La haute science n'est pas une frivolité pour dilettante.
L’accession à la Haute Magie implique l’alchimie complexe, rigoureuse et subtile de l’officiant avec l’oeuvre qu’il travaille.
Un appareil enregistreur sera capable de capter un texte ou un discours, il ne sera jamais capable de l’interpréter, de l’analyser, d’en extraire les formules et de les mettre à l’épreuve des réalités. Il en est ainsi d’un simple lecteur qui ne ferait que mémoriser très partiellement un ensemble de données complexes, sans jamais prendre la peine de savoir ni comment cela peut être mis en pratique ni s’il convient de les mettre à l’épreuve des réalités pour en connaître la validité et la portée.
Connaître les forces qu’il va falloir instrumentaliser. Savoir comment se pratique cette instrumentalisation. Indentifier la «matière» qu’il convient d’utiliser. Apprendre à maîtriser les nombreux paramètres tangibles et intangibles. Avoir le savoir-faire des savants dosages des énergies potentiellement dangereuses à manipuler. Maîtriser l’enchainement harmonieux des phases de nombreux processus interagissant les uns sur les autres. Dominer ses impatiences, ses émotions, ses illusions, ses instincts, ses peurs et sa témérité. Identifier les antagonismes destructeurs qu’engendre toute action. Domestiquer ces puissances dégénératives pour les mettre au service et de l’officiant et de l’ouvrage. Telles sont les qualités requises pour exercer la pratique de la Haute Magie.
Sachant par avance, que l’officiant supportera toujours le poids de ses carences et que chaque défaillance, aussi minime soit-elle, aura pour conséquence de transformer la Haute Magie en magie noire.
Claude Le Moal 30juin 2010
Note N° 71
Postulat N° 7
La Haute Magie repose sur une psychologie spirituelle qui doit se différencier de la psychologie affective de l'intellect. Cette psychologie spirituelle cherche à élucider l'essence de la nature de l'âme-de-vie et ses rapports avec les différents plans et les différents Mondes. Ceci suppose une Conscience de relations de groupe au sein de hiérarchies. Cette recherche tentera de démontrer les liens et rapports qu'il y a entre les enveloppes des formes et ce qui les manifeste, ainsi qu'elle s'efforcera d'élucider et d'établir les règles des pouvoirs supranaturels (hors causalité), pour parvenir à leur maîtrise par la Connaissance et la façon de les utiliser dans le respect du principe : ne pas nuire.
La psychologie affective de l’intellect est directement reliée à la forme et ses perceptions sensorielles. Elle est l’expression de l’ego qui exprime cette forme et en maintient solidement les limites; cette énergie est celle qui utilise le pouvoir d’identification de la Conscience. Par ce pouvoir la Conscience a l’illusion d’être ce qu’elle ressent, ce qu’elle désire, ce qu’elle perçoit et conçoit dans les limites de cette forme en rapport avec son milieu. Si, selon l’adage des Tablettes de Thoth, nous ne devenons que ce que nous pensons, par le magnétisme puissant de l’identification, nous ne sommes que ce que nous croyons être. Ici nous avons la nature des limites que s’impose la Conscience, mais aussi la faculté de pouvoir s’affranchir à tout moment de ces limites. Par déclinaison nous retrouvons ce principe au niveau de la cellule organique ; elle contient l’intégralité du patrimoine génétique de la forme à laquelle elle appartient, mais elle n’exprime dans sa fonction active qu’un minuscule aspect de cette forme globale. En s’identifiant à cette fonction, elle n’est plus que celle-ci, le temps que durera cette identification.
