Une expression ambivalente que Goya a utilisée pour enquêter sur une question qui a dû l'intriguer et qui, à l'époque, n'aurait comme explication que l'influence des sorcières, des lutins et des fantômes, même s'il sentait qu'il devait y avoir une explication rationnelle.
Ce seraient les visions, les pensées étranges ou déformées, les peurs floues, irrationnelles... qui, généralement, lorsqu'elles apparaissent et nous bouleversent, sont la nuit dans un état de somnolence, mais elles disparaissent dès que le jour naît ou que nous nous réveillons.
L'expression "Il est temps" est utilisée aussi bien pour le coucher que pour le réveil, et c'est ainsi que cette gravure semble vouloir l'exprimer, puisque les bâillements sortent quand on a sommeil et les étirements quand on se réveille, les deux étant représentés ici dans ce mélange de frères et de gobelins (lutins) venus d'outre-tombe, comme en témoigne le bouquet d'os que l'un d'eux porte accroché à sa ceinture.
L'irrationnel s'endort et le rationnel se réveille.
Lorsque Goya se demande où se cachent ces supposés gobelins et ces visions pendant la journée, des scientifiques comme Ramón y Cajal dans son domaine et Freud dans le sien, jetteront les bases de leur compréhension bien des années plus tard.
Après l'aube, ils fuient, chacun à leur manière, les sorcières, les lutins, les visions et les fantômes. C'est une bonne chose que ces gens ne se laissent pas voir, sauf la nuit et dans l'obscurité. Personne n'a pu trouver où ils s'enferment et se cachent pendant la journée. Celui qui a réussi à prendre un terrier de lutins et à le montrer dans une cage à 10 heures du matin à la Puerta del Sol, n'a pas eu besoin d'un autre majorat.