Paroisse et curés 2

Le concile de Trente

Sous le pontificat de Léon X, membre de la famille des Médicis (1513-1521), l’autorité de l’Église catholique commence à être fortement remise en question. En 1517, Martin Luther publie les 95 Thèses dénonçant les travers de l’église catholique romaine, comme la vente des indulgences. Le mouvement, appelé Réforme puis protestantisme, s’amplifie malgré l’opposition de Charles Quint et de ses successeurs. Il devient incontrôlable et dégénère en guerres civiles en France, Allemagne, etc. Chez nous, après un siècle de guerres, les Pays-Bas de Charles Quint seront scindés entre, au nord, les Provinces-Unies, communément appelées Hollande et au sud, les Pays-Bas espagnols qui deviendront les Pays-Bas autrichiens, puis en 1830 la Belgique, après les épisodes de l’annexion française (1795-1814) et la réunion à la Hollande (1815-1830).

C’est dans ce contexte que l’église se rend compte de l’urgence d’une réforme, appelée Contre-Réforme. Un concile se tient à Trente entre 1545 et 1563.

Dans l’encyclopédie Larousse [1], on lit :

Ce concile, convoqué par Paul III et clôturé par Pie IV, fut la pièce maîtresse et le moteur de la Réforme catholique, ou Contre-Réforme, par laquelle l'Église romaine opposa à la Réforme protestante une révision complète de sa discipline – notamment au niveau des clercs, désormais formés dans des séminaires et contrôlés de près par les évêques – et une réaffirmation solennelle des points dogmatiques – sources de la foi, péché originel, justification, sacrements… – à l'encontre des affirmations protestantes.

Parmi les réformes concernant la discipline des curés [2] :

· « Les curés ne pourront s’absenter sans l’autorisation de leur évêque, et celle-ci ne pourra leur être accordée que pour un maximum de deux mois et à condition qu’ils pourvoient à un remplaçant honnêtement payé. »

· « Aux curés ignorants et incapables, les évêques adjoindraient un coadjuteur ou vicaire qui suppléerait à leur insuffisance et toucherait une part raisonnable des fruits de la cure. »

· « Abordant la réforme des mœurs du clergé, le concile exigea des prêtres l’abandon de la vie déréglée que plusieurs d’entre eux avaient menée jusqu’alors. » « Quant au concubinage, les peines les plus sévères furent promulguées, pour mettre fin aux abus que les empereurs n’avaient même plus l’espoir de guérir. »

· « Toutes ces réformes eussent été condamnées à la stérilité si le concile ne s’était attaqué à la racine du mal : la misère du clergé paroissial et, en dernière analyse, la pratique bénéficiale et le manque de formation du clergé. »

[1] https://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/concile_de_Trente/147379.[2] Abbé F. Willocx. L’introduction des décrets du concile de Trente dans les Pays-Bas et dans la principauté de Liège, Louvain, Uystpruyst, 1929,.p.40-43.

Le concile s’occupa aussi de la discipline du mariage. La dernière codification poussée du mariage datait du concile de Latran en 1215.

A cette époque, l’Église n’impose pas les cérémonies liées au mariage mais les préconise cependant pour assurer la publicité et appeler la bénédiction divine sur les deux époux. Le concile de Latran impose la publicité des bans mais le mariage n’est en aucun cas considéré nul si ce point n’est pas respecté.

Le concile précise longuement [1] sa doctrine du mariage :

· L'indissolubilité du mariage.

· Monogamie.

· Interdiction [2] de mariages entre parents jusqu’au quatrième degré. On pouvait être parent par le sang (consanguinité) ou par affinité : par alliance matrimoniale [3] ou par paternité spirituelle : les parrain et marraine acquièrent une alliance spirituelle avec le baptisé et ses parents.

· Le respect d’un certain nombre de règles :

o Obligation de se marier en présence du curé, ou de son suppléant, et de deux ou trois témoins.

o La publicité :

· Obligation de publier les bans, sauf dispense,

· Interdiction de mariages secrets.

Après beaucoup d’hésitations liées aux troubles d’origine religieuse aux Pays-Bas, Philippe II [4] fit publier en 1564 aux Pays-Bas, par la gouvernante Marguerite de Parme [5], les décrets du concile.

Mission des curés

Le concile précise [6] :

« Ettant commandé, de Precepte divin, à tous ceux qui sont chargez du soin des ames, de connoître leurs brebis, d’offrir pour elles le Sacrifice[7], & de les repaître par la predication de la Parole de Dieu, par l’administration des sacrements, & par l’exemple de toutes sortes de bonnes œuvres ; Comme aussi d’avoir un soin paternel des pauvres et de toutes les autres personnes affligées, & de s’appliquer incessamment à toutes les autres fonctions pastorales.

Ce texte s’applique à la totalité de la hiérarchie de l’Église ; il résume bien ce qu’on attend des curés : les offices religieux, les sacrements, l’enseignement de la doctrine chrétienne, le soin des pauvres.

[1] Abbé Chanut, Le Saint Concile de Trente œcumenique et general, celebre sous Paul III Jules III et Pie IV souverains pontifes, nouvellement traduit, Lyon 1696, p. 300.[2] En fait, sauf pour le degré 1 de consanguinité, il était possible d’obtenir des dispenses, voyez A. Deblon, Actes du vicariat général au XVIIIe siècle. Dispenses matrimoniales, Liège 2001. Ainsi pour les Habsbourg d’Espagne, la succession de leurs mariages consanguins se termina par la fin de cette dynastie, ce qui entraîna la guerre de Succession d’Espagne. Charles Quint avait épousé sa cousine germaine ; leur fils Philippe II sa nièce, leur fils Philippe III contracte mariage avec sa cousine germaine, enfin Philippe IV s’unit à sa nièce. Le dernier Habsbourg d’Espagne Charles II, malade et rachitique ne put avoir d’enfants.[3] Ainsi, par l’affinité, le frère de votre époux est considéré comme votre frère.[4] Philippe II, (° 1526 à Valladolid, Espagne, † 1598, Escurial, Espagne) fils de Charles Quint et d’Isabelle de Portugal. Il gouverna ses nombreux États à partir de l’Espagne. Son intolérance vis-à-vis de la Réforme est une des causes de la scission des Pays-Bas entre les Pays-Bas espagnols et les Provinces-Unies protestantes. [5] Marguerite de Parme (° 1526 Audenarde, † 1586 Ortona, Italie) était fille naturelle de Charles Quint et donc demi-sœur de Philippe II. Nommée en 1559, par ce dernier, gouvernante des Pays-Bas. C’est sous sa gouvernance que commença en 1566 la révolte protestante des Pays-Bas, menée par Guillaume d’Orange.[6] Abbé Chanut, op. cit., p. 273.[7] La messe.