Citations d'Eliphas Lévi 2

Citation d’Eliphas Lévi livre I : 2

Le domaine du mystère est donc un champ ouvert aux conquêtes de l’intelligence. On peut y marcher avec audace, jamais on n’en amoindrira l’étendue, on changera seulement d’horizons. Tout savoir est le rêve de l’impossible, mais malheur à qui n’ose pas tout apprendre, et qui ne sait pas que pour savoir quelque chose il faut se résigner à étudier toujours !

Commentaires :

Après avoir placé en début de ses citations celle qui se rapportait à Dieu, dans cette deuxième citation, Eliphas Lévi attire notre attention sur le rapport qu'il y a entre les mystères et le développement de l'intelligence.

Il convient bien évidemment de comprendre par le terme de "mystère" ce qui ne tombe pas sous le coup des 5 sens organiques ; domaine pour l'exploration duquel il est nécessaire d'activer les sens supérieurs de l'individu, ce qui ne peut se faire qu'en partant de l'intellect raisonneur. Comme j'ai maintes fois eu l'occasion de le dire dans les précédents articles du Grand Œuvre d'Hermès Trismégiste, l'activation des facultés supérieures relève du libre arbitre et de la volonté de chacun. La conquête des mystères ne s'inscrit donc pas dans une chaîne de causalités du destin, mais vient d'une manifestation de la Conscience au travers de sa faculté volitive. Les mystères ne se révèlent jamais à qui ne fait pas le nécessaire pour soulever le voile d'Isis.

Celui qui ne cherche rien, ne trouve rien!

Certains, pour des causes diverses ou des circonstances fortuites, entrouvrent par hasard la porte qui donne sur le domaine des mystères et, surpris, étonnés, effrayés ou émerveillés par ce qu'ils entrevoient, se contentent de ces impressions, plus ou moins positives, et ne cherchent pas à aller plus loin. Un peu comme un randonneur assoiffé qui marche dans le désert et qui aperçoit au loin, sur sa gauche une oasis, et qui ne prendrait pas la peine de changer de direction pour aller à sa rencontre. D'autres limitent leur intelligence à l'unique gestion des sens organiques de l'animal humain (boire, manger, dormir, se reproduire, éliminer et distraire par des occupations vides de sens, un esprit laissé en déshérence et sans nourritures vitales). D'autres encore, découvrant le champ des mystères qui s'offre à eux, décident d'utiliser toutes les ressources de leur intelligence pour, comme l'évoque Eliphas Lévi, y marcher avec audace. Ceux-là découvriront rapidement que le développement de leur intelligence et de leurs facultés supérieures sera considérable et constant ; alors que ceux qui se maintiennent dans les limites de leurs cinq sens organiques, non seulement ne progressent pas, mais finissent inévitablement par régresser dans un matérialisme stérile et une médiocrité des échanges ordinaires qu'induit inévitablement l'absence ou la carence prolongée de nourritures spirituelles. Nourritures spirituelles qui ne se trouvent que dans les champs des mystères et nulle part ailleurs. La philosophie intellectuelle raisonneuse n’étant qu’un ersatz de nourriture vitale.

L'audace du randonneur qui entame sa marche à la conquête des mystères, sera rapidement modérée par la nouvelle amplitude grandiose qu'il donnera à son horizon et son voyage, en comparaison de l'amplitude que représente une vie organique. Les champs du possible qui s'offrent à lui sont si vastes, que rapidement il prendra conscience d'une modification d'échelle entre lui et cette immensité, et qui ne lui sera pas favorable. Il faudra ici, que notre randonneur intègre une des Vertus indispensables sans laquelle la poursuite de son cheminement risquerait d’être durablement compromise, je veux parler de l'HUMILITE. Croire qu'il est possible de courir un Marathon, comme lorsque l'on court un 100 mètres, serait manifestement manquer de discernement concernant la saine gestion des ressources énergétiques dont il dispose dans son état de randonneur, pour mener à bien sa randonnée.

Savoir qu'il ne nous est pas donné de parvenir au bout de l'horizon, dans l'état de notre complexion présente, permettra déjà de ne pas nous fausser la juste vision de ce qu'il est possible d'obtenir ou de ne pas obtenir. Un peu comme ces enfants qui, lors d'un long trajet en voiture, commencent dès le départ par demander à leur chauffeur de père : on est bientôt arrivé?... Avoir une juste idée de la longueur du trajet, du temps (ou de l’intemporel) qu'il nous faudra pour en parcourir un maximum, et des ressources qu'il faudra mobiliser pour y parvenir, voilà qui permet d'éviter les illusions et les chimères décevantes, ainsi que les superstitions issues de l'ignorance.

