Paroisse et curés 5
La fabrique d’église
La fabrique d’église gère les biens de la paroisse. Elle est dirigée par un mambour dit aussi marguillier. À Folx-les-Caves [1], le marguillier était nommé chaque année par le curé. Ce n’était pas le cas dans toutes les paroisses, ainsi à Petit-Hallet [2], le curé Massart note en 1700 que « la marguillerie est annuelle et collateur l’abbé de Villers, sous l’acceptation du pasteur ».
La perte des archives de la paroisse fait que nous ne la connaissons que de façon indirecte.
Ce terme de « fabrique d’église » apparaît rarement dans les archives, on y parle tout simplement de «cure».
Une première mention en est faite dans le rapport [3] de la visite de l’église de Folx-les-Caves du 29 mars 1708 par l’évêque de Namur Ferdinand de Berlo de Brus. « La fabrique a quatre bonniers de terre qui sont de bon rapport. »
Grâce à un procès [4] en 1774, devant le Conseil de Brabant, entre le curé de Folx-les-Caves et les décimateurs, nous avons une idée précise sur les ressources de la cure de Folx-les-Caves. Le curé (Jacques Plisnier) demandait que l’abbé de Villers et le chapitre de St-Denis lui remboursent les frais de reconstruction du presbytère en 1754-1755. Le curé prétendait, engageant « sa foi de prêtre », que les revenus fixes de sa cure étaient de 416 florins. Les décimateurs fouillèrent les archives pour démontrer que ses revenus dépassaient les douze cents florins par an. En 1724 et 1742, son prédécesseur et oncle Joseph Plisnier avait fait rapport à l’évêché de Namur sur les biens et revenus de la cure.
Les revenus principaux sont :
· La part congrue de la dîme. Nous avons vu plus haut qu’elle était le tiers des dîmes grandes et menues.
· Des droits sur les cérémonies :
o Un écu [5] pour un mariage.
o Pour les relevailles, « ramessage des femes » une chandelle ou 5 sous pour les messes.
o « 10 sous pour le curé et 5 pour les services avec vigile et messe d’enterrement »
o « six florins au curé et trois au clercq pour les messe de 40taine et bout de l’an [6] »
o « Un florin de change pour le curé et 10 sous au clercq pour recommander un an. Quand on le fait faire un escus »
· Les revenus des terres, prairies et ahanières [7] appartenant à la cure et au bénéfice de l’autel Notre-Dame, consistant en environ 36 [8] bonniers. Ces biens rapportent des rentes qui sont détaillées.
Je n’ai pas retrouvé la minute du jugement et ne peux donc connaître quel était le revenu réel de la cure de Folx-les-Caves. Disons qu’il se situait entre les 416 florins déclarés par le curé et les 1200 estimés par les décimateurs.
[1] AEBxl, Etat spécifique des biens et revenus de la cure de l’église paroissiale de Folx en Brabant, 1742, Conseil Souverain de Brabant, Procès de clercs, n° 3076, pièce n° 3.[2] E. Piton, Histoire de Grand-Hallet et de Petit-Hallet. Bulletin de l’institut archéologique liégeois, tome 60, 1936, p. 191 à 265.[3] Archives de l’évêché de Namur. Registre n° 4.[4] Voir référence 27.[5] Pour rappel : 1 écu vaut 56 sous c-.à-.d. 2 florins et 16 sous. Le florin correspond au salaire d’un ouvrier qualifié. Un « manouvrier » gagnait environ 10 sous, soit un demi florin.[16 Les messes anniversaires, « au bout de l’an » étaient un revenu important pour les paroisses. Jusqu’au milieu du XXe siècle, on trouve dans les archives conservées à l’archevêché de Malines des relevés de ces fondations. La plus ancienne fut fondée par Messire Waltier en 1672. Jacques Plisnier en fonda une en 1753.[7] Petite pièce de terre servant généralement de jardin potager.[8] Lors du dénombrement de 1666, le village avait annoncé une superficie de 362 bonniers. La cure aurait possédé 10 % des terres du village.Dans un mémoire [1] de 1784 ; on apprend que le curé est également rétribué pour ses vacations à la table des pauvres et à la fabrique d’église ; le curé touche des jetons de présence. « Quant aux comptes des revenus des biens des communs pauvres de ce lieu le pasteur mayeur echevins et mambour pour présence et vacations et coullement dudit compte percevent ensemble six florins en observant que le curé et mayeur tirent chacque le double des autres. ». Pour la fabrique d’église, même texte, mais le montant total n’est que de 3 florins et 3 sous.
