Les patrons 4
A Folx-les-Caves, le chapitre de Saint-Denis n'a pas les droits de justice. C'est pourquoi il n'en est que seigneur foncier. De fait, les sires de Jauche [1] ne pouvaient laisser échapper l'occasion de percevoir à Folx une taille d'avouerie, qui était d'un montant de trois muids d'avoine. Nous n'avons pas conservé de documents sur cette fonction d'avoué du chapitre de Saint-Denis, mais il semble que le seigneur de Jauche exerçait à Folx le droit de nommer les échevins et détenait la haute justice, ce qui devrait impliquer un partage [2] des amendes entre seigneur ecclésiastique et avoué [3]. Il est à noter qu'une partie du village aurait dépendu directement des ducs de Brabant [4].
Nous ne nous intéressons ici qu'à la dîme, impôt ecclésiastique. Les revenus des biens-fonds et seigneuriaux faisant l'objet de chapitres séparés traitant des propriétaires fonciers et de la féodalité à Folx-les-Caves.
En 1324, les grosse et menue dîmes de Folx-les-Caves étaient partagées en 6 parts:
· trois pour l'abbé de Villers
· deux pour le curé de Folx-les-Caves
· une pour le chapitre de Saint-Denis à Liège.
Cette information provient d'un polyptique [5] du chapitre de St-Denis, daté de 1324. Un polyptique [6] était un inventaire des biens et revenus d'un grand propriétaire.
[1] G. Despy, Les campagnes du Roman Pays de Brabant au Moyen Age: La terre de Jauche aux XIVe et XVe S., Louvain-la-Neuve 1981, p. 41.[2] G. Despy, op.cit., p. 40.[3] F.-O. Touati, Vocabulaire historique du Moyen Âge, Laïc appelé auprès d’une communauté ecclésiastique bénéficiant de l’immunité afin d’exercer des fonctions judiciaires, administratives et militaires. À l’origine représentant du pouvoir royal nommé par les Carolingiens, pour contrebalancer le pouvoir délégué aux comtes et renforcer la défense des terres d’église, son rôle de protecteur est devenu entre les mains des châtelains le moyen efficace d’accroître leurs prérogatives. [4] Tarlier & Wauters, Géographie histoire des communes belges, Canton de Jodoigne. , p.361.[5] AELg, Collégiale Saint-Denis Archives du Chapitre, Spécifications des revenus ou polyptiques n° 8.[6] Wikipédia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Polyptyque_ (diplomatique).Polyptique de St-Denis, extrait
On y voit la première mention de "Foul in Brabantia", pour éviter la confusion avec "Fooz in Hesbania [1]", actuellement Fooz, commune d'Awans.
Jusqu'à la suppression de la dîme en 1795, on retrouve ce partage en 3 parts inégales de la dîme de Folx-les-Caves.
Ce partage indique que l'abbé de Villers avait pris une part prépondérante dans le patronage de l'église de Folx-les-Caves.
L'abbé de Villers
L'abbaye de Villers est connue de tous par ses belles ruines à Villers-la-Ville. Avant sa fermeture par le Directoire, suivie de sa destruction par des spéculateurs vandales [2], au début du XIXe siècle, elle était une des plus florissantes abbayes de nos régions.
[1] S. Dubois, Le territoire de la principauté de Liège dans Les institutions publiques de la principauté de Liège, Bruxelles, 2012, t. 1, p. 34. La Hesbaye était un quartier de la Principauté de Liège.[2] Th. Ploegaerts & G. Boulmont, Histoire de l'Abbaye de Villers du XIIIe à la Révolution, Havaux, Nivelles, 1926, pp. 471-476.Abbaye de Villers vers 1720