Les propriétaires 9

Le paiement se fera par une rente annuelle de 685 florins correspondant à un capital de 15 412,5 florins. L’acheteur paye immédiatement la somme de quatre mille trois cent quarante-deux florins en remboursement d’une partie de ce capital, ce qui ramène la rente due au comte de Glymes à 492 florins. À cette rente, s’ajoutent outre de petites rentes en nature ou en argent aux abbayes de Malonne, de Boneffe, au cloître de Saint Remy, aux chapitres de Saint-Denis et Fosse, etc. Une rente en argent de 234 florins est prévue pour monsieur Malfait au titre de son épouse (Catherine Paheau, sœur de Thérèse). Cette rente est due suite à une transaction faite le huit août 1746 entre les vendeurs et Ph. G. Malfait au nom de son épouse.

Le 20 septembre 1748 [1], Henry Dumoulin, qui s’est fixé à Folx, admet le retrait lignager [2] de la cense Vlemincx fait par Philippe Guillaume Malfait à titre de son épouse Catherine Paheau. Par ce retrait le couple Malfait-Paheau reprend tous les droits et obligations de Henry Dumoulin dus au comte de Glymes et son épouse.

Le 29 octobre 1748, la haute cour de Folx-les-Caves est informée que Catherine Paheau « cede et transporte irrévocablement à titre de donation, à son mari Malfait tous les droits qu’elle a sur la cense, pour en jouir et disposer comme son bien propre ».

Dans la foulée, le 7 novembre 1748 [3], Philippe Guillaume Malfait cède à Philippe François BOUCQUEAU et à son épouse Marie Livine BAUWENS la cense qu’il a acquise de Henry Du Moulin, par retrait lignager. Le prix et les conditions sont celles convenues entre Henry Demoulin et le comte de Glymes et son épouse. Pour ses frais, Malfait demande en sus une somme de 40 pistoles [4] et demie (425 florins 5 sols). Par la suite, il se plaint que ce montant est insuffisant et obtient de Boucqueau un supplément de 80 pistoles.

Dans ce cas-ci, il est clair que le retrait lignager n’avait pas pour but de maintenir la cense dans le patrimoine des Paheau, mais une astuce pour favoriser les Boucqueau au détriment des Dumoulin.

 

[1] AELLN, GSN 439, acte 9.

[2] Ph. Godding, Le droit privé dans les Pays-Bas méridionaux du 12e au 18e siècle, Bruxelles, 1987. Le retrait permet à un tiers de se substituer à l’acquéreur, en cas de vente de droits réels immobiliers, à condition de rembourser à celui-ci le prix qu’il a payé et les frais qu’il a exposés. Ce droit est surtout fondé sur les liens de parenté entre le vendeur et le retrayant : sous la forme du retrait lignager, il assure le maintien des biens propres dans le patrimoine du lignage.

[3] AELLN, GSN 439, acte 11.

[4] La pistole était une monnaie d’or, frappée en France et Espagne. En 1701, Philippe V, petit-fils de Louis XIV, roi d’Espagne de la dynastie des Bourbons, en fixe par ordonnance la valeur à neuf florins et dix-neuf patards.

Malfait

En 1748, Catherine Robertine de Paheau avait fait don de la cense de la Bawette à Folx à son époux Philippe Guillaume MALFAIT (°1701 Morlanwelz, †1783 Bruxelles). À cette époque, Catherine Robertine de Paheau était délaissée par son mari au profit d’une certaine Thérèse de Vos, avec laquelle il avait eu au moins trois enfants.

 

Philippe Guillaume Malfait est un personnage hors du commun et apparemment peu scrupuleux [1].

 Il avait été baptisé en 1701 au château de Mariemont dont son père était « contrôleur de la maison royale ». Il avait épousé en 1731, à Folx-les-Caves, Catherine de Paheau. En 1733, il devint avocat au conseil de Brabant. Établi à Bruxelles avec son épouse, il ne tarda pas à lui être infidèle. D’une demoiselle Thérèse de Vos, « cousine éloignée » naquit en 1735 un premier fils illégitime. Suit une Anne Catherine Malfait, qui épouse en 1757 Jean Baptiste Hayez, contrôleur des fortifications de Mons. À cette occasion, il rédige une requête à l’office fiscal de Brabant en vue de faire légitimer ses bâtards. Pour justifier son infidélité, il dénigre son épouse qui était une « demoiselle de vertu et d’esprit, mais d’une conformation de corps si mauvaise qu’outre sa stérilité, elle donnait un juste sujet de faire procéder à la dissolution du mariage ». Sa vie est remplie de péripéties qui ne lui causèrent pas moins de quatre suspensions par le Conseil de Brabant. Pour clôturer le tout, lors de son décès en 1783, le chapitre de Saints-Michel et Gudule refusa de l’enterrer religieusement ainsi que le prouve son acte de décès.

[1] J. Nauwelaers, Philippe Guillaume Malfait. Avocat au Conseil de Brabant, Journal des tribunaux 7-2-1945 au 28-2-1945. Je n’ai pas encore consulté les sources qu’il mentionne.