La psychologie spirituelle est une énergie d’une tout autre nature, elle active une faculté qui dans sa fonction la plus aboutie est l’Ubiquité de la Conscience. Mais avant de parvenir à cette étonnante pratique de la Haute Magie, le chemin en est long et l’apprentissage laborieux et difficile. Il commence par la domination du puissant magnétisme qu’est l’identification. Il ne s’agit pas de neutraliser ou supprimer ce pouvoir, mais de s’en rendre maître, ce qui suppose une Connaissance de ces mécanismes, afin qu’il puisse être soumis à la faculté volitive de l’officiant. Tant que la Conscience reste identifiée à sa forme, elle ne peut raisonner que selon les attributs physiques et intellectuels qui déterminent cette forme (fonction cellulaire). Lorsque l’officiant prend Conscience qu’il n’est cette forme que par simple phénomène d’identification, pour s’affranchir du magnétisme de cette forme il doit nécessairement être capable de s’identifier à ce qui est hiérarchiquement supérieur à celle-ci, et cela passe par l’identification à un groupe. Cette identification à un groupe est ce qui transcende le particularisme et l’individualité de la forme. C’est aussi pour cette impérieuse nécessité que les adeptes et initiés des anciennes écoles de mystères, comme celle d’Hermès, étaient connus non par leur nom personnel, mais uniquement par le nom du groupe, celui de leur école. C’est pour cette raison que l’on prête à Hermès d’avoir écrit plus de 50.000 livres.
La psychologie spirituelle sera donc non pas celle qui établit des rapports avec la forme et son environnement, mais justement celle des rapports de la Conscience s’affranchissant des limites de l’identification de cette forme avec son groupe situé sur un plan supérieur. Pour parvenir à ce premier résultat, l’officiant doit donc activer cette faculté qui lui permet de passer d’un état de forme à un autre, tout en étant capable d’être, pendant un temps donné, une Conscience évoluant dans ces deux états. Cette pratique ne peut se faire que par l’ubiquité qui permet à la Conscience de se transporter volontairement sur certains plans et dans certains Mondes selon sont degré d’évolution.
Nous retrouvons dans le deuxième livre du Corpus Hermeticum un des passages qui enseigne ce principe se rapportant l’enseignement de la Haute Magie, il mérite d’être attentivement étudié :
Citation:
78
Si tu ne peux t’égaler à Dieu, tu ne peux le comprendre: car seul le semblable comprend le semblable.
79
Croîs jusqu’à être de grandeur immense, dépasse tous les corps élève-toi au-dessus de tous les temps; deviens l’éternité. Alors, tu comprendras Dieu.
80
Pénètre-toi de la pensée que rien ne t’est impossible; considère-toi comme immortel et capable de tout comprendre, les arts, les sciences, la nature de tout ce qui vit.
81
Monte plus haut que toute hauteur, descends plus bas que toute profondeur.
82
Rassemble en toi les sensations de tout le créé: du feu et de l’eau, du sec et de l’humide, imagine que tu es partout en même temps: sur la terre, dans la mer, dans l’air; que tu es encore incréé; que tu es dans le sein maternel; que tu es adolescent, vieillard; que tu es mort et au-delà de la mort. Si tu peux embrasser tout cela à la fois dans ta conscience: temps, lieux, événements, qualités et quantités, alors tu comprendras Dieu.
83
Mais si tu gardes ton âme prisonnière dans le corps, si tu l’abaisses en disant: “ je ne comprends rien, je ne suis rien, je crains la mer, je ne saurais m’élever jusqu’au ciel, je ne sais pas ce que j’ai été, ni ce que je serai”, qu’as-tu à faire alors avec Dieu?
84
Car tu ne peux rien saisir par la pensée de ce qui est réellement beau bien, tant que tu aimes le corps et que tu es mauvais. Le vice suprême est de ne pas connaître le divin.
Note N° 72
Postulat N° 8
L'étude de la Haute Magie n'est pas celle des phénomènes miraculeux violant les lois objectives de la Nature dans sa forme causale, mais de tout ce qui obéit aux lois subjectives et abstraites de la Divine Providence, les plus justes en vertus, et qui gouvernent les lois objectives de la Nature. Ce qui différencie les lois objectives des lois subjectives : les premières se manifestent en lumières visibles et se perçoivent par les facultés sensorielles ; les deuxièmes se manifestent en lumières occultes et se perçoivent par les facultés spirituelles.
