Livre d'Hénoch 7

Livre d’Hénoc (Enoch, Thoth, Hermès) : Chapitre QUATRE

1. Ils considèrent et admirent comment chaque arbre se couronne de feuilles ; comment il les perd ensuite, à l’exception de quatorze arbres privilégiés qui restent toujours verts, et qui pendant plusieurs hivers présentent l’apparence du printemps.

Commentaires :

Noble préoccupation que celle qui consiste à considérer et admirer l'aspect de formes en contingence d'être sur les plans des Principes. Mais si nous tenons compte de ce que j'ai signalé dans l'article concernant les mystères des formes, les pensées de ceux qui habitent dans les cieux, comme l'indique le texte qui précède cet extrait, sont ici le rassemblement des énergies-pensées qui produiront les formes spécifiques, selon les lois de la Divine Création.

L'arbre, avant que par déclinaison successive il ne devienne ce que nous percevons comme forme dense dans la sphère organique temporelle, est sur le plan des Principes un schéma abstrait de manifestation. La forme la plus répandue dans l'ensemble de la Création étant la forme sphéroïdale, cette forme doit se comprendre comme un point de focalisation des différentes sources d'énergies (Feu, Air, Eau, Terre) qui produira des manifestations dans toutes les directions à l'intérieur de sa sphère selon les pensées animatrices qui en seront les racines. Ces manifestations ne seront pas toutes de même amplitude, de même aspect, ni de même puissance, ce qui donnera des ramifications sensiblement différentes les unes des autres, tout en ayant une filiation commune (un tronc). Cette forme symbolique de l'arbre, constituera l'archétype d'un processus de croissance que nous pourrons constater sur tous les plans de la Création, comme l'Arbre de Vie dans le jardin d'Éden.

La Vie est un processus arbustif, avec ses racines qui plongent en Terre, son tronc qui est en réalité sa mémoire, les ramifications de ses branches s'élevant toujours vers le ciel et ses feuilles venant couronner sa tête, l'ensemble constituant son vêtement corporel. La Connaissance est aussi symbolisée par un arbre, comme les Kabbalistes hébraïques l'ont représenté avec l'arbre Séphirotique ayant à sa tête Keter = la couronne.

Si tu veux croire au Pouvoir qui agit dans la racine d’une plante, ou imaginer la racine qui est cachée sous le sol, tu dois penser à sa tige ou tronc, à ses feuilles et à ses fleurs. Tu ne peux pas imaginer ce Pouvoir indépendamment de ces objets. La vie ne peut être connue que par l’Arbre de Vie... Precepts for Yôga.

Dans l’antiquité, le Symbole de la Connaissance Sacrée et Secrète était partout un Arbre, par lequel on entendait aussi une Écriture ou une Annale. C’est de là que vient le mot Lipika, qui signifie les Greffiers ou Scribes ; les Dragons – symboles de la Sagesse – qui gardent les Arbres de la Connaissance, le Pommier "doré" des Hespérides, les "Arbres Touffus" et la végétation du mont Mérou, gardés par des Serpents. Junon donnant à Jupiter, le jour de son mariage, un Arbre aux fruits d’or, est une autre forme d’Eve offrant à Adam la pomme de l’Arbre de la Connaissance. Doctrine Secrète, volume I page 220.

"L’ETRE" dont nous venons de parler, et qui doit rester sans nom, est l'Arbre duquel sont descendus, dans les âges suivants, tous les grands Sages et Hiérophantes historiques. Doctrine Secrète, volume I page 312.

C’était un enfant d’Esprit pur, que ne teintait mentalement aucune souillure d’élément terrestre. Sa forme physique seulement appartenait au temps et à la vie, car il tirait son intelligence directement d’en haut. C’était l’Arbre Vivant de la Sagesse Divine, comparable par conséquent à l’Arbre du Monde des Légendes du Nord, arbre qui ne peut se flétrir ou mourir avant que la dernière bataille de la vie n’ait été livrée, tandis que ses racines sont constamment rongées par le Dragon Nidhogg. Doctrine Secrète, volume I, page 317

Mahomet, suivant les habitudes du style oriental, présentait à ses disciples une allégorie qu'on a prise pour un conte absurde à peu près comme le fait Voltaire pour les paraboles de la Bible.

