Auteur Queen
Auteur Queen
Il m’a fallu une nuit, rien qu’une nuit pour comprendre que le monde ne tourne pas tout autour de moi....
Il était dans les alentours de vingt-deux heures. Étant quelqu'un de très perfectionniste j'avais commencé à me préparer quelques dizaines de minutes avant, pour pas dire une heure. J'étais vêtue de la plus belle robe que j'avais en ma possession. Elle était violette, avec des strasses, agrémentée de quelques froufrous par-ci et par-là. Elle était presque parfaite. Presque parce qu'elle était beaucoup trop courte et ne cessait de remonter la tête quand je levai les bras ou autre. Je sortais rarement, elle était donc restée pendant des mois dans cette armoire, j'ai sûrement dû grandir entre-temps.
C'était qu'un petit détail, je restais belle, splendide et magnifique.
Peu après vingt-trois heures. Ça me revient maintenant il était 23 heures 32 exactement. J'étais parti chercher Pauline, ma copine qui habitait à quelques minutes de chez moi. Une fois arrivée, je sonnai à son interphone pour qu’elle descende. Comme à son habitude, elle était éblouissante. Elle portait une robe bien cintrée, moulante, orange. Cette couleur faisait ressortir son bronzage. Elle était à couper le souffle. Je me sentais minable à côté d'elle.
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Le trajet dans la voiture était plein de rire, de musique. Pauline et moi sommes amies depuis vraiment très longtemps. On a vécu un tas de choses ensemble. On est l'exemple même de l'expression: "Les contraires s'attirent.". Elle est extravertie, toujours prête à faire la fête. Puis il y a moi, le cliché de la casanière. Honnêtement si quelqu'un d'autre qu'elle m'avait proposé de sortir ce soir-là, j'aurai probablement, non, sûrement refusé, mais c'était Pauline. Personne ne pouvait lui refuser quoi que ce soit.
On profitait de ce trajet pour s'imaginer à quoi ressemblerait la fête. On se remémorait d'anciens souvenirs. À force de se parler et de rire, le trajet jusqu'au lieu de la fête fut vraiment très rapide.
Pauline sortit de sa voiture en première. Je la suivis. Elle verrouilla sa voiture, mit les clés dans son sac de la même couleur que sa robe puis on était parties.
On entendait les basses de la musique depuis dehors. Ça me donnait déjà une migraine. Pauline rigola. Je savais qu'en soit elle se moquait de moi. Elle me disait qu'à force de froncer les sourcils j'allais être ridée avant l'âge. Cela me détendit. Elle était très douée pour me rassurer.
Arrivée devant le vigile, Pauline lui montra nos invitations. Il nous regarda longtemps, très longtemps. Son regard était froid. Il était effrayant. Cette dernière resserra mon bras qui était autour du sien. Ça sentait mauvais. Dans tous les sens du terme. J'aurai du rester chez moi. Il nous dit quelque chose avant de fermer la porte derrière nous qu'on ne comprit pas sur le coup.
Un long couloir séparait l'entrée et l'endroit où la fête se déroulait. On pouvait voir se qui ressemblait à des couples s'embrasser, que dis-je se manger la bouche dans tous les coins. Ça empestait l'alcool. Il y avait une autre odeur, je ne réussissais pas à mettre le doigt dessus au début. Au bout du couloir, je ne saurai même pas comment décrire ça, tout ce que je peux dire c'est que Pauline, celle qui boit le verre à moitié plein, qui relativise tout le temps, eu un mouvement de recul. Mon anxiété était à son apogée me donnant une forte envie de vomir.
«Une fois rentrée, je ne peux plus rien pour vous.»
Un frisson de coula le long de mon échine lorsque je compris. On était coincées.
Des bouteilles d'alcools cassées gisaient sur le sol qui était devenu poisseux et glissant. Des personnes inertes ou peut-être mortes, j'en sais rien. Des femmes étaient sur les genoux de certains mais avec du recul je le vois cet appel à l'aide dans leurs yeux. Elles s'étaient faites avoir et on allait probablement finir comme elles. Certaines avaient la lèvre ouverte, d'autres des bleus, d'autres les deux.
