PAS D’AVENIR SANS  EMPLOI, SANS SALAIRE ET SANS RETRAITE!!!

Post date: Oct 21, 2015 3:00:27 PM

Aubigny, le 21 Octobre 2015

L’Éditorial du Coordinateur FO MÉCACHROME

Par Stéphane CARRÉ

Retraites complémentaires:

Le syndicat FO dresse un constat de désaccord.

Alors que syndicats et organisations patronales étaient réunis le 16 Octobre 2015 au MEDEF depuis 9 heures du matin pour tenter de trouver un accord sur l’avenir des retraites complémentaires, la délégation FO a quitté la table des négociations peu avant 17 heures, après avoir pris connaissance d’un projet présenté par le MEDEF comme son ultime proposition.

« Le bureau confédéral de FO prendra une décision formelle sur le projet d’accord mardi, mais d’ores et déjà notre délégation émet un avis défavorable », a indiqué Philippe Pihet, secrétaire confédéral FO et chef de file de la délégation FO.

Le MEDEF, qui veut reporterdans les faits l’âge de départ à la retraite, a présenté une ultime trame d’accord maintenant le principe controversé d’un abattement de la pension complémentaire pour tous les salariés qui prendront leur retraite à taux plein au régime de base quel que soit leur âge – 10% la première année,10% la deuxième et 10% la troisième.

« Un marché de dupes »

« On prend le prétexte des économies, mais la mesure ne rapportera qu’un dixième des 6 milliards à rechercher. C’est avant tout une mesure politique pour repousser l’âge de la retraite, on est dans un changement structurel des régimes de retraite complémentaire », dénonce Philippe Pihet.

Le chef de file de la délégation FO estime par ailleurs que « l’accord proposé est un marché de dupes » : « Ce sont les salariés qui vont payer à 90% les mesures. », a t-il indiqué.

Confédérations syndicales et organisations patronales gestionnaires des régimes ARRCO (tous les salariés) et AGIRC (cadres du privé) avaient débuté en février leur cycle de négociations pour pérenniser les retraites complémentaires, confrontées à une dégradation de leurs comptes.

La CGT a, elle aussi, refusé le projet du Medef, tandis la CGC, la CFDT et la CFTC avaient accepté de rester à la table de négociation. Cela serait seulement la deuxième fois dans l’histoire des retraites complémentaires, après un précédent en 2001, que FO ne serait pas signataire d’un accord éventuel.

Pourquoi FO ne signera pas l’accord

sur les retraites complémentaires

Fait exceptionnel pour une organisation syndicale très attachée au paritarisme : c’est seulement la deuxième fois en l’espace de cinquante-quatre ans que Force Ouvrière ne donnera pas son aval à un accord sur les retraites complémentaires. C’est aussi la première fois qu’un tel texte ouvre la porte à un report de l’âge de la retraite.

Car l’accord de principe trouvé entre le patronat et une partie des syndicats (CFDT, CFTC, CGC) inflige à tous les salariés qui remplissent les conditions d’un départ à la retraite à taux plein au régime de base, quel que soit leur âge, un « coefficient de solidarité », qui se traduit par un abattement de la pension complémentaire. « En pratique, un salarié qui a l’âge légal et le nombre de trimestres requis devra attendre un an de plus s’il ne veut pas subir un abattement de 10 % pendant trois ans », explique Philippe Pihet, le négociateur de FO. Une personne de 62 ans désireuse de partir à la retraite ne pourra le faire qu’à 63 ans en 2019 si elle veut une retraite complète, sans décote. « Nous avons là une mesure politique pour repousser l’âge de la retraite, c’est un changement structurel des retraites complémentaires, fustige Philippe Pihet. Le prétexte économique ne tient pas, la mesure ne rapportera qu’un dixième des 6 milliards d’économies escomptés. »

La porte ouverte à un report de l’âge de la retraite

À titre de comparaison, la proposition de FO d’augmenter les cotisations salariales et patronales pour répartir les efforts de financement entre salariés et employeurs aurait été très productive d’économies : une hausse de un point de cotisation rapporte annuellement 5,9 milliards d’euros, selon les calculs de la confédération.

C’est là le deuxième point noir pour FO: l’accord est loin d’être équilibré. « Il fait peser 90 % des efforts sur les salariés et seulement 10 % sur le patronat », indique Philippe Pihet.

Car le projet d’accord prévoit en outre un décalage au 1er novembre de la hausse des pensions, la poursuite de leur sous-indexation d’un point par rapport à l’inflation, une augmentation du coût d’achat du point et une hausse des cotisations des cadres. Le patronat s’en sort lui à bon compte avec une participation d’environ 600 millions, qui sera de surcroît partiellement compensée par une baisse de la cotisation employeur à la branche des accidents du travail.

Le gouvernement s’y est engagé.

Le progrès ce n’est pas de réduire les droits des salariés et des retraités »

FO a donné un avis négatif sur l’accord qui a été trouvé vendredi entre patronat et syndicats sur l’Agirc/Arrco. Pourquoi ?

Depuis le début nous avons affirmé que nous voulions un compromis, que nous étions attachés à ces régimes, que nous étions prêts à faire des efforts, mais nous avons aussi dit que ce ne serait pas à n’importe quel prix. La logique d’un abattement était une ligne rouge. Le Medef y tenait absolument. Dans les faits, l’introduction de ce système d’abattement revient à repousser l’âge du départ à la retraite.

Il fallait bien sauver financièrement ces régimes et regagner des marges budgétaires, non ?

Un ouvrier qui perçoit 1 300 euros de pension et qui part à 62 ans aura 50 euros de moins par mois. Pour les salariés c’est la double peine, entre critères de cotisation et critères d’âge que l’on durcit. Cela pénalise les femmes, ceux qui pouvaient partir en bénéficiant du dispositif des carrières longues… Et l’effort n’est pas équitable, il est porté à 90 % par les salariés et les retraités. Les entreprises s’en sortent bien, cela sera compensé par une baisse des cotisations de la branche accidents du travail. Manuel Valls a déjà dit que l’État accompagnerait l’accord. Il leur avait déjà fait le cadeau du pacte de responsabilité.

Ne craignez-vous pas d’apparaître comme un syndicat passéiste ?

Le progrès ce n’est pas de réduire les droits des salariés et des retraités. Au contraire, c’est un signe de modernité de refuser. Cela ne nous arrive pas souvent car FO est très attachée à l’Agirc et à l’Arrco. Mais nous ne voulions pas donner un signe politique à dix-huit mois d’une élection présidentielle. Signer c’est aussi renier ce pourquoi nous avions manifesté en 2010, lorsque nous nous étions opposés au report de l’âge.

Comment jugez-vous le climat social ?

Il n’est pas bon. Le gouvernement évoque toujours la conflictualité qui baisse. Certes, mais ce n’est pas le seul indicateur. Le climat social se mesure aussi par l’état de la concertation et de la négociation. Actuellement, on a un gouvernement qui consulte beaucoup les partenaires sociaux et puis qui ensuite passe outre. Il n’y a qu’à voir ce qui s’est passé sur la négociation relative aux carrières des fonctionnaires. Le mécontentement social est là, latent, et je crains qu’il ne s’exprime dans les urnes. L’austérité est suicidaire socialement, économiquement et démocratiquement.