La table des pauvres
La table des pauvres, dite aussi table du Saint-Esprit, est l’ancêtre de notre CPAS. Elle distribue du grain aux pauvres, paie des enterrements, des messes votives.
Le village de Folx-les-Caves comportait une proportion importante de ménages pauvres ; ainsi, lors du recensement de 1755, sur un total de 36 ménages, il y en avait 23 qualifiés de pauvres dont 18 vivaient en partie de la table des pauvres. Cela signifiait 101 pauvres [2] sur un total de 182 habitants.
Pourtant en 1755, nous étions dans la longue période de paix qui suivit la guerre de Succession d’Autriche (1744–1748) et se termina par la révolte contre le régime autrichien (1789-1790) suivi par le début de l’invasion française en 1792, avant l’annexion de 1795.
La première mention connue de cette table date de 1676. Durant la guerre de Hollande [3], les troupes hollandaises quittant leur campement à Folx, abandonnèrent un enfant de 3 ans qui fut nourri aux « frais des pauvres ».
En 1699 [4], le curé du Rieu demande à l’évêque de Namur l’autorisation de vendre le capital d’une rente annuelle de 12 stiers [5] et demi et un dosin de seigle pour la somme de 328 florins, ce afin de reconstruire le presbytère, détruit par la guerre. De cette rente, 4 stiers et demi appartiennent aux pauvres. Cette demande est acceptée par Josse Burnicq [6], mambour des pauvres.
En 1708, l’évêque de Namur, visitant la paroisse de Folx-les-Caves [7], indique dans son rapport que, dans ces temps de misère, la table des pauvres a été négligée ; le curé promet d’y remédier dans le futur.
Nous n’avons conservé comme documents directs relatifs à cette table des pauvres que deux registres de comptes [8] datant de 1723 [9] et 1746 [10].
En 1746, La location (rendange) de 7,1 bonniers [11] (6.34 ha) de terres et prés rapporte 102 stiers de bled ; les rentes rapportent 48 stiers. De ce revenu de 150 stiers, 70 sont distribués aux pauvres; le reste part en rémunération du porcher, de l’instituteur, du marguiller, du sergent, etc., redevances dues au chapitre de Fosse, aux recettes de Jauche et de Heusbeck, au curé, en fournitures diverses, dont une paire de souliers pour le maître d’école, en frais d’enterrements, de messes, etc.
[1] AELLN, GSN 6441.[2] Il faut relativiser ces chiffres dans la mesure où ces recensements avaient pour but premier de lever l’impôt. Les villages avaient intérêt à noircir la situation.[3] Folx-les-Caves, registre des décès 1655-1696, p 133.[4] AEBxl, Conseil Souverain de Brabant, Procès de clercs 3075.[5] Le stier (boisseau, setier) est une mesure de volume de grains ; c’est un huitième de muid . A Louvain, le muid vaut 240 litres.[6] Josse Burnicq, ° 1657 à Folx-les-Caves, † 1701 à Folx-les-Caves.[7] Archives de l’évêché de Namur. Registre n° 4, Visites d’églises de F. de Berlo de Brus, 1698-1718.[8] AELLN, Archives ecclésiastiques n°2924.[9] Mambour : Antoine Hutoy °1680 †1729.[10] Mambour : Jean Guillaume °1708 †1746.[11] Le bonnier est une mesure de superficie. A Folx-les-Caves, on utilise le bonnier de Louvain de 16,5 pieds de côté. Il vaut 0.887647 ha.