S’il est possible, dans le monde matériel des apparences fugaces et éphémères, d’agir sur certains aspects de leurs manifestations, la chose ne peut se faire sans un minimum de connaissance des lois de causalité et de perception des effets que cela produit. C’est la base même de la science matérialiste. Une hypothèse ne devient raisonnable que si elle est confirmée par les effets qu’elle peut produire à l’identique lorsque les causes qui sont à l’origine sont activées.
Cette vision objective de l’aspect matériel de la Nature est celle qui provient des facultés sensorielles réagissant à la «lumière» perceptible par ces sens.
Il existe une Lumière qui n’est pas perceptible par ces sens, je devrai plutôt dire qui n’est pas perceptible uniquement par ces sens. Cette Lumière invisible à ces sens le devient par l’activation de sens plus subtils. Cette vision subjective sera celle des abstractions et des rapports non pas entre les choses concrètes et les effets, mais en entre les Principes et les causes.
Prenons un exemple simple pour illustrer ce concept des deux visions. Il fut un temps ou faire ouvrir une porte, imposante par sa taille et par la complexité de son système de fermeture, par le simple son d’une voix humaine aurait paru tenir du miracle et de la magie. Aujourd’hui, avec le niveau de sophistication matériel et scientifique, c’est juste devenu de la routine que permettent l’informatique et l’identification vocale... Ce processus rustique et laborieux, tant il demande de bricolages grossiers, n’est qu’une pâle déclinaison de ce qui se pratique sans grands efforts, et avec infiniment plus d’élégance, dans ce monde dit invisible. Selon la puissance et l’intensité vibratoire du «Verbe», non seulement il est possible d’ouvrir les puissantes portes du Temple, mais aussi de produire des effets dans le monde objectif de la matérialité qui peuvent apparaître, aux profanes d’aujourd’hui, comme aussi miraculeux et magique qu’aurait pu l’être la voix humaine sur le mécanisme de certaines choses, aux ignorants des sciences actuelles.
Dans un autre ordre d’idée, la médecine moderne tente d’apporter des remèdes aux maux de la nature physique de la manifestation d’une forme, pour l’essentiel en copiant très grossièrement et maladroitement les remèdes que la Nature met à la disposition du vivant, sans en avoir ni l’efficacité ni la non-nocivité. Ceci pour l’aspect objectif et visible. Pour ce qui est de l’aspect subjectif et invisible, que les professionnels de santé appellent abusivement l’effet placébo, les résultats de cet effet est bien souvent supérieur à l’efficacité d’un grand nombre de médicaments complexes, chimiques et artificiels, lors des tests en doubles aveugles. Combien de médecins, confrontés à ce monde de la subjectivité, et n’y comprenant rien, classent des dérèglements physiques sous le vocable fourre-tout de psychosomatique... Ces médecins sont simplement des praticiens de la science matérialiste qui n’est rien d’autre que de la magie noire, celle qui soulage temporairement, assurant ainsi le lucratif commerce de la pharmacie, sans pour autant guérir. Seule la pratique de la Haute Magie permet la véritable guérison. Asclépios est le fils d’Hermès.
Corpus Hermeticum a écrit:
32
Asclépios : On ne peut rien opposer à cela Trismégiste, mais qu’est-ce que l’espace où se meut l’univers ?
33
Hermès : Il est incorporel Asclépios.
34
Asclépios : Et qu’est-ce donc que l’incorporel ?
35
Hermès : L’Esprit tout entier enfermé en lui-même, libre de tout corps, qui ne dévie pas, qui ne souffre pas, intangible, immuable en lui-même, contenant tout, sauvant tout, libérateur, guérisseur; duquel émanent les rayonnements du bien, de la vérité, du principe originel de l’esprit et du principe originel de l’âme.
La Haute Magie ne peut donc se pratiquer qu’à partir du moment où l’officiant accède à la vision de la Lumière occulte, elle est ce qui redonne la Conscience à la Science, la vue aux aveugles, et la véritable guérison aux malades...
