Pymandre 2
Livre I d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 6 :
Je lui dis : « Je désire être instruit des choses essentielles, saisir leur nature et connaître Dieu. Oh ! Comme je désire comprendre ! » Nous assistons à la première manifestation du libre arbitre sur le plan supérieur et subtil… « Je désire être instruit des choses essentielles ». Le Noùs n’impose rien il attend d’être sollicité (la Providence à l'inverse du Destin se reçoit par adhésion volontaire), par là il démontre le caractère majeur du libre arbitre et de la faculté volitive ; si Celui qui peut tout, s’impose cette règle du respect du libre arbitre de ses créatures, alors il confirme en même temps que les lois de la Création s’imposent au Créateur, et comment pourrait-il en être autrement sans remettre en cause son Absolue perfection…
Contrairement aux enseignements religieux, la loi universelle n’est pas que nous fassions la volonté du Divin Créateur, asservissement contraire au libre arbitre, — et comment Celui qui se suffit à lui-même pourrait-il dépendre de cette longue attente —, mais bien que les lois de la création sont là pour permettre la réalisation de tous les champs du possible que doit pouvoir emprunter le libre arbitre lorsqu'il active sa faculté volitive…
Ce passage du Corpus Hermeticum renferme un arcane majeur que je traduirais par : Que notre volonté soit faite !…Et suivant le langage des oiseaux, il est permis d’entendre : Que notre volonté soit fête !
Livre I d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 7 :
Il répondit : « Garde bien dans ta conscience ce que tu veux apprendre et je t’instruirai. »
Petite indication subtile, mais extraordinairement puissante : Garde bien dans ta conscience. Pour accéder à la Connaissance des choses supérieures, la frivolité et le papillonnage ne sont pas de mise, il y faut constance, efforts, persévérance, obstination, détermination, régularité, autant d’attributs propres au libre arbitre. Ce n'est que lorsque la volonté du Roi se manifeste qu'il peut espérer devenir maître de son royaume. Il en est ainsi de la conscience qui doit d'abord se libérer de ses chaines des servitudes égotiques du Destin.
De surcroît, l'invitation qui est faite de garder dans sa Conscience, implique l'activation d'une faculté supérieure qui est la Mémoire. Pas la mémoire organique et périssable, qui à chaque réincarnation fait d'abord un plongeon dans le fleuve Léthée, celui de l'oubli, mais bien cette Mémoire qui centralise les expériences et les épreuves de toutes les incarnations, pour en constituer le précieux patrimoine karmique. Ce verset nous renseigne sur cette action d'apprendre qui consiste à garder dans sa Mémoire impérissable une si précieuse et intemporelle Connaissance. La Conscience ne peut s'élargir qu'avec l'accumulation de ces Connaissances et donc, par l'accroissement de cette Mémoire supérieure. Connaître c'est nécessairement se souvenir, et retrouver son état supérieur spirituel, c'est retrouver sa propre Mémoire.
Livre I d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 8 :
À ces mots, il changea d’aspect et, à l’instant, tout me fut découvert ; j’eus une vision infinie ; tout devint une seule lumière, sereine et joyeuse, dont la contemplation me donna une félicité extrême.
Cette volonté adamantine du libre arbitre ouvre la vision sur les plans supérieurs, et ce verset du Corpus Hermeticum le défini admirablement sans qu’il soit nécessaire de n'en rien y ajouter si ce n'est : ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut comme ce qui est en bas ; pour réaliser les miracles d’une seule chose.
Dans ce verset réside une subtilité sur laquelle j'attire votre attention, et qui est que l'alignement de son niveau vibratoire (sa forte élévation) sur celui de la Divine Providence, ouvre le champ de sa propre Conscience sur les Lumière de la Vérité Absolue. Il est encore trop tôt pour développer cet important aspect de la Haute Magie.
Livre I d’Hermès Trismégiste, Pymandre, verset : 9 :
Peu de temps après, dans une partie de cette lumière, des ténèbres effrayantes et lugubres descendirent et tournoyèrent en spirales sinueuses semblables à un serpent, me sembla-t-il. Puis ces ténèbres se transformèrent en une nature humide et indiciblement trouble, d’où s’éleva une fumée comme un feu, tandis qu’elle faisait entendre un bruit pareil à un gémissement indescriptible.
Très grande richesse que cet verset 9, que je n’ai pas l’intention d’épuiser complètement, tant il y a d’arborescences possible. La lumière, qui est l’essence du Noùs, contient les ténèbres, voilà une indication qui répond à une longue et ancienne question de l’humanité, donc les ténèbres sont les fruits de la lumière…
Effrayantes et lugubres, et comment n’en serait-il pas ainsi… Ces ténèbres, matrice de la Création, vont féconder dans l’obscurité et les profondeurs du chaos d'un inconscient collectif, tout le devenir de la création, de chaque créature, comme le fait l’hiver dans les profondeurs de la terre, le fœtus dans les profondeurs du ventre maternel… Les alchimistes disent fort justement que la pierre s’élabore à l’abri de la lumière qui lui serait définitivement mortelle… L’œuvre au noir…
« Les ténèbres », sont aussi ce puissant courant d’énergie négative, le fameux Serpent de la création que l’on retrouve dans toutes les grandes traditions initiatiques ; c’est la Vouivre qui circule dans les courants telluriques, c’est cet Orouboros des Égyptiens, serpent qui en se mordant la queue va créer les cycles infinis des réincarnations et de la régénération de la matière.
« Les ténèbres », la Lune pour les alchimistes est bien la voie humide, et la précision : « et indiciblement trouble », reste conforme à l’état instinctif qui est celui de la voie humide et de la Lune.
Nous constatons que la naissance des choses (la Genèse), comme toutes naissances, comporte son lot de mystères, de troubles, de gémissements (souffrances, douleurs), l’éloignement progressif de la Lumière du Noùs, qui est comme une lente sortie du jardin d’Éden…
Bon j’arrête là, mais ce n'est pas parce qu’il n’y a plus rien à dire, comme le démontrera la suite des prochains articles…
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