Livre d'Hénoch 3

Livre d’Hénoc (Enoch, Thoth, Hermès) : Chapitre PREMIER

3. C’est par eux que je pus parler et converser avec celui qui doit quitter un jour sa céleste demeure, le Saint et le tout-puissant, le Seigneur de ce monde,

4. qui doit fouler un jour le sommet du mont Sinaï, apparaître dans son tabernacle, et se manifester dans toute la force de sa céleste puissance.

5. Tous les vigilants seront effrayés, tous seront consternés.

6. Tous seront saisis de crainte et d’effroi, même aux extrémités de la terre. Les hautes montagnes seront ébranlées ; les collines élevées seront déprimées ; elles s’écouleront devant sa face comme la cire devant la flamme. La terre sera submergée, et tout ce qui l’habite périra ; tous les êtres seront jugés, tous, même les justes.

7. Mais les justes obtiendront la paix ; il conservera les élus, et exercera sur eux, sa clémence.

8. Alors ils deviendront la propriété de Dieu ; il les comblera de bonheur et de bénédictions et la splendeur de la Divinité les illuminera.

Commentaires :

Rappelons-nous que dans la précédente étude sur le livre d'Hénoch c'est par eux, signifie les anges, et que ces anges sont en réalité des puissances inspiratrices qui ne sont pas du domaine de la sphère temporelle, mais de l'état de l'Éternel Moment Présent. Celui qui, par son élévation à une pensée juste, parvient à la bénédiction des élus (détails de ce sujet dans le précédent article), a la faculté par le truchement des "anges" de converser avec les ou la Puissance céleste. Ceci nous renvoie au dernier article dans le Grand Œuvre d'Hermès Trismégiste sur la Voix du silence.

Les petites études au sein du Grand Œuvre d'Hermès Trismégiste sur des textes ésotériques et mystiques, venant de différents horizons, de différentes époques, doivent vous permettre de percevoir, par votre vision subtile si vous l'activez, le dénominateur commun à ces différentes sources d'enseignement, lorsque ces sources sont dignes de la plus haute élévation spirituelle. Dans les milieux financiers, il est coutumier de dire que les marchés (lieu de cotation des titres) sont en réalité dirigés par une main invisible plus que par celle de ceux qui sont sensés s'occuper de ces marchés... Je reprendrais cette image analogique pour dire que les enseignements les plus spirituels sont inspirés par la toute-puissance de l'Esprit invisible. Lorsque l'on débarrasse un enseignement ésotérique de son vêtement culturel, folklorique et traditionnel, (épuration d'une pensée vers ce qu'il y a de plus juste en vertus), nous constatons qu'il est possible d'identifier les lumières de la Divine Providence car, comme la Vérité Absolue, elle ne varie pas.

Celui qui doit quitter un jour sa céleste demeure, le Saint et le Tout-puissant, le Seigneur de ce monde... Que devons-nous entendre de plus juste par cette formulation ?... Certainement pas qu'il y a un endroit dans l'espace de la Création où se tiendrait retranché le Saint et le Tout-puissant, et que le reste de cette création serait hors de sa présence. Ce qui reviendrait à croire qu'il puisse y avoir quelque chose qui soit en dehors du Grand Tout, et donc qu'il ne serait plus ce Grand Tout... Ici, la Grande tradition hermétique diffère de la tradition hébraïque et de ce mystérieux phénomène du TSIMTSOUM un vide dans l'espace où Dieu retira sa Lumière... Mais comme ce paradoxe devient rapidement ingérable, pour cause de pensée injuste, il est expliqué que ce vide qui permet la création, ne serait pas si vide que cela, et que si la lumière de Dieu ne brille pas dans l'intégralité de sa forme glorieuse, il s'y trouve (dans ce vide si plein de choses) une lumière divine dégradée... Pour résumer ce concept hébraïque paradoxal, Rome ne serait plus dans Rome, mais elle y serait quand même un peu... Donc ce qu'il convient d'entendre de plus juste dans cette formulation du livre d'Hénoch, me semble être que le Seigneur de ce monde, dont la Lumière n'est pas intégralement accessible pour ses créatures sans risque de les mettre en danger dans l'état qui est le leur, rayonne dans un état (demeure) qui deviendra le notre, lorsque par notre évolution nous serons en mesure d'y accéder. Il quittera cette demeure solitaire pour fouler le sommet du mont Sinaï, dont le nom signifierait : la Haine... Si, comme j'ai déjà eu à l'expliquer lors de précédents articles, la montagne dans un texte ésotérique est l'analogie de l'accumulation des connaissances, nous pouvons déduire de la formulation : que lorsque le Saint et le Tout-puissant viendront un jour fouler le sommet de cette montagne qu'est le Sinaï, cela signifie que celui qui accède au sommet de la Connaissance, doit fouler (marcher dessus), la haine cette émotion infiniment vicieuse et ténébreuse.