Note N° 73
Postulat N° 9
La pratique de la Haute Magie doit impérativement se faire avec le sens le plus élevé de la responsabilité de l'officiant, une totale pureté intentionnelle, un désintéressement complet, l'humilité de ne pas se croire suzerain des puissances qu'il espère invoquer (ce qui serait extrêmement dangereux pour lui), et la constante préoccupation de ne pas nuire, soit volontairement soit involontairement. Le non-respect d'une seule de ces règles ayant pour conséquence de plonger l'officiant dans l'espace d'insignifiance des lois de causalité et de le transformer en pratiquant de la magie noire.
Ce postulat contient les conditions essentielles de la pratique de la Haute Magie. Le respect de ces conditions est similaire à la parabole du pont Shira dans le Coran:
Il est large comme le fil du rasoir et est bordé de deux insondables précipices : celui de l’intellect raisonneur et celui de la superstition.
Avant que de s’aventurer à utiliser le sceptre du pouvoir, l’officiant doit préalablement s’en rendre digne sous peine de devenir rapidement la victime, même pas innocente, des forces et des énergies qu’il viendrait à déclencher par des manipulations maladroites.
La responsabilité de l’officiant doit être totale. Et le degré le plus élevé de cette responsabilité reste celui qui consiste à se préoccuper des autres, dont l’impérieuse volonté de ne pas nuire.
Devenir l’opérateur des forces que l’on parvient à catalyser implique de savoir d’une part, comment les catalyser et d’autre part, ce à quoi l’officiant va les utiliser. Il est facile d’imaginer ce que peut produire du 380 volts sur un appareillage basse tension de 12 volts...
Nous n’en sommes pas encore aux processus qui permettent de catalyser les énergies et puissances, mais il est d’ores et déjà indispensable de considérer qu’il n’y a pas le «Bien» sans sa contrepartie équivalente de «Mal» en intensité et puissance potentielle. L’officiant de la Haute magie sera constamment confronté à la jonction de ces forces antagonistes. S’il est au fait de ses possibilités, c’est lui qui déterminera les caractéristiques de ce qu’il fera advenir, en «Bien» comme en «Mal», d’où l’incidence considérable que cela pourra avoir sur son patrimoine karmique, indépendamment du fait que les puissances providentielles deviennent inopérantes pour l’officiant aux intentions peu ou mal épurées.
Note N° 74
Postulat N° 10
L'Enseignement de la Haute Magie consiste essentiellement à parvenir à la Connaissance du sens Cachant qui reste voilé aux profanes. Ce sens Cachant est la réalité subjective qui agit sur les lois de l'illusion de l'objectivité. Cette Enseignement porte bien évidemment sur le sens Cachant de tous les plans et dans les trois Mondes.
Qu’est-ce que l’on entend véritablement par sens Cachant ?
On pourrait comprendre ce sens Cachant par celui des Lois et des Principes sans lesquels rien ne pourrait se manifester. Mais, s’il est aisé sur le plan du Monde physique dense, de savoir que les lois se retrouvent matérialisées dans des recueils spécifiques qui les caractérisent et les manifestent, pour ce qui est des Lois de la Divine Création, celles qui fondent les principes de la Haute Magie, elles ne sont accessibles dans aucun recueil, gravées dans aucun marbre, aucun support concret et objectif.
Ces Lois Divines, Universelles et Intemporelles, ne se révèlent que par le rapport subjectif et abstrait qui se manifeste entre trois déterminants. Ce seront les rapports entre la Providence, la Conscience et le Destin, ceux entre les trois Mondes (Mental, Astral, Physique), ou encore ceux entre les trois plans de chaque Monde. Le sens Cachant se déclinera aussi entre les trois pôles que sont la polarité négative et positive et l’analogie de ces contraires. Dans un autre domaine, le sens Cachant se déterminera dans les rapports qu’entretiennent l’Action et la réaction et les effets de l’un sur l’autre ; de l’amour et de la haine parvenant à une harmonieuse cohabitation grâce à la pondération de l’un et de l’autre ; du bien et du mal et de l'analogie qu'il convient de faire de ces deux antagonismes ; du visible et de l’invisible dont les rapports produiront et le mouvement, et la forme, et les cycles, et la circulation et la transmutation de l’énergie vitale.
