Composé par Frère Basile Valentin, commentaires.
de l'ordre de St Benoist
AVANT-PROPOS
Sois attentif, et considère diligemment ce que je vais dire, (Si tu es désireux de science) car il ne me plaist point à parler en vain, et telle n'est pas mon intention, que de me servir à cet effet de paroles frivoles, vu qu'elles ne servent de rien ; ou de bien peu pour apprendre ; bien au contraire, c'est tout mon but que de montrer en peu de mots des choses qui soient appuyées et fondées sur de bons fondements, et fondées sur des expériences très certaines.
Commentaires :
Dans cet extrait de l'avant-propos de ses douze clés, Basile Valentin avertit son lecteur d'être d'une part attentif, car il sait bien qu'il ne suffit pas de lire de façon désinvolte pour pouvoir pénétrer le sens Cachant d'un puissant langage analogique; et d'autre part, l'enseignement de ce noble art qu'est l'Alchimie, implique que l'oeuvre et l'oeuvrant interagissent pour qu'il y ait transmutation de la matière.
Si tu es désireux de science, précise-t-il, ceci suppose que son lecteur manifeste une réelle volonté pour recevoir les richesses, qui, provenant de la Providence, ne s'imposeront pas à lui, mais qu'il devra élever son niveau vibratoire pour les recevoir. Dans la suite de cette observation, Basile Valentin indique que cet enseignement de la Providence, s’il se reçoit par adhésion volontaire, celui qui est désireux de le recevoir ne doit pas s'attendre à ce qu'il soit radoté. En outre, il indique que si une lecture frivole est fortement contre-indiquée, c'est pour l'excellente raison que l'enseignement de la Providence ne comporte aucune parole inutile, superficielle ou frivole. Car ajoute-t-il, elles ne servent de rien ou bien peu pour apprendre... Voilà qui devrait nous faire méditer longuement sur l'avalanche de verbiage creux, inconsistant, médiocre et insignifiant sous laquelle nous croulons par surabondance médiatique.
Sois attentif, dit-il au début de cet extrait, ceci est un appel manifeste à l'utilisation d'une Faculté qui habituellement se sclérose parmi le plus grand nombre pour cause de manque de pratique. Car s'il est agréable de faire ou lire des choses distrayantes et ne demandant que peu ou aucune concentration, ce qu'il en reste au sein de son propre patrimoine culturel est proportionnel au peu de concentration exigée. Tout véritable enseignement, digne de ce nom, nécessite effort et travail, et l'enrichissement ne commence réellement que s'il est nécessaire de faire appel aux facultés de concentration, de méditation de réflexion. Tout ce qui s'acquiert facilement disparaît facilement. Seul ce qui demande un sacrifice de soi, de l'endurance de la constance, de l'obstination, a des chances d'être un acquis durable.
L'Alchimie, cette sublime science d'Hermès, n'est rien de moins que celle qui permet, à l'oeuvrant qui s'y adonne sérieusement, d'activer ses fonctions et facultés supérieures. Fonctions sans lesquelles il ne peut espérer être autre chose qu'un animal sensoriel mortel.
Basile Valentin nous dit aussi dans cet extrait, que son but, c'est de montrer en peu de mots... Voilà qui va induire que chaque mot utilisé sera donc d'une extrême importance, et qu'il conviendra, dans la suite de ses douze clés, de faire en sorte d'en négliger le moins possible.
Enfin, précision sur laquelle il convient de ne pas passer trop rapidement, le fondement de l'enseignement que va délivrer Basile Valentin n'est pas un délire illusoire, mais le fruit d'une véritable expérience, ce qui implique dans cette science qui fait appel à la Foi, une osmose avec la Raison.
Si le savoir fait appel à la mémoire, faculté sensorielle organique volatile et périssable, la Connaissance nécessite un confondement de celui qui désire recevoir, avec la science désirée ; ce confondement fait passer cet acquis de la mémoire périssable à la conscience immortelle, et le fait entrer dans le patrimoine karmique ; en cela réside l’essence de la transmutation de l’alchimie spirituelle.
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