboyante, réponse : 9

Le souffle divin, le feu central et universel, qui vivifie tout ce qui existe.

Commentaires :

Au fur et à mesure que nous avançons dans l'étude de ce texte hermétique qu'est l'Étoile Flamboyante, nous pouvons constater que l'élève pose des questions lapidaires, et que le « maître » lui accorde des réponses de même nature. Les questions de l'élève sont d'ailleurs redondantes et manquent singulièrement de réflexion. Préalablement il demande ce qu'est la Nature, et comme manifestement les réponses fournies par le « maître » ne lui ont pas permis d'ouvrir son troisième oeil, il revient ici à la charge en posant une question sous un angle différent, mais qui revient à sa préoccupation initiale.

Les développements que j'ai apportés lors des précédents articles sur ce sujet dans le Grand Œuvre d'Hermès Trismégiste, démontrent que les réponses lapidaires, sont en réalité des graines au fort pouvoir germinatif, pour peu que le terrain où elles se trouvent plantées soit un tantinet fertile. Il nous faut constater, compte tenu de la redondance ci-dessus évoquée, que la « terre » qui reçoit la graine du «maître», présente un caractère de friche qui la rend pour le moment inculte, dans le sens Parlant comme dans le sens Cachant du terme. Ceci explique pourquoi les réponses du « maître » sont si sommaires et condensées à l'extrême. Voilà qui rejoint l'adage populaire qui dit : pourquoi donner des roses à un âne, alors que des ronces suffisent.

Le début de cette Étoile Flamboyante est donc marqué du rapport qu'il y a entre celui qui ignore et celui qui sait. Si celui qui sait devait transmettre son savoir dans la Flamboyance de son Étoile, cela ne servirait qu'à aveugler celui qui réclame la lumière pour voir. Comme il appartient aux riches de donner aux pauvres et non l'inverse, la responsabilité du donneur est aussi engagée dans la façon de donner, qualitativement et quantitativement, en rapport de ce que peut recevoir et supporter le bénéficiaire pour que cela lui soit directement profitable, et sans qu'il y ait gaspillage des forces, énergies et richesses. Le partage des richesses, surtout celles de nature spirituelle, doit se faire dans le respect des lois de la Divine Providence, dont le principe de Justice repose sur la règle qui veut que chacun reçoive selon ses capacités et mérites. Cette règle a été admirablement traduite par le Maître Koot Hoomi Lal Singh dans une de ses lettres par cette heureuse formule : Méritez beaucoup, et nous saurons nous montrer d’honnêtes débiteurs, peu, et vous n’aurez à attendre qu’un retour proportionnel. Il convient donc, pour ceux qui souhaitent extraire de ce traité du Baron Tschoudy, la quintessence initiatique qu'il contient, de ne pas se placer uniquement du côté de l'élève, mais aussi de tenter de comprendre le deuxième degré concernant les subtilités que manifeste le « maître » dans la nature de ses réponses et de leurs adaptations en rapport avec la faculté de discernement de ce dernier et de son élève. Dans l'état d'avancement (très sommaire) de l'élève, le « maître » ne serait pas digne de son état, s'il fournissait plus que ce que mérite la question de son élève. Et franchement, de là où je me tiens, je trouve même que ce « maître » a une abnégation digne de la sainteté, que d'accepter de répondre à la médiocre qualité des questions posées, dans le fond comme dans la forme. Si l'intelligence de la question provoquera une réponse de même tonalité, il y a forcément abnégation de la part du "maître" lorsqu'il accorde une réponse plus intelligente que la question...

Mais n'oublions pas qu'il s'agit ici d'un exercice de style, dont le dessein n'est pas de s'adresser à un élève spécifique, mais à tous ceux qui seront amenés à lire ce petit traité et seront dans l'état d'évolution d'un débutant. Même dans ces conditions, je crains fort qu'il n'y ait en réalité que très peu de lecteurs de cette Étoile Flamboyante qui aient pris la peine d'en faire une étude approfondie, comme celle que je fais à chacune des questions posées, enfin sauf les moins inconsistantes, et d'accepter la nécessaire redondance des questions, et les nécessaires répétitions des réponses, avec simplement une légère évolution à chacune de ces répétitions. En effet, le «maître» sait parfaitement qu'il n'est pas possible de transmettre la moindre connaissance, à ceux qui d'une part ne sont pas disposés à faire un effort constant et durable pour sortir des limites étroites de ce qu'ils considèrent comme de la connaissance, et qui n'est en vérité qu'un socle rigide de certitudes non démontrées et surtout non démontrables. Et d'autre part, à ceux n'ayant que l'intellect raisonneur comme unique mode de fonctionnement. Le savoir obsolète uniquement basé sur les lois de causalité, et qui forge les solides barreaux de cette prison de certitudes, empêche à l'élève d'activer son champ de vision spirituel, celui justement qui ouvrirait la porte de cette prison égotique.

Comme j'ai déjà eu souvent l'occasion de le dire tout au long de mes articles, ce qui différencie le savoir de la Connaissance, c'est justement la mise à l'épreuve. Et ce que demande l'élève qui ici questionne, ne peut se donner qu'au travers de l'épreuve. Cette épreuve commencera donc par l'obligation qu'imposera le « maître » à son élève d'avoir à formuler et à reformuler le contenu de ses questions afin d'optimiser la richesse et la précision de la réponse. Prenons un exemple pour illustrer ce propos.

