Pythagore symbole 6

Ce symbole de Pythagore nous renvoie inévitablement à la pensée juste en Vertus, et à la fameuse loi de Maât qui en est sa source. Comment celui qui travaille à se forger un corpus de pensées justes en vertus, pourrait-il succomber aux errements d'un verbiage creux, frivole, irresponsable, inconscient, négligent?...Si, chaque pensée a sa correspondance géométrique dans les formes, comme j'ai eu l'occasion de l'expliquer lors de précédents articles dans le Grand Œuvre d'Hermès Trismégiste, il n'est pas difficile d'en déduire qu'un bavardage futile, manifestation de pensées de même farine, ne pourra pas correspondre à autre chose qu'à un espace d'insignifiance de faible intensité vibratoire. L'inanité inconsistante de ce verbiage superficiel engendre un vide que la vanité dissimule invariablement sous des apparences trompeuses et fantasques. Un masque de sociabilité derrière lequel sévissent les ténèbres de l'ignorance, de la paresse et de la stérilité tant intellectuelles que spirituelles.

L'humanité de la présente civilisation a hélas érigé en principe cardinal, cette pratique du bavardage puéril et inefficace. Qu'il suffise de lire la presse, qui étale à longueur de colonne, pour cause de remplissage rémunérateur, des propos que deux lignes pourraient parfaitement résumer et éclairer de façon tout aussi pertinente. Ce bavardage épistolaire fait qu'aujourd'hui l'abondance des écrits n'est pas la garantie d'un accès à la connaissance, ce serait même l'assurance du contraire. D'autant qu'à bien y regarder de plus près, non seulement ce bavardage est creux, mais il est en plus un radotage de lieux communs, de clichés éculés, et de principes surannés; quand il ne sert pas de support à des préoccupations sordides de propagande et d'endoctrinement pour des causes aussi médiocres que l'économie de marché, la politique, ou la culture des vices, si favorables à l'expansion des commerces de toutes natures.

Nous retrouvons, à une place prépondérante, ce verbiage stérile, lors des bavardages audiovisuels ; lors d'émissions de radios, pour lesquelles le silence est la pire des calamités, et qui pour obvier à ce qui pour elles serait un sinistre, déversent sans discontinuer un flot ininterrompu de paroles où la bagatelle côtoie les balivernes, les fariboles, les fadaises et les broutilles. Quant à l'autorité dominante de ce panthéon de la futilité, de la misère et de l'indigence intellectuelle et spirituelle, je veux parler bien évidemment de la télévision, sa préoccupation mercantile de l'audience maximale, la condamne à ne s'adresser qu'au dénominateur le plus commun d'une population. Ce dénominateur est invariablement celui de la bêtise, des sornettes en tout genre, des badineries souvent libidineuses, de la misère cérébrale qui s'exprime par la violence, la brutalité, l'horreur comme référence morale, et les foutaises enrobées d'émotions graveleuses, impudiques et infiniment vulgaires, pour solliciter la générosité des fronts bas et des consciences en berne.

Retenir sa langue devant ces autres, ceux qui représentent la normalité ambiante, n'est pas qu'un sage conseil, c'est aussi une ardente nécessité pour ne pas se laisser aspirer dans cet espace d'insignifiance et de folie collective. Car, si l'homme ne devient que ce qu'il pense, il est aisé de comprendre que celui qui ne pense que des âneries, ne peut pas devenir autre chose qu'un âne, et qu'il finira par aller braire avec ses semblables, comme le dit si justement le Corpus Hermeticum : seul le semblable connaît le semblable.

Certains pourraient penser qu'il soit possible de pratiquer un verbiage creux et frivole, sans pour autant penser ce qui est dit, une sorte de dédoublement de la personnalité qui laisserait paraître le contraire de ce qu'est l'être. A ceux-là, qu'il me soit permis de signaler qu'outre le temps précieux qui nous est nécessairement compté, il serait inutilement perdu au détriment de la réalisation de notre patrimoine karmique ; ainsi que la dissipation d'une précieuse énergie vitale utilisée pour des carabistouilles et des vétilles périssables, cela les condamneraient tôt ou tard à la schizophrénie qu'engendre inévitablement la cohabitation du vice et de la vertu. Comme j'ai par ailleurs eu maintes fois l'occasion de le dire, la compromission de la vertu avec le vice, se traduit toujours par la victoire du vice in fine.