Les Lois souveraines de la Divine Création sont cachées dans les rapports d’une triangulation subjective et abstraite. Ces Lois ne sont donc pas accessibles, dans leur pureté originelle ni aux sens physiques, ni aux sens de l’intellect raisonneur limité aux lois de causalité. Seul le troisième oeil (l’oeil de Shiva) peut accéder à la vision claire de ce sens Cachant.
Ce sens Cachant est toujours celui de la véritable Connaissance, puisque pour être découvert il est nécessaire de passer par l'épreuve.
Note N° 75
Postulat N° 11
La pratique de la Haute Magie nécessite de la part du chercheur véritable qu'il n'adhère aveuglément à aucune vérité qui n'ait été soigneusement mise à l'épreuve par ses soins. Ceci suppose de garder constamment l'esprit ouvert, de peser et étudier chaque parcelle de cet Enseignement, des lois qu'il révèle et des vérités qui en découlent. L'une des premières phases de la mise à l'épreuve consiste à être capable de discerner l'origine d'une vérité, son Monde, son plan et son sous plan. Ceci suppose la capacité une vision multidimensionnelle propre à l'oeil intérieur...
Avant de savoir ce qui fonde une vérité, encore faudrait-il déterminer ce qu’est une vérité...
Il y a bien évidemment la Vérité Absolue, par essence immuable, intemporelle et éternelle. C’est l’attribut du Divin Créateur, que rien ni personne ne peut prétendre partager. Cette Vérité est inaccessible dans son Absolu, à tout ce qui est perfectible, mouvant, mobile, temporel, éphémère et hétérogène. Bien qu’inaccessible, cette Vérité se dévoile partiellement aux chercheurs dans ses formes relatives.
Cette règle doit constamment rester à l’esprit du chercheur. Une vérité relative pourra hiérarchiquement se révéler plus juste qu’une autre vérité relative, mais ne pourra jamais prétendre à être une Vérité Absolue, la Vérité Absolue, car en matière d’absolu il ne peut y avoir qu’une Vérité. Pour comprendre ce principe, il convient de savoir que celui qui parviendrait à appréhender, ne serait-ce qu’une nanoseconde, l’essence de l’éternité, deviendrait immédiatement cette éternité.
Ces principes de base étant établis, il reste maintenant à savoir qu’est-ce qui fonde la justesse d’une vérité relative. Il peut être tentant de considérer que le sérieux, la crédibilité, les compétences de celui qui transmet cette vérité relative, confère à cette dernière les qualités du transmetteur. Cette appréciation, qui est à l’origine du colportage de savoirs médiocres n’est à la vérité, même la plus relative, que ce que le paraître est à l’être. Celui qui reçoit une vérité relative par transmission, doit tenir compte de l’époque et du lieu où cette vérité a été reçue. Des filtres culturels, sociaux, religieux, politiques au travers desquels est passée cette vérité, avec les éventuelles distorsions que ces filtres ont produits. Recevoir cette vérité sans faire l’effort d’ajustement qui en confirme la crédibilité, cela revient à coller l’étiquette « vérité » sur un colis que l’on reçoit sans prendre la peine de l’ouvrir.
Une vérité n’acquiert de la justesse qui si celui qui la reçoit en vérifie l’exactitude entre ce qu’elle promet dans sa forme hypothétique et ce qu’elle révèle dans sa mise à l’épreuve avec les réalités. Seul celui qui reçoit cette vérité peut procéder à cette vérification.
La vérité la plus juste sera nécessairement la moins éphémère qui soit. Une vérité relative qui ne durerait qu’une minute serait obligatoirement moins importante que celle qui aurait une permanence d’une année. Le critère de temporalité sera un déterminant de la plus ou moins grande justesse d’une vérité relative. De ce constat découle qu’un effet sera toujours plus éphémère qu’une cause, et qu’une cause infiniment plus éphémère qu’un principe. Ici nous retrouvons les lois de hiérarchisation de Monde en Monde et de plan en plan. Une vérité relative sensorielle du plan physique dense, du Monde physique dense, sera toujours inférieure à une vérité relative du plan mental du Monde Mental, dont les principes, par leur durabilité, s’approche le plus qu’il soit possible de l’intemporalité.
