Les mystères de la forme
Le Mouvement.
Sujet difficile que celui-là, car le mouvement n'est qu'une conséquence de causes préalables. Cela présuppose l'existence de lois, et les lois, celle d'une Entité intelligente qui définit les règles et les rend compatibles avec celles existantes, de manière à faire que les mouvements qui en découlent, soient possibles et conformes au plan de l'harmonie universelle. Cette Entité intelligente rend cohérent et ordonné, ce qui sans Elle ne pourrait jamais l'être, ainsi que celle ayant le pouvoir Créateur. Ce Divin Créateur capable d'une harmonie parfaite n'est pas autre chose que la Vérité immuable Absolue, ce point fixe servant d'appuis à tout mouvement. Le mouvement par rapport à l'Immuable Vérité Absolue est donc une imperfection se déplaçant vers cette inaccessible ligne d'horizon qu'est la Perfection. Le mouvement résulte donc du principe de perfectibilité grâce auquel les différentes polarités magnétiques de ce qui se manifeste interagissent pour créer les déséquilibres générateurs de mouvements.Le mouvement est une imperfection qui s'active, mais cette action résulte elle-même d'une impulsion initiale, cette impulsion est toujours la manifestation d'une volonté plus ou moins Consciente. La Volonté Divine, à l'origine Genèse de toutes les impulsions, se caractérise par le fait créateur. Le Divin Créateur ne crée pas Lui-même, il fait les immuables et justes lois qui rendent cette création possible. Son impulsion initiale, le fameux Verbe créateur, s'exprime dans un Éternel Moment Présent du fait créateur par l'existence de lois principes en contingence d'être. Un mouvement, expression d'une faculté volitive, ne sera possible qu'a la condition que des lois lui offrent un champ du possible ayant ses propres limites et caractéristiques. Ces lois seront l'expression permanente de ce Verbe (vibration) qui constituera le point central de tout cercle de manifestation et du mouvement qui lui sera propre.
Le centre d'émanation du Verbe originel (les lois de la Divine Création) n'est pas une chose, mais un principe, ce point central est donc nécessairement un vide, qu'il convient de ne pas confondre avec le néant, ou le chimérique Tsimtsoum des kabbalistes hébraïques. Ce vide est cet état qui contient tout en simultané dans un Éternel Moment présent, et que le mouvement manifestera dans la sphère temporelle en mode successif. Lao Tseu a admirablement peint ce point fixe focal sur lequel le mouvement s'appuie lors de sa sentence onze :
Les rayons de la roue convergent au moyeu.
Ils convergent vers le vide.
Et c'est grâce à lui que le char avance.
Un vase est fait d'argile, mais c'est son vide qui le rend propre à sa tâche.
Une demeure est faite de murs percés de portes et de fenêtres, mais c'est leur vide
qui la rend habitable.
Ainsi, l'homme construit des objets, mais c'est le vide qui leur donne sens.
C'est ce qui manque qui donne la raison d'être.
Le mouvement n'est donc possible que par l'existence de lois principes, et par l'impulsion d'une faculté volitive reposant nécessairement sur une pensée. Et c'est là que les mécanismes de la création entrent en jeu pour rendre ce mouvement possible. En effet, pour qu'il y ait mouvement il faut nécessairement énergie, et la source de toute énergie, son état originel le plus protéiforme est bel et bien celui de sa plus haute vibration qu'est la pensée. L'énergie précède la pensée, c'est la puissance vitale animatrice de l'ensemble de la Création, lorsque la pensée se manifeste, elle est déjà une transformation de cette énergie originelle ; et lorsque cette pensée, par l'impulsion de la volonté, passe à l'action, elle transforme son énergie en mouvement, et le mouvement transformera sa puissance vitale en énergie cinétique et en forme. La transformation de cette énergie originelle en différents états, se fera selon une plus ou moins grande résistance qu'offriront la pensée et la forme dans lesquelles elle se manifestera. Cette résistance fera varier le niveau vibratoire de cette énergie allant du plus élevé (le subtil, l'éthérique, le spirituel) au moins élevé (l'épais la plus forte densité de la cristallisation de la matière), et donnera plus ou moins d'amplitude au mouvement qui anime chaque forme manifestée. Ainsi, le mouvement d'un atome n'aura pas la même amplitude que celui d'un astre ; la pensée animatrice de l'un se faisant dans un champ du possible incomparablement plus réduit que la pensée animatrice de l'autre. L’énergie véhiculée par ces pensées n'ayant ni la même puissance, ni le même rayonnement.
