L'Eglise de Folx-les-Caves

Chapitre I

Chapitre I  Les origines

La tour de l’église

L’église de Folx-les-Caves possède une tour remarquable. C’est un massif rectangulaire en moellons mal équarris. Le porche d’entrée, que l’on voit actuellement, a été aménagé lors de la reconstruction de l’église entre 1776 et 1780.

Il n’y a pas d’élément architectural permettant de dater cette tour. Maurice Racourt [1], érudit de Folx-les-Caves, la date de la fin du Xe siècle. Le Patrimoine monumental de Belgique [2] parle d’ « une belle tour romane du XIe-XIIe s. ». Le plan de l’église [3], dressé en 1776, avant la reconstruction de l’église en 1780, montre qu’en fait cette tour faisait corps avec une petite chapelle; l’ensemble ayant un plan rectangulaire de 8 m sur 12 m; la tour elle-même avait une hauteur de 14 m. Vu l’épaisseur des murs (environ 1 m), la surface utile de la chapelle n’est que de 56 m².                  

La tour a-t-elle été construite concomitamment avec la chapelle, et à quelle époque ? Seules des fouilles archéologiques permettraient de répondre à cette question.

On a trouvé, à Folx-les-Caves[4], dix-neuf tombes mérovingiennes datées, par leur mobilier funéraire, entre 525 et 700. Or, la date « officielle » de la christianisation des Francs est celle du baptême de Clovis vers Noël 500[5]. Ceci nous amène à penser que le christianisme était déjà présent à Folx-les-Caves peu après cette date. L’abbaye de Nivelles [6] fut fondée vers 650. Vers la même époque, plus près de chez nous, il y aurait [7] eu la fondation d’un monastère à Orp [8] par Sainte-Adèle.

L’ensemble tour et chapelle formaient-il l’oratoire d’un domaine mérovingien ? Les tombes romaines de Folx-les-Caves, proches de la villa d’Autre-église, permettent de penser que l’origine de Folx-les-Caves est un domaine agricole. Le premier document écrit connu pour Folx-les-Caves est, en 1222, la donation [9] de Folx-les-Caves au chapitre de St-Denis à Liège, où il est question d’ « obedentia » qui désigne un domaine religieux.

Une des hypothèses est que la tour de l’église pourrait avoir été construite au IXe comme moyen de défense contre les Vikings. A cette époque, ceux-ci auraient détruit [10] le monastère d’Orp-le-Grand, fondé par Sainte-Adèle. A vrai dire, les historiens [11] modernes ne mentionnent pas cette destruction.

Si l’oratoire primitif de Folx-les-Caves faisait partie du domaine mérovingien, cela pourrait expliquer son orientation peu commune : non vers l’est, mais vers le nord-est. Le pentagone dans lequel est inscrit l’ancien domaine de l’église, (cimetière, cure au nord du cœur du village) pourrait correspondre à la villa  de ce domaine.

En fait, le christianisme est présent bien plus tôt dans nos régions. Nous le verrons en nous intéressant à l’histoire du diocèse de Liège, dont faisait partie l’église de Folx-les-Caves jusqu’en 1559.

[1] M. Racourt, Eglise de Folx-les-Caves, feuillets dactylographiés en 2000.[2] Mardaga, 1974, volume 2, p. 221.[3] AÉBxl, Procès de clercs n° 3076, Conseil de Brabant 1774-1776[4] J.Alenus, Fouille mérovingienne à Folx-les-Caves, Archaelogia belgica, 1963, n° 69, p. 71.  L’exploitation de sablières à Folx-les-Caves aurait, malheureusement,  fait disparaître d’autres tombes tant romaines que mérovingiennes.[5] B. Dumézil, Le Baptême de Clovis, Galimard, 2019.[6] B. Delanne, Histoire de la ville de Nivelles, Havaux, 1944, p. 175.[7] J’emploie beaucoup le conditionnel. Il y a peu de sources écrites. Celles-ci sont souvent tardives et de propagande ecclésiastique. Ainsi le baptême de Clovis à Reims est décrit par Grégoire de Tours vers 591 (« Courbe la tête fier Sicambre, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré. »), c.à.d. 91 ans après qu’il ait eu lieu.[8] J. Tarlier & A. Wauters, Géographie et histoire des communes belges, Canton de Jodoigne, p 281. Fort controversé par les historiens modernes.[9] AÉL, Collégiale St-Denis, Cartulaire n° 1.[10] Chanoine Kempeneers, Orp-le-Grand Hier et Aujourd’hui, 1958, p.43.[11] A. d’Haenens,  Les invasions normandes en Belgique au IXe siècle, Publications universitaires de Louvain, 1967.

Intérieur de la tour