Avant de répondre à la question : Quelle idée me donnerez-vous de la nature ?... Il convient d'essayer de comprendre ce que signifie en réalité cette question et ce que le questionneur désire recevoir comme réponse... Pour le coup, vous conviendrez avec moi, que la question est si imprécise, si incohérente, si réductrice, si indigente, qu'elle ne mérite pas une réponse de qualité eu égard au fait qu'elle révèle d'abord un insondable état d'ignorance de la part de celui qui la pose. C'est un peu comme ci un enfant de 8 ans demandait à un physicien : comment ça marche une centrale nucléaire?...

Il convient donc de se demander, concernant la question posée, quelle réponse souhaite-t-il avoir ?... Une réponse concrète et matérialiste, celle de la nature des fleurs, des champs, des papillons et des petits oiseaux ; une réponse bucolique et poétique qui serait en mesure de combler son état de basse intensité émotionnelle ; ou une réponse scientifique, raisonneuse et intellectuelle que le « maître » se fait de cette nature ; ou encore une réponse parfaitement éclairée, transcendée, érudite, subtile et spirituelle ?... Enfin, il me semble que je ne m'égarerais pas beaucoup si, compte tenu de la rusticité et de la médiocrité de cette question, j'en venais à subodorer que mon interlocuteur ne sait pas très bien de quoi il parle en utilisant le terme de « Nature ». Et notre physicien ne pourrait guère répondre autre chose à l'enfant que : c'est étudié pour... La réponse que donne le « maître » à cette question sans queue ni beaucoup de tête, mérite d'être malgré tout attentivement approfondie, car ce que l'on dit, dit aussi ce que l'on ne dit pas.

Elle n’est point visible, quoiqu’elle agisse visiblement... Voilà de quoi faire tituber un esprit uniquement intellectuel et raisonneur... La nature, pour notre élève questionneur est d'abord quelle chose de tangible, palpable, visible et solide. C'est ce à quoi il croit, car c'est ce qu'il voit avec sa vision binoculaire réduite à son état émotionnel primaire. Ici, le début de la réponse du « maître», lui indique qu'il va devoir faire un redoutable effort d'élévation pour sortir des limites étriquées de sa vision uniquement organique, afin d'activer l’un de ses sens supérieurs subtils : sa clairvoyance, sans laquelle il restera durablement aveugle à l'invisible et incapable de comprendre la subtilité de la réponse... Tout un programme en perspective.

...car ce n’est qu’un esprit volatil, qui fait son office dans les corps... La générosité du « maître » est ici manifeste, car au lieu de se contenter de la première partie de sa réponse, - qui de mon humble avis aurait largement suffi à remplir la faible contenance du questionneur -, il offre quelques trésors supplémentaires pour ne pas laisser trop sur sa faim, celui qui reçoit ce qu'il n'attendait pas, et qui ne saura pas trop quoi en faire. La Nature avant que d'être ce qu'elle manifeste dans les formes denses de la sphère organique est un esprit volatil. Reconnaissons qu'il s'agit d'une porte largement ouverte sur des perspectives luxuriantes et infiniment prometteuses...

...et qui est animé par l’esprit universel... À première vue, cette partie de réponse, m'indique que non seulement la Nature est un esprit volatil, mais qu'il n'est pas le seul, et qu'il y a quelque chose de supérieur à cet esprit... Je doute fort que notre questionneur, encore dans une démarche pataude et primaire, fasse le constat qui découle de cet état de fait et qui est : Il existe donc une ou des hiérarchies dans cet état d'invisibilité des esprits volatils, dont nécessairement UN qui peut prétendre à l'universalité. Ce simple constat est d'une telle grande conséquence qu'il est analogiquement comparable au fonctionnement de la centrale nucléaire que j'évoquais ci-dessus, mais pour le coup ce symbole de la centrale nucléaire n'est plus qu'une grossière caricature de l'extraordinaire complexité des hiérarchies des puissances invisibles.

...que nous connaissons en maçonnerie vulgaire ... Là je dois dire que le « maître » fait la démonstration d'un niveau d'élévation qui le classe parmi les véritables adeptes. Ceux qui pensent encore que la vérité et la Connaissance appartiennent à un collège, une organisation, une secte, une confrérie ou une loge maçonnique, devront forcément méditer sur le qualificatif de vulgaire qui accompagne ici le terme de maçonnerie... je n'en dis pas plus pour le moment, mais la matière est riche de réflexion...

...sous le respectable emblème de l’Étoile flamboyante.... L'emblème, pour respectable qu'il soit, n'en est pas moins celui de la maçonnerie vulgaire. J'entend par cette très habile formulation que si ce qui est en haut est analogiquement comme ce qui est en bas, ce qui est en bas et qui ambitionne de représenter ce qui est en haut, n'est quand même que du domaine du vulgaire. Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, le sceptre royale symbolise l'autorité royale, mais il n'est pas le Roi... Mais là, notre élève n'est pas encore dans la course de cette randonnée spirituelle subtile comme le démontre la balourdise fruste de la huitième question, sur laquelle je ne crois pas qu'il soit utile de s'étendre.

La réponse du « maître », qui manifestement ne souhaite pas donner plus que ce que mérite pour l'instant son élève, se traduit par : Le souffle divin, le feu central et universel, qui vivifie tout ce qui existe... Que peut comprendre en vérité son élève, dans cette réponse synthétique et contenant des ramifications d'une amplitude grandiose ?... Pas grand chose comme le démontrera la suite de ses questions sans grande finesse eu égard à la richesse des réponses déjà fournies...

Ce n'est pas la lumière qui rend la vue aux aveugles, ni l'intelligence de la réponse qui rend l'ignorant moins ignorant. Pour que son ignorance recule encore faut-il que la réponse soit longuement méditée et éprouvée pour qu'elle devienne pour lui Connaissance. Un peu comme chacun des articles dans le Grand Œuvre d'Hermès Trismégiste.

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