Il existe, disait-il, un arbre nommé Tuba si vaste et si touffu qu'un cheval lancé au galop et partant du pied de cet arbre galoperait pendant cent ans avant de sortir de son ombre. Le tronc de cet arbre est d'or, ses branches portent pour feuilles des talismans faits de pierreries merveilleuses qui laissent tomber, dès qu'on les touche, tout ce que les vrais croyants peuvent désirer, tantôt des mets délicieux, tantôt des vêtements splendides. Cet arbre est invisible pour les impies, mais il introduit une de ses branches dans la maison de tous les justes et chaque branche a les propriétés de l'arbre entier. Cet arbre allégorique, c'est le magnétisme du bien. C'est ce que les Chrétiens appellent la grâce. C'est ce que le symbolisme de la Genèse désigne sous le nom de l'arbre de vie. Mahomet avait deviné les secrets de la science et il parle comme un initié lorsqu'il raconte les beautés et les merveilles de l'arbre d'or, du gigantesque arbre Tuba. Le Grand Arcane d'Eliphas Léphis, livre troisième.

Par ces quelques petits extraits, il pourrait y en avoir de quoi faire un livre entier, nous constatons l'importance de la forme symbolique de l'arbre en tant que principe végétatif de l'énergie vitale. Dans mon commentaire du verset 1.11 des Tables de la Loi du Sépher de Moïse, dans la Véritable Histoire d'Adam et Eve enfin dévoilée, je disais : Ce symbolisme du germe, de la semence, de l’arborescence et de la fructification, est la puissance d’être, intemporelle qui émane du centre du cercle, et qui vaut pour toutes espèces vivantes, êtres humains inclus ; c’est le symbole, fort mal compris, de l’arbre de vie dans le jardin d’Éden, c’est l’arbre Kabbalistique par excellence, ou encore les arbres de vie que l’on retrouve dans presque toutes les grandes traditions, y compris les traditions Bardiques.

Il ne s’agit pas de bois, de branches, de feuilles et de pommes, même s’il peut y en avoir aussi dans certains cas, mais de principes et de croisements de forces contingentes intemporelles invisibles, les anges et démons de la création. La semence étant la Monade, le Noumène, le Neter ou le Noùs. Cet indéfinissable don du Divin Créateur qui fait que nous sommes différents, tout en étant une partie de Lui-même, une merveille d’intelligence créative : la Lumière, élémentisation intelligible.

L’être humain, dans son principe de développement corporel est une variante de cette forme arborescente, tout comme son développement collectif qui se traduit par son arbre généalogique. Nous retrouvons par ailleurs ce principe d’arborescence dans la classification des espèces tant animales que végétales. Même la physique tente de remonter au tronc de la force unique de laquelle sont issues les quatre principales branches des forces énergétiques qui gouvernent le monde quantique et astronomique.

Ce principe de germination, d’arborescence, de fructification, se retrouve tout autant sur les plans les plus inattendus comme ceux des entreprises humaines, des organisations sociales, des Nations, ou des civilisations ; ou encore sur le plan climatique, et astronomique. Chaque fois que les circonstances sont favorables, les puissances en contingentes d’êtres, enclenchent le processus qui aboutit à la forme manifestée, l’arbre de vie, (que l’on devrait plutôt qualifier d’arborescence vitale) comprenant semence, racines, tronc, branches, floraisons, fructifications, pour la partie visible, et pour la partie invisible odeurs, sons, couleurs et propriétés réactives par rapport à l’environnement ; ce qui nous donnera par exemple, pour une plante, ses propriétés thérapeutiques.

Il n'est donc pas surprenant de retrouver au début du livre d'Enoch, ce que nous retrouvons au début de la Genèse dans les Principes de la Divine Création, la forme arborescente comme étant celle qui viendra remplir la sphère des manifestations. La Couronne de cette forme d'arbre nous indique le chemin de l'élévation et le sommet de son développement à l'intérieur d'un processus cyclique. Ici, difficile de ne pas voir aussi une analogie avec les cycles de réincarnations constituant chaque saison durant laquelle cet arbre croît chaque fois un peu plus, avant que de finir par mourir (abandon de cette forme de manifestation).

Les quatorze arbres qui ont le privilège de rester toujours verts, sont des puissances supérieures n'étant pas soumises aux cycles inférieurs précédents, tout en ne bénéficiant de ce privilège que pendant plusieurs hivers et non tous les hivers. Nous verrons à la suite de ce que nous enseigne le livre d'Enoch, que ce début de hiérarchisation des formes, et des périodes de temps qui correspondent à ces formes, seront des indications subtiles qu'il conviendra de prendre en considération afin de ne pas nous égarer.