L'apparition du Tabernacle, ce qui était symbolisé dans l'ancienne Égypte par le Naos sacré, est dans la tradition mosïaque le sanctuaire itinérant contenant l'Arche d'Alliance où étaient déposées les Tables de la Loi... Le livre d'Hénoch, dans ce verset, nous énonce avec une simplicité presque parfaite, l'essence de toute initiation... Les Tables de la Loi du Sépher de Moïse, auxquelles je fais et ferai si souvent référence, sont bien le recueil de l'Enseignement le plus élevé auquel un être humain puisse prétendre accéder. Elles se trouvent, ces Tables de la Loi, au sommet de la Montagne, dans le sanctuaire de celui qui y parvient à ce sommet, et à la condition qu'il soit parvenu à fouler sous ses pieds la Haine, émotion incompatible avec une pensée juste en Vertu... Ce n'est qu'à ce moment-là que le Seigneur de ce monde partage sa demeure et manifeste toute la force de sa céleste puissance.

Tous les vigilants seront effrayés, tous seront consternés, nous dit ce paragraphe 5. Comment celui qui s'élève par ses pensées justes en Vertus pourrait-il être effrayé (peur émotionnelle qui n'est pas compatible avec cette élévation)... Les vigilants qui seront effrayés sont ceux qui ne sont pas encore parvenus au sommet de cette montagne, car entre sa base et son pic, la montagne offre différents degrés d'élévation, mais seul le sommet où se trouvent nécessairement les justes (qui ont des pensées justes en Vertus) seront considérés comme les élus.

Aux autres, il est réservé ce qui est de l'ordre du Destin et de ses cycles de morts et naissances. Leurs montagnes de connaissances aussi hautes qu'ils s'imaginent qu'elles sont, n'atteignant pas pour autant le sommet voulu de la Connaissance, seront bien évidemment ébranlées, les collines élevées seront déprimées et s'écrouleront lors de chaque mort du cycle des réincarnations. La renaissance au sein de la sphère temporaire passe obligatoirement par le bain dans le fleuve Léthé, celui qui provoque l'oubli.

La terre sera submergée… Bien que nous aurons l'occasion de revenir amplement sur ce déluge, qui mérite de longs commentaires dans le tome II de la Véritable Histoire d'Adam et Eve enfin dévoilée (en téléchargement gratuit dans le Temple d'Hermès Trismégiste), je voudrais juste signaler que ce processus d'oubli individuel, se retrouve au niveau collectif lors de la disparition (mort) d'une civilisation. Car, comme le précise si justement ce paragraphe du livre d'Hénoc, tout ce qui habite la terre est mortel et doit obligatoirement périr.

Dans le paragraphe 7, il nous est habilement suggéré que ceux qui sont parvenus au sommet de la Montagne au point d'être considérés comme des justes, ne sont plus et ne seront plus concernés par ces cycles de destructions. La fameuse sortie de la roue des réincarnations que nous retrouvons sous un habillage différent dans la tradition bouddhiste, mais dont le principe est rigoureusement identique, et qui est aussi ce que symbolise la lame Dix du Tarot : la Roue de Fortune.

En 8, Nombre de la Justice, que ce soit dans les lames du livre de Thoth, le Tarot, ou dans la tradition Chrétienne, nous avons une application de cette Justice Divine. Celui qui s'élève par des pensées justes en Vertus, reçoit les lumières de la Divine Providence, et les pouvoirs que lui procure la Bénédiction providentielle, comme je l'ai déjà expliqué lors de la précédente étude sur le livre d'Hénoch.

Devenir la propriété de Dieu, ne veut pas dire que le Divin Créateur a un sens matérialiste de la propriété, mais que l'élu, par cette noble Vertu qu'est l'HUMILITE sans laquelle il n'y a jamais de grandeur possible, cesse de s'enfermer dans un ego qui le coupe si dangereusement des lumières de la Divinité.

A ce stade d'avancement dans l'étude des textes ésotériques et mystiques, vous pourrez constater que la simple lecture profane de l'extrait que j'utilise pour cet article, n'offre en réalité que peu de perspective ; et la banalité d'une rédaction presque ordinaire du sens exotérique ne donne pas le sentiment d'une grande amplitude spirituelle. Pourtant, lorsqu'il est permis, comme je le fais, d'entrer dans les profondeurs de cet enseignement, il est de mon humble avis difficile de trouver plus haute élévation.

Une dernière petite chose que je voudrais vous signaler avant de clore cet article sur le livre d'Hénoch. Cette petite chose est aussi une importante clé qu'il vous faudra précieusement conserver en mémoire pour pouvoir ouvrir les prochaines portes des salles du Temple. Cette chose c'est : la Cohérence!

Une pensée Juste en Vertu, se doit d'être en harmonie avec les lois de la Divine Providence, cette harmonie ne peut pas exister sans une totale cohérence, c'est pourquoi il m'arrive et il m'arrivera souvent de dénoncer les paradoxes ingérables, car ces paradoxes sont les adversaires irréductibles de la Cohérence. Il me revient à l'esprit une formule qu'utilisait Albert Einstein et qui disait : Dieu est compliqué, mais jamais malveillant.

Celui qui est le Bien Absolu, ne peut pas être malveillant, sous peine d'incohérence, et donc de ne plus être le Bien Absolu. Rappelez-vous que ce qui est en bas est comme ce qui est haut et inversement, si le Divin Créateur est Cohérent, aller à sa rencontre ne peut se faire en empruntant les chemins de l'incohérence. Et la cohérence ne commence pas par les grandes choses, mais par les plus petites ; la plus petite de ces choses est la moindre de vos pensées qui doit être impérativement cohérente, pour parvenir à une Connaissance de même farine que l’Universelle...;-)

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