Il découle de ce qui précède que la pensée reçoit autant d'énergie vitale qu'elle est capable d'en contenir, mais pas plus. La forme, que sera capable de manifester cette pensée, sera elle aussi proportionnelle à la puissance de l'énergie vitale contenue dans la pensée animatrice. Le mouvement que produira cette forme sera donc en relation directe avec cette quantité d'énergie qui constitue son carburant. Tous ces mouvements constituant une hiérarchie de forces dont les plus puissantes entraînent les forces inférieures. La Galaxie entraîne les constellations, les constellations, les étoiles, les étoiles les planètes, les planètes leurs satellites, chaque astre entraînant des forces internes qui produiront les mouvements tectoniques, climatiques, etc. Jusqu'à la forme de mouvement la plus élémentaire et la moins puissante.
Reste que l'union de l'énergie vitale originelle et de la matière qui donne une enveloppe de forme à la pensée se fait par le truchement de la force psychique qui reçoit de l'une et alimente l'autre. Nous retrouvons ici le principe des Puissances du Ternaire Divin tel que l'a défini Fabre d'Olivet sous les dénominations de : Providence, Conscience et Destin.
La Providence, l'océan infini des énergies vitales du Divin Créateur, apporte à la Conscience autant de force qu'elle est capable d'en contenir et que la faculté volitive de cette dernière transformera en forme et mouvement au sein de la sphère de manifestation causale cyclique du Destin. Savoir appréhender la nature et l'amplitude d'un mouvement, permet donc de définir la puissance et l'amplitude de sa Conscience animatrice. Voilà de quoi permettre une observation plus subtile de tout ce qui nous entoure, surtout si l'on est capable de réintégrer chaque mouvement au sein de la Hiérarchie des forces en actions et réactions, sans oublier les résistances que produit chaque forme pour empêcher la Conscience animatrice de se libérer de son carcan égotique auquel elle s'identifie. Le mouvement centrifuge de cette forme oppose une résistance à la Conscience qu'elle maintient à la périphérie de sa sphère de manifestation, l'empêchant de rejoindre le centre par lequel elle peut s'affranchir de la domination de cette force centrifuge, et donc prendre consciemment le contrôle de ce mouvement et en toute connaissance de cause lui donner une amplitude nettement plus grande.
Cette prise de contrôle par la Conscience du mouvement spécifique à la forme dans laquelle elle se trouve incarnée, est nécessairement un acte volontaire dont l'efficacité résultera de l'importance du niveau de Connaissance de cette Conscience. Parvenir à la pleine maîtrise du mouvement de sa forme (en réalité de ses trois formes), est un état de perfection grâce auquel le champ de la Conscience en s'élargissant, parviendra à recevoir une quantité considérablement plus importante d'énergie que celle qu'elle à manifestée dans la forme actuelle, lui permettant d'activer sa faculté volitive pour un mouvement d'une amplitude supérieure et la forme au travers de laquelle il se manifeste. Les lois, les principes, la Genèse constante du Verbe Créateur, l'énergie vitale, la pensée, la Conscience, la volonté et la forme sont les constituants indispensables du mouvement. L'étude des particules les plus élémentaires ne se fait d’ailleurs que par l'étude des mouvements de ces particules, par les physiciens et leurs puissantes machines à collisions, après accélération d'icelles. De ce mouvement dont ils parviennent à prendre un certain contrôle, il leur est possible de remonter la chaîne de causalité jusqu'aux frontières où ses lois causales n'ont plus cours, car au-delà de la sphère temporelle il faut entrer dans celle de l'Éternel Moment Présent, et un champ de Connaissance très différent de celui qui permet d'appréhender les effets de la temporalité.
