Annexe 6 Les comtes de Glymes ?

Annex 6 Les comtes de Glymes

Sur l'ancien site internet de la commune d’Orp-Jauche, on voyait :

Dans « Histoire et patrimoine des communes de Belgique, Brabant Wallon [1] », elle est décrite comme « jadis résidence des comtes de Glimes ».

 

Alphonse Wauters [2] écrit « C’étaient Guillaume, fils de Jacques de Glimes, Mathilde, fille d’Othon de Greticement ou Crétimont, de Jodoigne, Jean Boskes de Fol, Mathilde, fille de Hannekin de Jandrain-le-Hérut, qui tenaient, en 1324, du chapitre de Saint-Denis la ferme à Folx. […]. Jean de Glimes en hérita de son père Jacques (r. du 22 février 1438-1439) et un autre Jacques le laissa à son fils Thomas (r. du 28 novembre 1542). Depuis le comte Ernest-Joseph de Glimes devint possesseur d’une grande ferme située à Folx, par son mariage avec Anne-Thérèse de Paheau. ».

Ce texte soulève beaucoup de questions. La date de 1324 nous ramène au polyptyque [3] du chapitre de la collégiale Saint-Denis à Liège

[1] Éditions Racines, 2008, p. 172.

[2] J. Tarlier et A. Wauters, Géographie et histoire des communes belges, t.6 Canton de Jodoigne, Bruxelles, 1872, p. 363.

[3] AELg, Archives de la collégiale Saint-Denis, n°8.

Ce texte [1] indique que Guillaume de Glymes, Mathilde épouse d’Othon de Crétimont de Jodoigne, Jean Boskes de Folx et Mathilde fille de Hannequin de Jandrain le Hérut tiennent, du chapitre de Saint-Denis, une « ferme », contenant 7 verges grandes, située près de l’église de Folx, pour laquelle ils payent un cens annuel de 6 chapons et 18 sous de Louvain.

 

Guillaume de Glymes n’est pas le seul possesseur de cette ferme. La superficie de 7 verges grandes est très faible [2] : à peine 32 ares. Le texte latin ne parle pas de ferme, mais de « curtis », c.-à-d. de « centre d’une grande exploitation agricole comprenant les bâtiments [3] ». Elle était située près de l’église, mais était-elle la ferme Vlemincx ? Les archives de Folx-les-Caves mentionnent plusieurs bâtiments situés près du cimetière de l’église, qui ne sont pas la ferme Vlemincx qui est généralement mentionnée comme proche des marais bordant la Petite Gette.

 

J’ai recherché, en vain, cette ferme dans les registres des cens du chapitre Saint-Denis. Malheureusement, peu ont survécu.

 

Le seul comte de Glymes, dont la relation avec la ferme Vlemincx est certaine, est Ernest de Glymes, époux de Anne-Thérèse de Paheau, propriétaire de la ferme de 1722 à 1748. Ce dernier résidait à Thisnes [4], où il se maria en 1731. Dans la marge d’un acte daté [5] du 31 octobre 1731, il est indiqué qu’Anne-Thérèse de Paheau réside à Thisnes. Elle y accoucha en 1736 et y décéda en 1752. Toutefois, en 1738, lors de la visite indicielle de la ferme, faite à la demande du fermier Lambert Rouelle, on parle d’un quartier du seigneur comte de Glymes, propriétaire de la cense. On y lit :

Prisme ledit Rouelle ayant conduit

lesdits mayeur et eschevins sur le

grennier dessus le quartier dudit Seigneur

Comte, tous les chevirons du tois ont estez

trouvez enthierement pourys et brisez

et la couverture dudit grennier du costé de la

cour esté trouvez de nulle valeur.

 

En clair, le toit du grenier au-dessus du quartier du comte de Glymes est pourri. D’après la description, il s’agit du toit au-dessus de l’habitat du fermier actuel, là où Anne-Thérèse de Vos et ensuite ses deux filles auraient habité jusqu’à leur mariage en 1731.

 

Aucun document historique connu ne permet d’affirmer que la ferme Vlemincx était la résidence des comtes de Glymes.


[1] Transcription et traduction par Jules Wilmet et Alain van Dievoet que je remercie.

[2] Le bonnier de Louvain, utilisé à Jauche, vaut 88.76 ares. Il y 20 verges grandes dans un bonnier.

[3] F. O. Touati, Vocabulaire historique du Moyen Âge, Paris, 2007, p. 91.

[4] Je n’ai pas retrouvé cette résidence à Thisnes. La seule allusion que j’ai trouvée est de A. Douette, Quelques développements sur l’histoire de Thisnes, 2009, p. 43. « Une autre belle demeure est la maison de maître propriété Hardy, datée de 1756, garnie des armoiries de Glymes de Hollebecque (rue de l’Église, proche de la rue du Chiroux. »

[5] Notaire P. J. De Libotton, résidant à Perwez de 1731 à 1779.