Composé par Frère Basile Valentin, commentaires.
de l'ordre de St Benoist
Au commencement ; alors que l'esprit du Seigneur était porté sur les eaux, et que toutes choses étaient enveloppées dans les obscurités ténébreuses du Chaos, alors Dieu puissant et Éternel, commencement sans fin, la sagesse duquel est dès le commencement, et dès l'Éternité, par ses conseils inscrutables et providents, créa de rien le Ciel et la terre, et tout ce qui est en iceux contenu visible et invisible, quel nom que tu leur bailles ou leur puisses bailler. Car Dieu fit toutes choses de rien. Or comment fut faite cette merveilleuse création, j'estime que ce n'est ici le lieu de s'en enquêter, car telles matières doivent être plutôt confirmées par la foi et par la sainte Ecriture.
Commentaires :
Dans cet extrait, notre brave frère Basile Valentin reprend machinalement la célèbre expression biblique que nous devons aux scribes peu initiés à l'ésotérisme et la Science Hermétique, exerçant sous l'autorité de son traducteur Saint-Jérôme sous forte influence d'un des plus grands imposteurs de la chrétienté, je veux parler d'Eusèbe de Césaré et qui commence la Genèse par :
-1.1 Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre.
Au commencement de quoi pourrions-nous légitimement demander ... Et s'il y a commencement de quelque chose, il y aura nécessairement une fin... Comme il s'agit en plus du Divin Créateur, celui qui se suffit à Lui-même dans son Éternel Moment Présent, comment concevoir un début à une éternité ?... Par nature, l'éternité est de toute éternité dans un infini sans limites, et ne saurait avoir aucun début, ni aucune fin. J'ai d'ailleurs apporté des commentaires qui éclairent l'anachronisme de cette formulation, par les lumières des Tables de la Loi du Sépher de Moïse, dans le tome I de la Véritable Histoire d'Adam et Eve enfin dévoilée. Je ne peux que vous inviter à consulter ce passage du premier verset de la Genèse.
...alors que l'esprit du Seigneur était porté sur les eaux, et que toutes choses étaient enveloppées dans les obscurités ténébreuses du Chaos... Nous pouvons rapprocher cette subtile formulation de celle des admirables stances de Dzyan :
Il n’existait rien : ni le ciel clair,
Ni la large voûte des cieux étendue au-dessus de nos têtes.
Qu’est-ce qui couvrait tout ? Qu’est-ce qui abritait ?
Qu’est-ce qui cachait ?
Etait-ce l’abîme sans fond des eaux ?
Il n’y avait pas de mort — cependant rien n’était immortel;
Il n’y avait rien qui divisât le jour de la nuit ; L’Un seul respirait sans souffle, de lui-même :
Depuis, il n’y a eu rien que Lui.
Les ténèbres régnaient, et tout, au commencement, était voilé
Dans une obscurité profonde — océan sans lumière.
...alors Dieu puissant et Éternel, commencement sans fin, la sagesse duquel est dès le commencement, et dès l'Éternité... Remarquons, malgré son érudition incontestable, son inspiration et sa clairvoyance, que Basile Valentin ne parvient pas à maîtriser des paradoxes incompatibles et ingérables que lui impose le dogme de sa religion. Le commencement sans fin, et le début de l'Éternité sont des coquecigrues et des balivernes sur lesquelles il ne me semble pas utile de s'étendre plus que je ne le fais présentement.
...par ses conseils inscrutables et providents... Nous devons entendre le terme : inscrutable dans le sens d'énigmatique, impénétrable et d'obscur. Voilà qui rejoint ce que j'ai déjà eu l'occasion de dire, et ce qu'il convient d'entendre par « Dieu » (le Divin Créateur) : Il est la plus haute idée que chacun sera capable de s'en faire, sachant que ce ne pourra jamais être la bonne, pour cause de notre perpétuel état de perfectibilité. Dès lors, comment pourrait-on comprendre clairement, ce qui de toute éternité nous dépasse et nous dépassera . Bien à tort, les chrétiens prétendent que les voies du Seigneur sont impénétrables. Cet axiome ainsi formulé induit un fatalisme qui condamne l'individu à être écrasé sous le poids d'une destinée asservissante et de l'absence de tout véritable libre arbitre. En vérité les voies du Seigneur sont impénétrables à notre état d'ignorance, mais elle ne demande qu'à être pénétrée par notre élévation à la connaissance, nous dévoilant ainsi d'autres voies impénétrables qui seront un nouveau défit que notre intelligence devra relever en procédant à un nouvel élargissement de ses capacités. Le processus est absolument génial par le fait que ceux qui s'adonnent à vouloir pénétrer les voies infinies du Divin Créateur, sans pour autant espérer (je devrais dire désespérer) jamais pouvoir y parvenir, se trouvent dans l'obligation d'activer leurs facultés supérieures, sans lesquelles aucune élévation n'est possible. je pourrais résumer ce processus par la formule : cette quête de l'impossible est la principale condition qui active notre perfectibilité. En cela, il s'agit bien de la découverte des lois de la Divine Providence.