Le mouvement découle de la forme, la forme de la pensée et cette dernière contient autant d'énergie vitale qu'il lui est possible d'en recevoir. Lorsqu'une pensée est fortement teintée d'inconscience, elle se substitue à l'absence de Conscience et engendre une forme et un mouvement qui échappent au contrôle de l'âme-de-vie qui se trouve instrumentalisée par des puissances extérieures de son archétype, ainsi que les petits démons si prompts à mettre leurs victimes en servitude. Reprendre le contrôle de sa volonté par une prise de Conscience dont la force dépendra de sa permanence, sera une des premières étapes de libération de l'âme-de-vie. Cela passera obligatoirement par la domestication des instincts, désirs, passions et émotions qui sont ces forces extérieures gouvernant l'état d'inconscience. La deuxième étape, lorsque la Conscience se sera stabilisée au centre de l'Éternel Moment Présent, consistera en la maîtrise de la matière mentale et la mise en mouvement des pensées-formes par la manifestation d'une volonté résonnant sur un niveau vibratoire plus élevé grâce à l'élargissement du champ de Connaissances. Cette accession à plus de puissance énergétique passe par l'accumulation de forces, et cette accumulation de forces s'obtient uniquement par la pratique régulière et constante des vertus. L’élévation vibratoire qui découle de l'élargissement du champ de Conscience permet de concevoir des pensées-formes plus justes en vertus ayant pour conséquence une augmentation considérable de la capacité de concentrer l'énergie vitale avec les répercutions proportionnelles sur la forme et le mouvement qu'animeront ces nouvelles pensées plus justes en vertus.
La capacité de concentrer une plus grande capacité d'énergie vitale, permettra en outre à cette pensée-forme d'utiliser consciemment et ponctuellement, les forces des puissances supérieures avec lesquelles cette âme-de-vie Consciente pourra s'harmoniser par résonance vibratoire et télépathie (voir le carnet du Rémora). Nous retrouvons en bas, ce qui se pratique en haut lorsque des individus, suivant leur degré d'évolution, peuvent rejoindre et faire partie d'un groupe de pensées semblables, servir ce groupe et les desseins qui sont les siens, comme il peut espérer bénéficier de l'assistance et de la coopération de ce groupe dans l'exercice de ces actions individuelles conformes aux buts de ce groupe. Ceci se retrouve dans les milieux scientifiques, financiers, politiques, philosophiques, éducatifs, culturels et cultuels. Chaque membre de ces groupes doit un service à ce groupe, mais sait pouvoir profiter de l'aide des autres membres. Notons qu'il est coutumier de dire de ces associations ou groupes de pensées qu'il s'agit de : mouvement ... Tout comme il y a un mouvement matérialiste et un mouvement spirituel, chacun étant le produit de pensées-formes spécifiques. Il sera facile de constater dans la réalité objective, que beaucoup de personnes sont aptes à suivre un mouvement spécifique, comme une force d'attraction irrésistible, mais peu sont capables de s'en extraire volontairement. Ce phénomène se retrouve presque d'une façon caricaturale dans le système rigide des castes en Inde. Mais en dehors de ce carcan rigide imposé par un dogme religieux tout aussi rigide, il y a le même phénomène que nous retrouvons dans toutes les civilisations, les cultures, les régions, les races, les tribus. Une personne issue d'un milieu modeste qui s'élève socialement se verra toujours plus ou moins culpabilisée par les membres de son ancien groupe considérant cet affranchissement individuel comme une forme de trahison au mouvement initial. Peu importe pour les membres de ce mouvement social de savoir que l'acquisition des facultés supérieures qui ont permis l'accession de ce membre dans un groupe supérieur, n'empêche en rien d'appartenir aux deux groupes, c'est même là la première qualité de l'élargissement du champ de Conscience ; ceux qui n'ont pas évolué au point d'être capable de « suivre le mouvement », seront psychorigides dans leurs certitudes et leurs préjugés.
Le mouvement est perçu comme une action individuelle, mais il est en relation étroite avec les autres mouvements, plus ou moins puissants, comme celui d'un groupe, d'une nation, d'une culture, d'une génération, mais aussi avec ceux encore plus puissants, même si leur perception d'un point de vue individuel n'est pas toujours une évidence première, comme le mouvement de l'évolution des espèces, celui de la planète, du système solaire et des forces Cosmiques. Les mouvements de ces évolutions simultanées et successives imposent des réactualisations constantes des pensées-formes. Pour ceux n'ayant pas encore le contrôle de leur propre mouvement, ces réactualisations se font par l'intermédiaire de la souffrance incessante et les heurts continuels avec le milieu. Pour ceux qui ont le contrôle de leur mouvement, les adaptations étant continuelles et volontairement conquises, elles se font dans la sérénité et la plus grande liberté, car comme le disent les Tablettes de Thoth : connaître les lois c'est être libre !
Le Mage sera donc celui qui, par la force de sa volonté, sera capable de mettre en mouvement une pensée-forme issue de la matière mentale, mais nous entrons trop directement dans la Haute Magie de la manipulation des forces vitales, alors que le temps n'est pas encore venu.
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