Paroisse et curés 11

Les curés se plaignent auprès du baron de Jauche, le comte de Berlaimont. Par suite, le greffier Blavier intente un procès pour diffamation, contre les curés, devant le Conseil de Brabant. Je n’en connais pas l’issue.

Outre ceux de la paroisse que nous avons détaillés plus avant, Joseph Plisnier disposait de revenus privés importants.

En 1716 et 1717, il fait reconstruire le presbytère à ses propres dépens [1]. Les Greffes scabinaux de Folx-les-Caves le montrent dans diverses transactions financières ou terriennes.

· 1718 (GSN 438) Joseph Plisnier accepte de Philippe Burnicq la dépouille (récolte) de deux bonniers de froment en payement d’une somme de 350 florins.

· 1718 (GSN 438) Il achète une ahanière aux héritiers Fabry.

· 1725 (GSN 438) Il achète une ahanière à la veuve de Jean Detry et ses enfants.

· 1750 (GSN 439) Il fait une donation à la fabrique de Folx de deux rentes de 3 florins.

· 1751 (GSN 439) Il donne 100 florins à Jean Joseph Delbar et son épouse à charge d’une rente de 5 florins payable aux pauvres.

Après son décès, ses héritiers se partagent ses terres : 8,9 bonniers qu’il aura achetés durant son pastorat.

L’inventaire de sa maison indique que, outre le mobilier et les instruments agricoles, il s’y trouvait du bétail : 5 chevaux, 5 vaches, 2 génisses, 2 truies et 4 cochons, des poules ; des provisions : 9 tonneaux de bière, 4 jambons, des grains ; un coffre contenant des pièces d’or et d’argent.

Tout cela dénote une aisance certaine.

A part l’allusion à la bataille de Ramillies, on ne trouve pas d’évènements particuliers dans les registres tenus par Jacques Plisnier.

Il est déchargé de sa fonction de curé le 6 octobre 1753 et remplacé par son neveu Jacques Plisnier. Dans le recensement de Folx-les-Caves en janvier 1755, il apparaît comme :

« Prisme le Sr et reverend Plisniere jadis pasteur de ce lieu raport sa personne, et environ une charue de labeur,

Item un valet une servante une niece et une garde de vaches ».

Il refait son testament le 29 novembre 1753 devant le notaire Genin de Jodoigne. Dans ce testament, il avantage Marguerite Dauzin « sa niepce demeurant auprès du testateur sa vie durante » à laquelle « il legate sa maison grange escuries jardin et closiere telle de la maniene qu’il l’occupe a present au village de Folz, et cela pour les bons services qu’il en a reçu a conditions qu’elle ne peuve prétendre aucuns gages. »

En 1785 [2], sa nièce Marie Marguerite Dauzain met en vente publique cette maison, grange, écuries avec le jardin et closière y tenant à Folx, dont elle avait hérité. Elle est vendue [3] à Jean Joseph Janmart ou Jamart demeurant à Folx, pour la somme de 1210 florins.

[1] AEBxl, Conseil souverain de Brabant, procès de clercs, n° 3075.[2] AÉLLN, GSN 441, Vente publique par le notaire J. B. Hebrant.[3] Didier Belin, Souvenances… Folx-les-Caves, I ; Ses habitants (1750-1950), Etude généalogique -anthroponymique- diactologique ; Wavre 1990, p.177. Didier Belin retrace l’histoire de cette maison située 14 rue Neuve à Folx-les-Caves, qui par successions est passée de Jean Joseph Janmart (° 1754 Cortil-Wodon, † 1809 Folx-les-Caves) à Victorine Jamart épouse de Jules Bauwin (°1858 Orp-le-Grand, †1953 Folx-les-Caves).

Jacques Plisnier, curé de 1753 à 1803

Jacques Plisnier est le dernier curé de Folx-les-Caves sous l’Ancien Régime. Il vécut la transition entre la fermeture des églises au début de l’annexion française et la restructuration, en 1803, des paroisses de l’archevêché de Malines, en application du Concordat. A ce moment, il refusa sa nomination comme curé concordataire.

Il était né à Jauche en 1726, fils de Roger Plisnier, frère de Joseph, curé de 1701 à 1753, et de Catherine Siroux [1]. Un de ses frères était Walter Plisnier (bp 1715 Jauche, † 1792 Petit-Hallet), curé de Petit-Hallet et doyen de Hannut. Ils firent tous deux leurs études [2] à l’université de Louvain.

Il est nommé curé le 6 octobre 1753.

« En 1753, lorsqu’il parvint à sa cure, il trouva la maison pastorale entièrement brulée par un incendie arrivé à la maison voisinne » [3]. Jacques Plisnier est obligé de se réfugier chez son oncle qui vit dans sa ferme, à deux pas de l’église.

Pour reconstruire le presbytère, il fait appel, entre autres, à la générosité de l’abbé de Villers Staignier. On a de lui copie d’une lettre datée du 16-12-1755 par laquelle il remercie l’abbé pour la « cinquantaine d’écus pour subvenir aux depens que j’ay été obligé de faire pour la restauration de la maison pastorale ». Il promet la discrétion : « je vous assure foy de prêtre que jamais personne ne saura a parler des gratifications que vous avé bien voulu me faire jusqu’icy ». Cette reconstruction se fera en 1754 et 1755. En 1773, 19 ans plus tard, il intente un procès aux décimateurs : l’abbé de Villers et le chapitre St-Denis à Liège pour se faire rembourser ses frais de reconstruction.

Le 16 octobre 1766 [4], Jacques Plisnier écrit une lettre au nonce apostolique à Bruxelles. Il demande une dispense de mariage pour consanguinité au second degré pour André Vanuxem et Jeanne Catherine Palisoul. A cette époque, le mariage entre cousins germains demandait une dispense que seul le Saint-Siège pouvait accorder, d’où cette lettre adressée au nonce apostolique qui en est le représentant.

La raison invoquée est « [5] pro copulam inter se habitam ex humana fragilitate seu vesana libidine ». Il ajoute qu’ils sont pauvres et misérables ; sans doute pour éviter de payer cher cette dispense. Il joint un petit arbre généalogique.

Cette demande fut entendue, puisque Jeanne Catherine Palisoul put épouser André Guillaume Vanuxem le 8 février 1767 à Namur. Entretemps, leur fils Louis Joseph Palisoul avait été baptisé le 14 janvier 1767 à Folx-les-Caves. Il fut légitimé par le mariage de ses parents. Il décéda le 23 avril 1773. A cette époque, la mortalité enfantine était effrayante : entre 1747 et 1799, la mortalité à Folx-les-Caves des moins de 14 ans représente 50 % de la mortalité totale. (153 décès sur 306) [6].

[1] Baptisée à Jauche le 7-3-1683, x Jauche 29-8-1713 , † Folx-les-Caves 13-5-1767.[2] A. Schillings, Matricule de l’université de Louvain, t. VIII , 1963 ; p. 11 : 12 jan 1734 Waltherus Plisnier ex Jauche ; p. 125 : 27 feb 1745 Jacobus Plisnier ex Jauche in Brabantia.[3] AEBxl, Conseil souverain de Brabant, procès de clercs, n° 3075.[4] La copie de cette lettre se trouve glissée entre les pages du registre paroissial. (Familysearch µfilm 0043341573, image 69).[5] « ayant un lien entre eux suite à la fragilité humaine ou une folle libido ».[6] D. Belin, Folx-les-Caves 1747-1947, Louvain-la-Neuve, 1994, p. 291.