Les hommes sur qui elles étaient avaient les pupilles dilatées, fumaient, buvaient, les tripotaient. C'était ça l'autre odeur. La drogue. Le sexe.
Des jeunes filles étaient repliées sur elles-mêmes, elles regardaient le vide. Leurs habits étaient déchirés. On devinait très vite ce qui leur était arrivé. J'étais pas bête et je sais que Pauline aussi le sentait, si on sortait pas très vite de là on allait se retrouver dans le même état qu'elles, voir pire.
Tout s'enchaîna très vite. Un homme qui était je ne sais où prit Pauline par le bras. Il empestait l'alcool. Son odeur donnait la nausée. Je n’eus même pas le temps de réagir. Elle hurla et se débattu tant, que son sac tomba au sol. Il l'a traîna jusqu'à un sofa vide et miteux non loin de là où j'étais. J'ai voulu la rattraper mais j'étais comme statufiée. Comment en est-on arrivées là...?
Il se mit à la tripoter puis sans que je puisse les contrôler, mes mains attrapèrent une des bouteilles qui était au sol puis je la lança maladroitement sur l'homme en question.. Heureusement pour nous, ses gestes étaient ralentis par les substances qu'il avait dû ingérer dans la soirée. J'attrapai la main de Pauline puis on se mit à courir. Je ne voyais rien autour de moi. Les larmes m'empêchaient de voir où on allait. J’étais absolument terrifiée. La main de mon amie tremblait dans ma main. On était terrifiées.
Comme on n'était jamais venue ici, on ne savait pas par où s'échapper. On monta des escaliers sans même savoir où on allait. À force de courir on arriva dans un couloir avec 4 portes, toute fermée. C'était fini pour nous, je le savais. Mon cœur battait si fort contre mes tempes que je dus me concentrer pour entendre Pauline pleurer. On se mit au fond, dans un coin du sombre couloir. Et on attendait.
Un rire retentit non loin de nous. Puis se rapprochait petit à petit, accompagné de bruit de pas lourd. On apporta nos mains sur nos bouches respectives, se rapprocha avec force. Les ongles de Pauline s'étaient plantés dans la peau de mon bras sous la peur. Je ne le sentais pas directement. On était tellement concentrés à ne pas faire de bruit qu'on ne remarqua pas qu'il était face à nous.
J'étais persuadée que c'était notre fin. On allait toutes les deux mourir. Mais il ne tira que Pauline par les pieds. On poussa toutes les deux un cri plein d'effroi. J'essayai de la rattraper mais il me mit un coup de pied au visage. Je compris alors qu'il ne me cherchait pas moi.
Lorsque je réussis à me relever, je remarque un truc brillant dans la pénombre. Je m'approchai donc. C'était le sac de Pauline. Elle avait dû le ramasser avant qu'on se mette à courir puis le laisser tomber lorsqu'il l'a rattrapée. C'était ma clé de sortie. Si je réussissais à sortir d'ici, je pourrais alors prendre la voiture.
J'avais compris que je ne les intéressais pas. Je devais donc en profiter pour partir. Je descendis donc les mêmes escaliers qu'on avait empruntés. J'essayais de faire le moins de bruit possible. Une fois arrivée en bas, je me cachai derrière un comptoir. Des hurlements étaient poussés de tous les côtés. Mon cœur se brisa. Les larmes me montaient. Pour moi, chacun d'eux était ceux de Pauline.
Si les personnes présentes étaient dans un état normal, je serais probablement morte mais il faut croire que j'ai eu un peu de chance. Durant le petit laps de temps que j'ai passé dans ma cachette je cherchais Pauline des yeux mais sans succès. Je vis un panneau fluorescent, je me dirigeai donc vers lui. C’était l'issue de secours.
- Vous l'avez laissé derrière ?
-...Je l'ai déjà dit à vos collègues ! JE N’AVAIS PAS LE CHOIX !
FIN