Grillot de Givry 3

Livre d’ésotérisme et d’alchimie de Grillot de Givry : INTRODUCTION.

Au-dessus de nous, dans les sphères éternelles d’où émanent la Lumière et la Vie, règne le mystère, insondable et splendide, de l’Absolu.

L’Absolu enserre notre être comme un involucrum [1], et borne le cercle étroit de nos concepts précis ; en toutes choses il a imprimé sa commonéfaction.Ténèbres, Inconnu pour ceux qui n’ont pas la Science, il n’est qu’un voile qui recouvre la Cause Première, et qui se lève devant les Initiés.Heureux celui qui l’aura su déchirer avant l’heure ! car la Lumière qu’il connaîtra déjà ne l’éblouira pas par sa vision inattendue.Mais que ceux qui se seront complu dans l’inexistant craignent que, pour eux, le gardien du seuil ne soit obligé de l’écarter lui-même !Alors, à la vue de ce qu’ils n’avaient jamais soupçonné, de ce qu’ils avaient contemné [2] peut-être, ils tomberont anéantis dans les profondeurs du chasme, où, n’ayant plus conscience d’eux-mêmes, ils perdront leur entité et ne se retrouveront plus !

O la paucité [3] et la parvité [4] des doctes, en cet instant décisif ! Que de regrets d’actes non accomplis, de projets non exécutés ! Combien, ne pouvant réparer les omissions et les erreurs, devront, imparfaits, incomplets, impurs, accepter leur réalisation définitive !

Suis-moi donc, mon Disciple, dans la Voie de l’Absolu que je vais t’enseigner ; suis-moi, et je te promets qu’un jour tu ceindras ton front de la couronne de lumière, du diadème d’or des Sages, réservé à ceux qui, pendant leur vie, auront accompli l’Oeuvre qui résume toute OEuvre.

Beaucoup ont entendu discourir du Grand Oeuvre. Quelques-uns se proposent de s’y adonner, mais bien peu en abordent la question.

Tous disent : " Plus tard, quand nous auront conquis le loisir et le calme". Mais le loisir et le calme ne viennent jamais, tandis que l’Absolu te réclamera sans faute, puisque tu émanes de lui.

Oh ! passer sur cette terre sans avoir déchiffré l’énigme, sans avoir pénétré le secret inexsupérable [5] que certains, parmi nos aïeux, connurent, le pourrais-tu, toi qui as déjà quémandé la Sapience auprès de tant d’hommes qui ne la possédaient pas ?

Le Grand OEuvre ! Le Grand OEuvre ! Vocable prestigieux ! Fulgurante splendeur ! D’aucuns, dans les âges écoulés, auraient donc contemplé cette merveille, l’auraient possédée intégralement, et toi, tu la laisserais, inexpliquée, dans les livres !

Et dans l’au-delà, doué alors de la plénitude de ta lucidité perceptive, tu verrais la phalange triomphale des Sapients, inondés d’une joie radieuse, éperdus de bonheur et d’allégresse, se délecter de la Pierre des Philosophes, s’en nourrir pour l’éternité et tu n’aurais aucune part à ce festin !

Et tu entendrais les blanches théories des Initiés te crier comme Dante :

Guai a voi anime prave Non isperate mai veder lo cielo ! [6]

tandis qu’elles s’éloigneraient pour jamais, triomphantes, dans la Lumière, et te laisseraient seul, au sein des ténèbres grandissantes, leur diazome [7] sinistre s’étendant autour de toi!

Que cette pensée suffise donc à t’inspirer le regret de ta néglection du Magistère des Sages.

Plût à Dieu qu’il ne soit pas trop tard, et que tu ne te trouves déjà trop avancé dans la vie pour entreprendre de le parachever !

Car si l’ascèse n’a pas commencé au sortir de l’adolescence, il est douteux que tu puisses parvenir à la perfection. C’est dans ce sens que Nicholas Valois a dit : "Le Printemps avance l’Oeuvre". Et Saint Thomas d’Aquin : " Dans les premiers jours, il importe de se lever de grand matin et de voir si la vigne est en fleurs ".

Applique-toi donc sans retard, et avec la bénédiction

de Jésus-Christ, à sa mathèse et à son agnition

C'est, mon Disciple, pour te diriger dans

cette voie que j'ai entrepris, le Saint-

Esprit invoqué, d'écrire les

douze méditations

suivantes.Laus

à Dieu.

[1] Voile enveloppe

[2] Mépris, dédain

[3] Petit nombre

[4] Exiguïté

[5] Qui ne peut-être surpassé

[6] - Malheur à vous âmes perverses , N’espérez jamais voir le ciel !

[7] Acéphales sans coquille

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