Elle commence par le refus de payer les frais liés aux cures.
"A SON ALTESSE SERENISSIME
Les Chapitres, Abbés et Abbesses, & generalement tous autres Décimateurs Possesseurs des Dîmes Ecclesiastiques, dans les Paroisses situées dans ces Paîs-Bas, qui ont été soustraites et demembrées du Diocèse de Liege, au tems de l’Erection des nouveaux Evêchés, pour être incorporées, comme elles l’ont été, dans les nouveaux Evêchés de Malines, de Namur & d’Anvers, ont l’honneur de remontrer en tres-profond Respêt, qu’eux ni leurs Predecessurs n’ont jamais été assujetis à la charge des Reédifications, Restaurations ou Réparations des Maisons Pastorales.
Dès les Siècles les plus reculés (à l’origine desquels il est peu possible de retrograder ) les Usages et Coûtumes du Diocèse de Liége ont introduit la séparation des Charges Ecclesiastiques, et determiné , quelles d’entre-elles seroient supportées par les Décimateurs, & quelles par les Paroissiens ; dans ces dernières, la charge desdites Restaurations a été très expressément et formellement comprise dans la Cathegorie des Charges, qui incomboient aux Paroissiens, lesquelles ne referment qu’un petit objet, par rapport à tant d’autres Charges infiniment plus considérables, auxquellles les Décimateurs ont été assujetis. ».
Après moultes recours et procès, un édit fut promulgué en 1769 établissant que « les frais de réparations et restauration des églises paroissiales au plat-païs ainsi que des presbytères […] sont une charge essentiellement inhérante aux dîmes ecclésiastiques ». Il fallut encore de nombreux atermoiements avant que le décret fut publié par les différents conseils provinciaux. Ce fut le cas pour le conseil de Brabant en 1772.
Ce qui explique que pour la réparation des églises et presbytères, les "patrons" ont continué à rechigner. Les inventaires des procès de clercs du Conseil de Brabant[1] regorgent de conflits concernant ces sujets. Nous verrons, plus loin, les procès que le curé de Folx-les-Caves intenta en 1774 contre l’abbé de Villers et le chapitre de St-Denis pour tenter d'être payé de la reconstruction de son presbytère et d’obtenir la reconstruction de son église.
Cette dîme, mal vue comme tous les impôts, fut supprimée après l’annexion par la République française, en 1795, « de la Belgique et du pays de Liège ». Dans un premier temps, les occupants français avaient confisqué[2] la dîme à leur profit, en échange d’une misérable rente allouée au clergé.
[1] Archief van de Raad van Brabant, processen clerus na 1750, I 78.[2] P. Verhaegen, La Belgique sous la domination française, t. 2, p.14.La collégiale St-Denis vers 1740
Le chapitre de Saint-Denis à Liège
Un des patrons de l'église de Folx-les-Caves est le chapitre de St-Denis à Liège. Ce chapitre de chanoines avait pour église la collégiale Saint-Denis, qui est une des plus anciennes églises de Liège; le début de sa construction date du règne de Notger, c.à.d. entre 971 et 1008. Ce n'était pas une église paroissiale. Ce chapitre fut supprimé lors de l'annexion française en 1795. L'église fut fermée, puis rouverte comme église paroissiale après le Concordat de 1801.
Cette église [1] est une des plus belles de Liège, alliant les styles roman (nef de la fin du Xe siècle, tour de la fin du XIe), gothique (abside de la fin du XIVe), baroque (décoration de la fin du XVIIe) et classique (portail du XVIIIe).
Comme toutes les congrégations religieuses de cette époque, le chapitre possédait un important domaine dont il tirait ses revenus. Ces revenus nous sont connus par les registres de comptes du chapitre conservés [2] et analysés par Irène Vrancken-Pirson [3] et par l'étude sur la dîme faite par Marie-Paule Boxus [4].
Ce domaine aurait couvert plus de 1000 bonniers [5], soit environ 900 ha. En Brabant se trouve la propriété de Folx-les-Caves dont le chapitre est seigneur foncier.
Folx-les-Caves est entré dans le domaine du chapitre de Saint-Denis par une donation faite par Henri de Jauche en 1222 [6]. L'acte de donation est, à ma connaissance, la première mention écrite de Folx-les-Caves.
[1] Luc Etienne, L'église Saint-Denis de Liège, Institut du Patrimoine Wallon, 2014.[2] A.E.Lg, Collégiale Saint-Denis Archives du Chapitre, Comptes généraux, Registre aux Revenus.)[3] I. Vrancken-Pirson, Les revenus du chapitre collégial de Saint-Denis à Liège (1450-1500), Bulletin du Le Vieux-Liège n° 92, Liège, 1951.[4] M.-P. Boxus, La dîme de la collégiale Saint-Denis à Liège au XVIIIe siècle, UCL, Mémoire de fin d'étude, 1967.[5] I. Vrancken-Pirson, op. cit., pp. 24-25.[6] AELg, Liber primus diversarium materiarum, 1196-1741, Collégiale Saint-Denis, Archives du chapitre, n°1.