D'autres pourraient penser qu'il soit possible de parler de choses justes parmi les partisans de la faribole et de la baliverne, dans le secret espoir de les faire évoluer dans leurs pratiques stériles du bavardage de néant. Ce serait ici méconnaître les travers d'une nature humaine si prompte à la loi du moindre effort, et qui se trouvant dérangée dans son indolence et sa nonchalance cérébrale (ce que certains de ces spécimens rustiques appellent la prise de tête), ferait rapidement corps pour se retourner contre cet intrus à cette normalité paresseuse. Ce corps social étant toujours à l’affût d’un bouc émissaire, susceptible de finir sur le barbecue de leur intolérance, pour mettre un terme à l’éclairage insupportable de leur médiocrité routinière si confortable. En outre, vouloir faire le bonheur des autres contre leur volonté, serait une manifestation vaniteuse et un manque de sagesse vis-à-vis de l'ordre parfait des choses. Je le rappelle en tant que de besoin, que nous ne sommes pas ici-bas pour changer l'ordre naturel des choses, qui est nécessairement parfait, mais que c'est cet ordre naturel qui est là pour nous changer. En toute chose il y a deux sens, le bon et le mauvais.

Retiens ta langue devant les autres... Est ici plus qu'un judicieux conseil, c'est une ardente nécessité qui permet à l'adepte de manifester ses connaissances, la pratique de ses vertus et le sens élevé de ses responsabilités, notamment en ne se présentant pas comme l'élément perturbateur, qui, par réaction, activera les mauvais penchants de ces autres qui se contentent de verbiage creux et des apparences futiles.

... par obéissance aux dieux... Comment, celui qui s'est ouvert pour recevoir les lois de la Divine Providence, pourrait-il délibérément violer ces lois sans immédiatement retomber sous la domination des lois du Destin ?... C'est aussi ce que renferme si subtilement, et si simplement énoncé ce symbole de Pythagore. Un des axiomes des Tablettes de Thoth, qui manifestement contiennent des trésors de sagesse, dit : connaître les lois c'est être libre. Connaître ce qui sépare ceux qui savent, des ignorants tant dans leurs pensées, que dans leurs paroles, et ne pas adapter un comportement (action) en rapport des nécessités de cohabitation des uns et des autres, - car c'est toujours au plus riche, dans l'ordre naturel des choses, qu'il échoit de devoir donner au plus pauvre, et non l'inverse -, serait manifestement une violation des lois de la Divine Providence, et une désobéissance aux dieux qui sont l'expression de ces lois.

Eli, Eli, lama sabactani ? ne serait-elle pas la dernière question de celui qui n'a pas su retenir sa langue ?...

Jamblique, concernant l'interprétation de ce sixième symbole de Pythagore, disait :

"Retiens ta langue devant les autres par obéissance aux dieux, car la première tâche de la sagesse est de tourner sa parole vers soi-même et de l'habituer à ne pas se répandre, à s'achever en elle-même dans la conversation vers soi et après cela, dans l'obéissance aux dieux ; car rien n'achève l'intellect comme se tourner vers soi-même pour suivre les dieux."

Qu'une pensée juste en vertus se traduise par une parole de même nature, pour une action conforme aux deux, doit donc être la constante préoccupation de celui qui recherche l'épuration de son corpus de pensées qui structure sa Conscience, afin que ce corpus épuré corresponde à une forme glorieuse et non plus animale, tel est le sens que je donne à ce petit joyau qu'est ce sixième symbole de Pythagore.

De mon humble avis...;-)

Livre des symboles de Pythagore.

Symbole de Pythagore, l’héritier d’Hermès : 6

Retiens ta langue devant les autres, par obéissance aux dieux.

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