Comme le disait fort justement le Maître Koot Hoomi Lal Singh, dans une de ses lettres : lorsque je pense comme un homme, je suis un homme, lorsque je pense aux dieux je suis un dieu.
... créa de rien le Ciel et la terre, et tout ce qui est en iceux contenu visible et invisible, quel nom que tu leur bailles ou leur puisses bailler.... Nous voilà au coeur du véritable mystère, celui de l'acte Créateur. Cet acte créateur que nous avons si galvaudé dans notre langage courant, - au point de nous attribuer cette faculté Divine et Unique -, nous fait perdre le sens véritable de cette illustrissime fonction Divine. Lorsque nous « créons » quelque chose, que ce soit de façon concrète, ou abstraite, nous utilisons toute une série de matériaux préexistants ainsi que les énergies nécessaires à leurs modifications et assemblages, sans lesquels nous ne pourions rien faire. Lorsque nous exprimons des idées soi-disant originales, nous utilisons les organes dont la Nature nous a préalablement dotée avec ses fonctions, ou les mots qui nous ont été enseignés. La création d'un écrit utilise aussi des supports qui serviront à l'exprimer, et qui ne sont que des recyclages de choses déjà antérieurement créées. Pour les idées il en est de même, impossible d'avoir une simple pensée qui soit exprimable en dehors de la sphère de la création existante, dans un langage inconnu, formuler d'une façon qui n'emprunte rien à ce qui existe déjà et qui en ferait une véritable création originale. D'ailleurs dans une telle occurrence, cette pensée resterait parfaitement incompréhensible à l'ensemble de l'univers, et peut-être même à son auteur...
Le Mystère reste donc entier, mais si les voies du Seigneur sont temporairement impénétrables, ce qui le restera à jamais c'est justement comment de « rien » il est possible de créer quoi que ce soit et à fortiori le Ciel la Terre et l'Univers. Sans compter, que si nous parvenions à donner un début d'explication à ce Mystère, ce que s'efforce de faire le Kybalion, comme j'ai eu à en traiter lors d'un précédent article dans le Grand Œuvre d'Hermès Trismégiste, par l'Univers Mental, il restera encore à éclaircir le Mystère de l'espace immense qu'il a fallu trouver pour rendre cette création ex nihilo possible. Certains sans cervelle, aveugles congénitaux, cherchent désespérément une preuve indiscutable de l'existence de « Dieu » ou du Divin Créateur, alors qu'ils ont sous les yeux l'immensité de la création qui par la Grandeur de l'oeuvre sortie de rien, leur démontre l'ineffable Grandeur de l'Oeuvrant, et comme le rappelle si justement Basile Valentin dans cet extrait en exergue : Car Dieu fit toutes choses de rien. Ce à quoi je rajouterai qu'en plus il est le Seul et l'Unique à posséder cette faculté. Mais pour que cette réalité soit pénétrable, encore faut-il ne pas avoir la vanité de croire que nous avons la possibilité, si minime soit-elle, de nous dire créateur de quoi que ce soit.
Or comment fut faite cette merveilleuse création, j'estime que ce n'est ici le lieu de s'en enquêter, car telles matières doivent être plutôt confirmées par la foi et par la sainte Écriture... Oui cher Basile valentin, espérer pénétrer les voies hermétiques du Divin Créateur implique une Foi de charbonnier. Et la sainte Écriture, qui est celle que nous tenons de nos illustres prédécesseurs, n'est sainte qu'à la condition qu'elle soit Juste autant qu'il soit possible, et qu'elle ait atteint par son élévation vibratoire l'intemporalité qui lui confère son universalité. Cette sainte Écriture n'est pas là où certains prétendent qu'elle se trouve, le travail du quêteur de vérité ne serait que de faible conséquence, et de peu de mérites. Elle n’est accessible que par ceux qui sont capables d'activer leurs sens supérieurs, pour les autres elle est et restera volontairement voilée et obscure. Cette sainte Écriture est aussi celle non pas écrite par « Dieu » ou des dieux, mais celle des individus qui se sont tellement élevés en pureté et connaissance, qu'ils ont pu recevoir l'inspiration dite «Divine». Ceux-là, en plus d'être parfaitement vertueux, avaient aussi un immense sens des responsabilités, dont une qui veut que la véritable Connaissance ne puisse jamais être profanée par les barbares incultes, les frivoles et les sans cervelle. C'est pour ces excellentes et incontournables raisons que la sainte Écriture est forcément HERMETIQUE.
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