Par simple et élémentaire déduction, nous pouvons donc considérer qu’une vérité relative pourra fort bien être juste sur le plan de la plus forte densité matérielle, mais qu’elle ne pourra jamais rivaliser avec une vérité relative la plus subtile du plan le plus éthéré du Monde Mental. Ce qui distingue fondamentalement l’une de l’autre, c’est que la première est localement juste sans pour autant être vertueuse, alors que la deuxième sera universellement juste parce qu’elle y ajoute la force des vertus grâce auxquelles elle acquiert la propriété d’intemporalité.
Il convient donc, pour espérer pratiquer efficacement la Haute Magie, que l’officiant soit constamment capable de discerner les critères qui hiérarchisent les vérités relatives. Qu’il ne peut y parvenir que par la mise à l’épreuve des vérités reçues. Que cette mise à l’épreuve ne sera utile, pour trouver les vérités les plus justes, que par la pratique des vertus et que cette pratique des vertus devra en outre s’accompagner de l’alignement de ces vérités sur tous les plans et dans les trois Mondes. Ceci suppose un niveau de Connaissance et de pratique dépassant les limites des sens inférieurs, et une vision occulte parfaitement opérationnelle.
La note harmonique qui doit s’appliquer à la hiérarchisation des vérités relative sera donc obligatoirement : Une pensée juste en vertus.
Note N° 76
Postulat N° 12
L'Enseignement de la Haute Magie repose sur le fait que l'univers est manifesté par une Énergie vitale qui est la Source originelle des formes, dont chacune constitue un être capable d'avoir Conscience de ce qu'il est, et que chaque forme n'est qu'une des expressions d'unTout. C'est la théorie de l'hylozoïsme, terme qui désigne un système philosophique attribuant à la matière une existence nécessairement douée de Conscience. Cette force dynamique de manifestation pénètre donc toutes les formes qui sont son expression dans la sphère temporelle de l'Énergie vitale universelle. La Vie qui prend forme produit et l'existence et l'être, l'esprit et la matière, c'est donc la cause originelle de la dualité. L'existence même de cette dualité devient la cause objective, illusion qui disparaît lorsque la manifestation de la forme s'évanouit. La pratique de la Haute Magie requiert donc que l'officiant ait à l'esprit la règle de l'Unité essentielle qui est la réalité subjective, vision homogène de la lumière occulte, même lorsqu'il s'agit d'exercer cette pratique dans la sphère temporelle de la dualité objective illusoire et hétérogène de la lumière cristallisée.
Fabre d’Olivet considérait fort justement que les trois grandes puissances de la Création étaient la Providence, la Conscience et le Destin. Selon le principe du Ternaire Divin, aucune de ces puissances ne peut se manifester sans être intimement liées aux deux autres. Il faut le Un et le Deux pour avoir le Trois.
Nous retrouvons ce même concept dans toutes les grandes traditions philosophiques et spirituelles. Pour les Orientaux nous avons Atma - Buddhi - Manas ; ou encore Shiva - Vishnu - Brahma. Chez les théosophes cela ce traduira par cette définition tout aussi subtile et intelligente que celle qu’en donne Fabre d’Olivet et qui sera le Ternaire de : la Volonté - L’Amour-Sagesse - Et l’Intelligence active.
Nos Alchimistes avaient le Mercure - le Soufre - le Sel.
Si la Providence ne peut pas directement agir sur le Destin et réciproquement, ce qui permettra des échanges de l’un à l’autre, dans le cadre des différentes formes de manifestations, sera ce Médiateur plastique qu’est la Conscience. La Conscience est donc, ne l’oublions pas, une Puissance. Et c’est par l’intermédiaire de cette Puissance que le Feu de la Volonté pourra se communiquer à la Terre de l’Intelligence par le truchement de l’Eau de l’Amour et de l’Air de la Sagesse conjointement unis.
