L'église 04

Les archidiaconés et conciles

Tarlier et Wauters précisent, à propos de l’église de Folx-les-Caves : « L’église médiane de Saint-Pierre, .., dépendait, dans le principe, du concile de Hanret, de l’évêché de Liège. Après l’érection des nouveaux évêchés du temps de Philippe II, elle fut comprise dans le diocèse de Namur… ».

Le diocèse de Liège était partagé en huit archidiaconés : celui de la ville de Liège et sept archidiaconés ruraux qui étaient divisés en conciles ou doyennés, subdivisés en paroisses. Folx-les-Caves, tout comme Jandrenouille, faisait partie de l’archidiaconé de Condroz, concile de Hanret. Les autres paroisses de la commune actuelle d’Orp-Jauche faisaient partie de l’archidiaconé de Brabant, concile de Jodoigne.

Nous trouvons des éléments de l’histoire des paroisses dans des registres appelés « Pouillés ». Ils énumèrent, doyenné par doyenné, les paroisses avec le rang de l’église, les autels et les bénéfices qui y sont liés. Ainsi, pour Folx-les-Caves, nous lisons dans le Pouillé de 1558 [1]:

Fouz, ecclesia valet lx modios.

  Altare Marie, valet xv modios. Altare Crucis, valet xiii modios.

Ce qui se traduit :

Fouz, église, vaut 60 muids.

   Autel de Marie, vaut 15 muids, autel de la Croix, vaut 13 muids [2].            

Ces listes sont en quelque sorte l’équivalent de nos revenus cadastraux : elles serviront à établir certaines taxes à payer par les bénéficiers. Les valeurs sont exprimées en nature, pour éviter l’influence de l’inflation, mais sont généralement payées en numéraire.

A cela s’ajoutait souvent l’une des mentions église majeure ou entière, église médiane ou quarte chapelle. Elles indiquaient la portion à payer d’une taxe forfaitaire non liée au bénéfice : tout, la moitié ou le quart. Ainsi, dans d’autres relevés, on trouve pour l’église de Folx-les-Caves [3] : « Foz media 40 md sp », c.à.d. « Folx-les-Caves, médiane, 40 muids d’épeautre ».

Il existait un grand nombre de taxes :

·         Droit cathédratique (cathedraticum) : redevance annuelle à l’évêque

·         Droit de procuration (obsonium) : redevance à l’évêque en visite

·         Droit de joyeuse entrée : redevance à l’évêque lors de son inauguration

·         Subsides extraordinaires : accordés au souverain temporel pour des circonstances exceptionnelles


[1] C.B. De Ridder, op.cit., p. 207. Il existe un poullié plus récent datant de 1497, publié par J.Paquay en 1908. Il se contente d’indiquer « Ffous, Ecclesia, altare S. Marie, altare Ss. Crucis».[2] Le muid est une mesure de capacité de céréales. Il s’agit généralement de « bled », c.à.d. de seigle. A Liège, le muid valait 245 litres.[3] AÉvN, Visites de F. Berlo de Brus, 1698-1718.[4] F. Willocx, L’introducton des Décrets du Concile de Trente dans les Pays-Bas et dans la Principauté de Liège, Louvain, Librairie universitaire, 1929, p. 19. Ce livre porte l’Imprimatur de Mgr. Ladeuze, recteur de l’U.C.L.

·         Placets d’absence : redevance due à l’archidiacre par les bénéficiers qui se faisaient remplacer, souvent le remplaçant en paye une partie.

Il est à noter que ces autorisations d’absence entraînaient souvent des abus. L’abbé F. Willocx écrit à ce sujet [4] :

« Bien souvent le curé ne résidait pas dans sa paroisse. Dès la prise de fonction du bénéfice, il tâchait de découvrir un prêtre plus jeune ou dénué de ressources, qui acceptât de le remplacer dans le ministère paroissial, moyennant un maigre traitement prélevé sur les revenus de la cure, dont il s’adjugeait sans scrupule tout le restant. Ces arrangements se faisaient à l’amiable, sans qu’on prit la peine de demander le consentement de l’évêque.  … Dans l’ancien diocèse de Liège, plus d’un tiers des curés s’absentaient ainsi. ».

F. Willocx continue par une description effarante de curés indignes : ignorants, concubinaires ou même mariés [1], négligents, ivrognes … Il remarque toutefois qu’il ne faut pas généraliser: « A côté du clergé dissolu, l’on trouvait de saints prêtres qui vivaient fidèlement selon les devoirs de leur état. ».

Le Polyptique de Saint-Denis [2], daté de 1324, indique que l’église de Saint-Denis et l’abbaye de Villers payent ensemble les charges d’obsonium et de cathedraticum.

Des livres de relevés de ces taxes existent. Pour l’archidiaconé de Condroz [3], avant la création du diocèse de Namur, ils traitent des années 1515 à 1552, avec de nombreuses lacunes. On y trouve les redevances d’absence, de dispenses de bans, etc.

Ainsi pour Folx-les-Caves, en 1528 [4] :

On lit :

« Fooz ecclesia  

         Placet

Altare Beatae Marie Reverendus dominus Petrus Grouwels pro absentia et placet ---------4 st [5].

Altare Crucis et Johannis. ».


[1] F. Willocx, op. cit., p. 22. “Dans le diocèse de Ruremonde, quand l’évêque Lindanus y célébra son premier synode diocésain, en 1569, il n’en trouva, - ce qui est à peine croyable,  - que six vivant dans la continence. ».[2] AÉLg, Collégiale Saint-Denis, Archives du chapitre, n°8 .[3] AÉvL, Archives archiaconales  , JURA – 4. CONDROSIUM, p.1.[4] AÉvL, Registrum emolumentorum archidiaconatus  Condrosii … pro anno XVC vicesimo octavo , D IV 27.[5] Il s'agirait de stuivers c.à.d. de sous. Un sou = 1/20 de florin