Fables alchimiques 3

Dans sa préface de ses fables égyptiennes et Grecques, Dom Antoine-Joseph Pernety pose, dans cet extrait, d'intéressantes questions.En ayant pour guide la Nature est-il possible de ne pas réussir ?... Si nous devons juger l'arbre à ses fruits, force nous est de constater que les civilisations qui se sont donné pour guide la Nature, n'ont jamais eu à s'en plaindre, et ne peuvent pas être classées dans celles qui ont échoué.La Nature nous guide d'abord par les sens qu'elle nous donne sur le plan le plus élémentaire de notre éducation. Mais il convient de constater qu'à l'intérieur du cercle d'une espèce tous les individus qui s'y trouvent n'ont pas la même compétence à se servir de ces 5 sens primaires. Certains feront preuve d'une très grande intelligence et subtilité, alors que d'autres feront preuve d'une extrême maladresse. Il nous est déjà donné de constater que si la Nature nous guide, elle le fait en tenant compte de nos différences naturelles, sans pour autant négliger le faible au profit du fort et inversement. Ceux qui se servent habilement de leurs sens primaires, en intellectualisant leurs fonctions respectives et croisées, auront certes un avantage sur les autres. Un peu comme ce pied de tournesol qui devient sensiblement plus grand que l'ensemble des autres tournesols d’un même champ au point de se distinguer du lot commun, mais qui n'en reste pas moins qu'un tournesol dans son essence. Mais ceux qui ne se distinguent pas du lot commun reçoivent le secours de l'archétype pour compenser leurs faiblesses en comparaison avec l'avantage des plus habiles, sous forme d'instinct relié à l'inconscient collectif qui assure la pérennité d'une espèce, quelle qu'elle soit. En cela, la Nature nous guide et ne permet pas que ceux qui la suivent se retrouvent en situation d'échec.

Notons au passage que si la Nature s'offre à nous comme exemple à suivre, elle ne s'impose pas, chacun restant libre d'en faire autrement, avec les conséquences que cela implique. Par ce simple fait, nous pouvons dire que la Nature en tant que guide, qui se reçoit sans s'imposer, est de l'ordre de la Providence. Mais la Nature en tant que Mère fécondante et protectrice de la Création a aussi un aspect régi par les lois de causalité et dans ce cas elle est de l'ordre du Destin. La créature, qui a la possibilité d'en éprouver l'aspect Providence ou l'aspect Destin, le fait par le truchement de la Conscience.

À quelle étendue peut-elle nous conduire, s'interroge Pernety... Si nous partons de nos 5 petits sens organiques, nous voyons déjà qu'elle peut nous faire appréhender l'ensemble de notre environnement proche. Pour peu que nous commencions à intellectualiser ces sens dans leurs applications ou dans les possibilités qu'ils renferment lorsqu'ils sont croisés entre eux ; l'amplitude de l'étendue s'agrandit considérablement puisque de notre environnement proche il nous conduit à regarder le ciel, les étoiles, les constellations et les interactions du visible et de l'invisible.

Sur un plan plus terre-à-terre, les médecins les plus anciens, comme les plus efficaces de notre monde actuel, savent pertinemment qu'ils ne font rien d'autre que d'aider la Nature pour permettre la guérison d'un malade. Ceux qui s'imaginent que la science matérialiste avec son cortège de médicaments, qui n'ont pas pour guide la Nature, mais uniquement les fabuleux profits des laboratoires, est capable de suppléer aux carences de la Nature s'égarent complètement, et sont de mauvais médecins. L'immense majorité de ces médicaments de la science moderne n'a pas pour caractéristique de guérir, mais simplement de soulager. Et les meilleurs d'entre eux, qui sont peu nombreux, sont efficaces lorsqu'ils ont un taux de réussite proche des 40 %... les autres doivent l'essentiel de leurs succès illusoires à ce qui est appelé avec une certaine condescendance méprisante l'effet placébo... Effet placébo qui représente quand même près de 30 % de guérison à lui seul ; taux de réussite auquel peu de médicaments peuvent prétendre. Ce n'est jamais le médicament qui soigne, dans l'immense majorité des cas, il ferait même le contraire comme il est aisé de le constater sur le terrain. Les populations qui absorbent le plus de médicaments ne sont pas les mieux portantes. Mais c'est le médicament qui parfois vient donner un coup de main à la Nature lorsque certaines fonctions organiques se révèlent défaillantes. Dans tous les cas c'est la Nature qui restaure les défaillances dans la proportion de 90/10, 10 étant la part réservée aux médicaments qui peuvent prétendre à une certaine efficacité, et qui sont fort peu nombreux à pouvoir le faire, je le rappelle.