La Conscience est ce qui permet à ce qui se manifeste de se différencier de l’universel sans pour autant s’en détacher. Chaque Conscience sera donc un état d’expression de l’Énergie Vitale, comme chaque cellule du corps est un état d’expression de la Cellule Mère qui se manifeste par ubiquité pour former un corps complexe.
Cette Conscience n’est ni la Providence, ni le Destin, mais elle est ce que produit (union de forces sexuelles) l’accouplement d’une partie de l’une et de l’autre, le fils du Père et de la Mère...
Cette Conscience est donc l’animatrice de la forme qui se manifeste par sa Volonté, car elle est essentiellement l’expression d’une faculté volitive, et cette Conscience possédera donc son ipséité et ses caractéristiques qui font qu’elle est ce qu’elle est, et qui la différencie de ce que sont les autres états de Conscience.
Il découle tout naturellement de ce qui précède que s’il y a Conscience dans un état spécifique, cette Conscience aura ses propres moyens de perception et de communication. Le langage des abeilles n’est pas celui des dauphins, et celui des fourmis n’a rien à voir avec celui des éléphants...
L’approche de la haute Magie repose sur la Connaissance des mécanismes des états de plasticité de la Conscience et des implications qu’ils entraînent tant sur les sons, les couleurs, les densités, les sens de perceptions, les moyens de communication, les concentrations énergétiques et les rapports analogiques qui rattachent chaque Conscience à celles qui lui sont supérieures comme à celles qui lui sont inférieures.
N’avoir Conscience que de soi, ne permet pas d’établir d’échanges avec les autres Consciences que cette Conscience ignore et qui, par respect du libre arbitre, ne feront rien pour imposer à cette Conscience limitée à son ego, des échanges qui ne sont pas volontairement souhaités..
Note N° 77
Postulat N° 13
Lorsque l'Énergie vitale se manifeste dans la forme, quelque soit son plan de manifestation, elle produit l'existence et l'être, deux aspects de polarité opposée comme le sont le pôle négatif et le pôle positif, l'obscurité et la lumière, la Providence et le Destin. La cohabitation de ces contraires n'est rendue possible que par un troisième facteur unificateur : la Conscience. L'Esprit de l'Énergie vitale n'est pas la matière, et la matière n'est qu'une forme transitoire qui habille la manifestation de l'Esprit, mais la symbiose des deux donne pour résultat l'androgyne qui est l'âme de toute chose. Cette âme-de-vie androgyne (Esprit/Matière) ne produit pas l'Esprit ou la matière, mais son propre reflet la faculté volitive, ce principe d'autodétermination qui, se différenciant de l'universel par son pouvoir d'identification, constitue son champ de Conscience. Ce processus de Conscientisation d'une forme est le dénominateur commun de toute manifestation, de l'atome à l'Entité stabilisée et parfaitement consciente d'un système solaire ou d'une galaxie.
Ce postulat contient de nombreuses clés de la Haute Magie qu’il ne me semble pas utile de détailler davantage. Ceux qui seront capables d’extraire ces clés en tireront le plus grand profit, à la condition qu’ils sachent les utiliser dans le bon ordre et au bon moment, tout un Art subtil et extraordinairement complexe...
Cette notion de bon ordre des choses est la déclinaison directe d’une pensée juste en vertus. Une mauvaise chose n’est qu’une bonne chose que l’on regarde dans le mauvais sens. L’illusion, comme il a été expliqué par ailleurs, n’est qu’une vérité qui se reflète dans le miroir déformant d’une Conscience aux nombreuses impuretés et imperfections découlant d’un état d’ignorance. Elle ne change en rien la justesse du modèle qu’elle reflète, mais elle modifiera considérablement les facultés de la Conscience qui se laisse égarer par les distorsions hallucinatoires de l’image reflétée.
Ce sont là les seules indications que je peux fournir sur ce riche postulat 13. Plus, ferait passer de l’antichambre de la Haute Magie, à quasiment la pratique directe, avec les risques, pour ceux qui ne seraient pas en mesure d’être en état de bonne pratique, d’activer inconsciemment des forces du côté obscur avec de redoutables conséquences préjudiciables.
Carnet du Rémora Page - 12 ------>
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