Que penser d'un grand randonneur s'engageant dans un long périple et qui ne prendrait pas, bien avant son départ, toutes les dispositions pour préparer son voyage tant dans les moyens dont il devra disposer, que dans la connaissance des régions à traverser?...

Eliphas Lévi ne nous dit pas autre chose dans cette citation 2, lorsqu'il invite à tout savoir autant-que-possible, sachant que l'horizon est illimité et qu'il n'est pas dans notre capacité de tout apprendre et de tout savoir, mais qu'il convient de le faire au maximum de nos possibilités, et sans faire preuve de négligence, jamais! Sinon cela ramènerait celui qui part à la conquête des mystères à la situation d'un touriste qui ambitionnerait de partir à l'ascension de l'Everest en short, marcel et tongs aux pieds et qui plus est, sans sac à dos.

S'il doit y avoir un sens noble à donner à une vie, rien ne me paraît plus digne d'intérêt que celui qui doit, par les efforts que cela nous impose, parvenir à révéler à notre entendement la plus haute idée que le Divin Créateur se fait de nous, et non la plus haute idée que nous sommes capables de nous en faire nous-mêmes, et qui sera toujours, par comparaison à la sienne, infiniment dérisoire et insignifiante. Là encore, je reprendrai la sublime formule de Grillot de Givry que j'ai déjà précédemment utilisé et qui dit fort justement : La noblesse de l'oeuvre requiert la noblesse de l'oeuvrant.

L'ignorant, le dilettante, l'improvisateur ou l'esprit superficiel qui viendraient à s'aventurer dans ce domaine des mystères, comme ceux qui par les hasards d'internet atterrissent dans l'académie d'Hermès Trismégiste, seraient si dépaysés, surpris, étonnés et incrédules qu'ils passeraient rapidement leur chemin pour retomber dans le cercle étroit de leurs préoccupations émotionnelles et terre-à-terre du moment. Comme il est dit dans l'Évangile de Matthieu, Verset 22,13 : car il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus.

La clé que nous délivre Eliphas Lévi dans cette citation est la même que celle que nous retrouvons dans toutes les grandes traditions initiatiques à savoir : que la conquête des mystères passe inéluctablement par la Connaissance, et pas n'importe quelle Connaissance, mais celle qui est la plus exigeante, la plus proche de la Vérité, ce qui nous renvoie à la pratique de la pensée juste en vertus, condition pour que cette Connaissance devienne le carburant nécessaire à l'intelligence afin que cette dernière aille à la conquête de ses propres mystères, passage obligé pour parvenir à la conquête des mystères de l'Univers et des dieux.

Difficile à ce niveau de progression dans ce champ des mystères, de ne pas évoquer le fameux arbre de la Connaissance qui se trouve au centre du jardin d'Éden et qui produit les fruits du Bien et du Mal. Sujet qui se trouve largement commenté dans le tome I, de la Véritable Histoire d'Adam et Eve enfin dévoilée, (en téléchargement gratuit dans le Temple d'Hermès Trismégiste)

Et-vous-serez tels-que Lui-les-Dieux, connaissant-le-Bien-et-le-Mal, dit ce merveilleux trope des Tables de la Loi du Sépher de Moïse. S'aventurer dans le domaine des mystères sans avoir acquis cette indispensable faculté qu'est le Discernement, et notamment le discernement du Bien et du Mal, base de toutes véritables Connaissances, serait l'assurance de s'engager dans une voie d'égarement et de perdition. Vouloir pratiquer la pêche hauturière sans instruments de navigation, ni boussole serait parfaitement suicidaire. Voilà pourquoi notre brave Eliphas Lévi nous convie à partir à la conquête des mystères, mais en étant solidement équipé.

Sur le plan pratique, guider le randonneur, c'est ce que propose le Grand Œuvre d'Hermès Trismégiste à tous ceux, qui, sans préoccupation de dogmes philosophiques ou religieux, sans avoir besoin d'appartenir à une association, une organisation ou un ordre quelconque, sans aucune obligation ni aucune cotisation à verser, souhaitent recevoir en toute indépendance et ouverture d'esprit, les enseignements de la grande et majestueuse tradition hermétique.

Pour tout viatique, vous ne devez apporter que votre soif de Connaissances, votre volonté et votre endurance à marcher audacieusement dans le domaine des mystères. Au début, comme lorsque l’on reprend après une longue interruption un exercice physique, les mollets du marcheur lui font un peu mal, comme les neurones du randonneur spirituel, mais très vite le plaisir de la découverte et des richesses reçues fait place à la souffrance.

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