La médecine Chinoise, très ancienne, n’a pas pour base le médicament pour guérir, mais l’alimentation naturelle et l'hygiène de vie, et son efficacité n’est pas inférieure à la médecine moderne, avec l’avantage de ne pas avoir un déficit abyssal pour un organisme de sécurité sociale, qui sert de pompe à finances pour les industries pharmaceutiques.

C'est encore la Nature qui guide les chercheurs des grands laboratoires pour la découverte de nouvelles molécules efficaces, au travers de plantes, venins, sérums, ou sécrétions naturelles diverses, qui seront souvent faussement imitées par des molécules de synthèses (permettant brevets et profits), mais qui seront à la molécule originelle ce que la photo est à la personne qu'elle représente, une pâle copie morte.

La Nature nous guide, mais elle a aussi son sens moral et vertueux. Suivre la Nature c'est aussi et surtout en respecter le sens moral et vertueux. Vouloir s'approprier ses mérites pour des raisons cupides, c'est manifestement sortir de ce sens moral et vertueux, et ceux qui le font perdent la Juste vision qui permet de recevoir les lumières subtiles de la Divine Providence, pour sombrer dans les ténèbres de l'ignorance du Destin.

Avoir la Nature pour guide permet incontestablement de faire des progrès considérables. Suivre sa voie, parvenir à imiter ses prodiges, ce qui implique une accession constante à la Connaissance, procure des pouvoirs et des possibilités qui passent rapidement de l'ordinaire à l'extraordinaire. Mais pour l'avoir à ses ordres, comme nous le suggère si habilement Pernety, il faut la voir dans le miroir de nos perceptions et qu'elle en soit le plus fidèle reflet. Dans ce cas, la Nature qui n'est que générosité permet à son suiveur (serviteur) d'en recueillir les bienfaits et lui offre les pouvoirs de sa Haute Magie. Le Mage reçoit alors ce que le Sépher de Moïse indique dans sa Genèse, le fameux sceptre de pouvoir d’Adam qui est le propre d'une Conscience dans sa phase glorieuse, pouvoirs qui sont puissants et réels comme nous le découvrirons par la suite. Que le reflet du miroir de nos perceptions se déforme sensiblement pour cause de pensées injustes et alors plus de Haute Magie ; le Mage devient le sorcier qui finira dévoré par une multitude de petits démons voraces, comme la cupidité, la convoitise, la jalousie, l'avarice, etc.

Reste encore un problème à régler et qui découle des questions que pose Pernety : de quoi faut-il faire preuve pour avoir la Nature pour guide?...

Si vous avez lu attentivement cet article et les précédents, la réponse vous sera spontanément facile. Mais pour ceux qui ne seraient pas encore assez familiarisés avec les ingrédients utilisés pour nos pratiques d'alchimie spirituelle, je leur donne cette fois-ci la réponse : Il faut faire preuve de Foi et de Raison.

De Foi, car ce qui n'est pas possible aux raisonneurs intellectuels, l'est presque invariablement pour la Nature. Il faut donc avoir la Foi, cette Faculté qui est la seule à pouvoir franchir les limites des certitudes de notre maigre savoir. Mais il y faut aussi la Raison, car la Nature ne délire jamais, et ne viole jamais les Lois de la Divine Providence. La Foi nous fait avancer dans les ténèbres de notre ignorance, et la Raison est la lanterne qui nous éclaire le chemin à suivre.

Mais le sujet est si vaste et si complexe, que nous aurons souvent l'occasion d'y revenir.

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Commentaires ------>

On Se mit donc en devoir d’imiter la Nature ; et sous un tel guide pouvait-on ne pas réussir ? à quelle étendue de connaissances cette découverte ne conduisit-elle pas ? Quels prodiges n’errait-on pas en état d’exécuter, quand on voyait la Nature comme dans un miroir, et qu’on l’avait à ses ordres?Commentaires :