Evolution politique, économique et sociale

Deux grands partis se sont formés avant la révolution et vont se structurer et dominer la vie politique belge : le parti catholique et le parti libéral. Ils vont gouverner ensemble pendant une dizaine d'années. Les libéraux vont gagner les élections de 1847 et rester au pouvoir jusqu'en 1884. Ils développent une politique économique forte et une certaine laïcisation de la société encore très influencée par le catholicisme. Au sein de ce parti, deux courants vont s'opposer. Les traditionnalistes souhaitant maintenir les choses en l'état et les radicaux qui militent pour les droits du peuple.

En 1884, les catholiques gagnent les élections : ils resteront au pouvoir jusqu'en 1914.

L'essor économique de la Belgique est intense pendant cette période et basé sur le commerce et l'industrie. Si les réserves de minéraux s'épuisent, il existe une ressource abondante, le charbon. L'industrialisation de la Belgique s'appuie sur trois bases : le charbon, le réseau de chemin fer le plus dense d'Europe et une main d'oeuvre bon marché. Ce dernier point crée pour les classes populaires des conditions d'existence très dures.

Le développement industriel est surtout le fait des régions wallonnes dans ce que l'on appelle le sillon Sambre et Meuse où se trouvent les principales exploitations charbonnières.

A la fin du 19e siècle, la Flandre plutôt agricole se transforme et s'industrialise. Mais la crise agricole des années1880 va inciter de nombreux flamands à s'installer près des centres industriels en Wallonie.

Au point de vue social, durant toute la deuxième moitié du 19e siècle, les conditions de travail et les salaires très bas vont entraîner un mouvement de revendications. Des grèves éclatent tant au nord qu'au sud du pays et sont durement réprimées. En 1868, une action de protestation se termine dans le sang. L'armée ouvre le feu et tue six personnes à Montignies-sur-Sambre. D'autres affrontements vont suivre. Le droit de grève et de former des syndicats n'est pas reconnu. Cela n'empêche pas le mouvement ouvrier d'organiser des mutuelles et coopératives d'entraide. Dans les années 1870, au sein du parti libéral, la branche progressiste fait pression sur le gouvernement. Deux partis se créent à Bruxelles et à Gand : le Parti Socialiste Brabançon (1878) et le Vlaamsche Socialistiche Arbeiderspartij (1877). En 1879, ils fusionnent et créent le Parti Ouvrier Socialiste Belge. Les progressistes libéraux s'en rapprochent et en 1885, le Parti Ouvrier Belge est fondé (POB). Il devient la troisième composante de la vie politique. En mars 1886, de nouvelles grèves et des émeutes se produisent dans tout le bassin industriel. L'armée intervient de nouveau et on compte 28 morts et des dizaines de blessés.

Sous la pression du POB et avec l'aide des progressistes des autres partis, le 18 avril 1893 la chambre adopte le suffrage universel modéré par le vote plural. Tous les hommes de 25 ans au moins sont électeurs et un vote supplémentaire est octroyé à ceux qui remplissent certaines conditions. Le vote devient obligatoire. Il faudra attendre le 10 avril 1919 pour avoir le suffrage universel masculin et 1948 pour que les femmes puissent voter.

Lentement, trop lentement, le sort des ouvriers va s'améliorer. En 1889, le travail des enfants est réglementé. En 1905, on interdit le travail du dimanche. En 1914, sort une loi sur l'obligation scolaire ce qui entraîne de fait l'interdiction d'employer des enfants de moins de 14 ans.