Annexe 1 Les fermiers

Annexe 1 Les fermiers


Depuis "toujours", jusqu'à la révolution industrielle, il y avait, dans les campagnes, quatre classes sociales principales.

 

En haut de l'échelle, les gros propriétaires et leurs censiers.

 

Ensuite, une classe moyenne composée de « laboureurs » et d’artisans, petits propriétaires qui exploitaient eux-mêmes leurs terres, et de professions annexes : charretiers, brasseurs, forgerons, meuniers, etc.

 

Ensuite, les domestiques, servantes, valets, gardiens de porcs, de vaches, moutons, etc. Dans les recensements, ils n'apparaissent qu'en petit nombre chez les censiers, fermiers et aussi chez le curé du village.

 

Enfin, la grande majorité, une classe qui n'avait d'autre richesse que sa force de travail : les journaliers. Le mot le dit : ils travaillaient à la journée au gré des besoins des fermiers. C’est dans cette classe et dans les sans-emploi que se trouvaient les pauvres.

 

 Dans le recensement de 1754, à Folx-les-Caves, sur une population de 182 habitants, on dénombrait 101 pauvres, soit 55 % de la population. 

 

Les censiers étaient des notables, formant une caste endogame. Ils étaient comme des directeurs d’usine, gérant la main-d’œuvre abondante et bon marché que formaient les journaliers.

En 1762, Nicolas Bacon fit une réflexion sur l’état de l’agriculture dans les Pays-Bas autrichiens. Il écrit :

« Car il en est de même de la compagne comme de la ville ; l’ambition y règne également ; là on trouve un gros censier qui tient 150 à 200 bonniers de terres en labeur, et quoi que souvent chargé d’une nombreuse famille, croiroit-on qu’il donneroit sa fille en mariage à un garçon d’un médiocre censier qui n’a que 50 à 60 bonniers de terre, ou que son fils se marieroit à la fille de ce médiocre ? Non, cela s’appelle chez eux folie et mésaliance : ainsi que font-ils en pareilles occasions – car les paisans se connaissent les uns les autres à dix à vingt lieues à la ronde – ils s’informent s’il n’y a pas un endroit où il y ait une fille dont le père tient en labeur, soit de quelque grand seigneur ou d’une abbaye autant de terres que chez eux ; l’aiant trouvée, pour lors cette fille reçoit des adorateurs en foule, qui sont tous de la même classe. Elle en choisit celui qui lui plaît le mieux et entre dans la jouissance de la cense que le père transporte en sa faveur ; […].

Or, si le cas arrive qu’une fille de gros censier commette une faiblesse, il n’y a pas de réconciliation à espérer auprès de ses parens, on la laisse marier et on l’abandonne :[…].[1]

 

J’ai pu faire une liste incomplète des fermiers de la ferme Vlemincx à partir de baux retrouvés, d’actes de vente, mais aussi à partir des registres de paiements de cens aux propriétaires concédant des terres aux propriétaires des fermes exploitées par ces fermiers. Le nom de censier provient du fait que c’étaient les fermiers qui payaient ces cens. Les deux principaux concessionnaires étaient le chapitre Saint-Denis à Liège et le baron de Jauche.

[1] H. Hasquin, Les Réflexions sur l’état présent du commerce, fabriques et manufactures des Païs Bas autrichiens (1765) du négociant bruxellois, Nicolas Bacon, Bruxelles, 1978, p.68.

Le premier censier connu est Henry le BEGGE époux de Anne MATHY[1]. Nous ne connaissons ce bail qu’indirectement, car il est cité en 1561 dans celui de son gendre Antoine PHILIPOTTE. La durée des baux à l’époque étant de 12 ans, on peut supposer qu’il loua la ferme en 1538.


En 1550[2], Robert de HUY, lors de sa donation de la cense à Catherine de HUY, la loue pour 12 ans à Jehan HUWELET fils de Costyn. Ce Jehan Huwelet est le beau-fils de Catherine de Huy, ayant épousé Marguerite de la Bawette.

 

En 1561[2], Philippe del BAWETTE, par procuration de sa mère Catherine de HUY, loue la cense, « gissant à Folz », à Antoine PHILIPPOTTE, cense que Henry le BEGGE avait tenue. Cet Antoine Philippotte[3] est le gendre d’Henry le BEGGE[4] et Anne MATHY ; il en avait épousé la fille Anne, émancipée par son père en 1551[5]. À sa mort en 1555, Henry le BEGGE était propriétaire d’une cense à Folx-les-Caves[6] et avait été censier de la cense de la Bawette au même lieu.


[1] Les le Begge/ Beghe sont une importante famille de notables du Brabant. On les trouve censiers à Jauche et Folx-les-Caves, seigneurs de Mont-à-Jauche, conseillers de Brabant et même membres de lignages de Louvain. (Lignage Uyten-Limingen). Voyez J.Cassart & P. de Tienne, Un conseiller de Brabant inconnu : Maître Jean le Begge, IG,236, pp.95-100.

[2] SAL 8207 f° 18r.

[3] SAL 7455, f° 191r-193r.

[4]  SAL 7466 f°. 162v.

[5] Sa croix mortuaire se trouvait dans le cimetière de l’église de Folx-les-Caves. Elle indiquait « CIGIST \ HENRY LEBEGGE\ LE LONGUE Q(ui) TRESPASSA \ ANNO 1555. ». Elle a disparu. Source : Comte J. de Borchgrave d’Altena, Note pour l’inventaire des œuvres d’art du Brabant (arr. de Nivelles), Bulletin de la commission royale des monuments et des sites, t. 7, 1956, p. 233.

[6] SAL 8028, f° 98v. Henry Le Begge, fils de Henry, demeurant à Folx émancipe 6 enfants.

[7] SAL 7462 f° 268r. En 1571, Antoine Philippe comme procureur de sa belle-mère, Anne Mathy, et de ses sœurs et petits-enfants vend la cense ayant appartenu à son beau-père Henry le Begge à Jean Danon. Cette cense située à Folx-les-Caves avait été brûlée en 1678 par les troupes de Guillaume d’Orange lors d’une incursion armée en Hesbaye.