FrameTheory SongBird

E pur Si Muove

Voici l'exemple d'un projet qui a trainé un peu et dont j'avais très envie de parler : une platine vinlye en Do It Yourself (en DIY, en "kit", mais c'est plus moderne de parler de DIY). Projet Kickstarter qui a un peu traîné, réception plusieurs mois plus tard et d'autres sujets à traiter avant celui-ci. Enfin, comme disait Galilée devant le Saint Office "Et pourtant, elle tourne" !

Kickstarter pour commencer

Le projet a commencé avec un financement participatif Kickstarter, des "petits jeunes" qui avaient une idée : comme leur idée était sympa, j'ai participé au financement. Le package n'était pas encore totalement défini, par exemple ni bras ni cellule identifiés, mais il s'agissait essentiellement d'un kit offrant tout les pièces requises ("cadre", moteur, parties métalliques non imprimables, courroie...) et les fichiers à imprimer en 3D.

Le tarif au Royame Uni était de 160 livres, il me semble qu'il y avait un peu de port... Sauf qu'entre le moment où j'ai commandé et le moment de la livraison, le Brexit a eu lieu : le tarif s'est vu augmenté de taxes d'importation. Mon idée c'est qu'au total, le projet à 250€ environ est un peu trop onéreux pour attirer plus de monde.

Frame Theory 3D

Pendant l'attente entre le financement et la livraison, le projet a continué a bien se développer et surtout le bras - organe vital sur une platine - s'est vu transformé. Autre élément important, la cellule a été définie, de nombreuses pièces a imprimer ont été redessinées pour être plus faciles à imprimer et ou monter etc... Désormais le projet dispose d'un site : Frame Theory 3D sur lequel se trouve quelques photos et une partie magasin en ligne.

Par exemple, voici une photo d'une version initiale de la platine (récupérée sur le kickstarter).

On voit un bras très différent de ce qui est livré désormais : il est construit sur une tige filetée avec le câble cellule externe et un gros contrepoids.

La nouvelle version est un tube carbone qui est un matériau "à la mode" pour fabriquer un bras de cellule.

Le carton

Après quelques mois d'attente - cela fait partie du principe de fonctionnement de kickstarter - nous avons fini par recevoir un carton à la maison : je passe du "je" au "nous", parce que mon épouse était très intéressée par le projet.

Pendant l'attente du kit, l'ensemble des pièces à imprimer est sorti de nos imprimantes. En effet, Frame Theory 3D nous avait envoyé les liens pour télécharger les fichiers à imprimer. Pas de choix spécifique de couleur, les pièces ont été imprimées avec les bobines qui étaient présentes sur les imprimantes.

Alors ci-dessous à gauche le carton avec les pièces imprimées et à droite quelques pièces qui font partie du kit. On voit plusieurs objets facilement identifiables : le moteur, la cellule, le transformateur d'alimentation et des pièces métalliques que l'on ne peut pas imprimer avec la technologie des imprimantes économiques dont les particuliers disposent aujourd'hui.

Dans le carton de droite se trouve aussi un plateau qui est enfermé dans le carton blanc. Ce que l'on ne voit pas non plus, c'est le "frame", le cadre sur lequel sont montées toutes les pièces.

Montage

Le montage s'effectue à l'aide d'un mode d'emploi que l'on doit télécharger. Pas vraiment de soucis, mais quelques remarques :

  • la durée d'impression des pièces est d'environ une trentaine d'heures (de mémoire), elles sont bien dessinées et ne posent pas de problème particulier

  • les photos du mode d'emploi ne sont pas toujours lisibles, parce que les pièces des photos ont été imprimées en noir, ce n'est pas la meilleure couleur pour "prendre la lumière"

  • il y a une ou deux étapes pour lesquelles quatre mains, c'est mieux que deux : c'est confortable de monter le kit avec un peu d'aide et c'est plus drôle et plus agréable de monter le kit à quatre mains

  • la qualité du mode d'emploi est satisfaisante, même s'il y a une ou deux étapes qui mériteraient un peu plus de photos et ou d'explications : c'est un métier de faire de la documentation. Là il en manque un peu pour que ce soit parfait, mais globalement c'est bien !

Le carton des pièces imprimées...

Les couleurs... C'était le filament que l'on avait à disposition.

Eventuellement un puriste pourrait imprimer avec des pièces enrichies en carbone pour donner un look "racing" à la platine !

Le début de l'assemblage avec le "frame" en métal qui est fourni dans le kit et un peu de cable pour le moteur amené jusqu'à un switch sur le bord de la platine.

Ce switch sera ensuite commandé par un petit bras imprimé, c'est tout mignon !

Voilà, sur le principe, la SongBird c'est ça ! Des pièces imprimées et du métal que l'on va assembler !

Ci-dessous, ça commence à prendre forme !

Après le montage

Pour commencer, quelques remarques qui viennent après le montage :

  • le fil de masse est vraiment trop court, de mon point de vue. pas mesuré, mais ce doit être 40cm quand je suis habitué à ceux des platines Technics qui dont plus dans les 150cm. C'est un détail en vérité

  • la cellule livrée est connue, c'est une AT3600L, un modèle déjà chroniqué ici, c'est la cellule à 10 balles qui marche pas si mal que ça. De mon point de vue, il est inutile de dépenser des fortunes dans les cellules. A 50€ on a déjà des produits intéressants et au dessus, c'est seulement pour "se faire plaisir", mais le plus important, vraiment la partie la plus déterminante, c'est le soin à apporter au réglage de la cellule, à son positionnement : une cellule à 2000€ posée à l'arrache, ça sera nul. Une cellule à 10€ bien réglée, c'est déjà très bien

Et, une fois que le montage terminée, il faut régler.

Réglages !

Le bon fonctionnement de la platine est soumis à quelques réglages et ceux-ci sont expliqués dans une documentation complémentaire au montage. Personnellement je retiens quelques points :

  • réglage de l'horizontalité : par niveaux à bulle

  • réglage de la pression de la pointe : contrepoids + mesure

  • réglage de la position de la cellule : protractor

  • réglage de la vitesse moteur : tournevis + application smartphone

Dans les lignes ci-dessous on va détailler un peu.

Par conception, le support du plateau contient trois petits niveaux à bulle qui sont fixés à l'intérieur.

L'horizontalité est modifiable avec les pieds de la platine et les niveaux à bulle permettent donc de faire un contrôle visuel.

C'est un fonctionnement classique et éprouvé !

Pour le réglage de la pression de la pointe, j'ai utilisée un balance à platine. C'est un gadget qui rend bien service et qui permet de savoir quelle est le poids de la pointe sur le vinyle.

Le réglage s'effectue avec le contrepoids, la mesure avec le gadget.


Si vous utilisez une platine, je pense que cet accessoire est obligatoire (avec plein d'autres, tel que la brosse à disque, la brosse à cellule, la machine à nettoyer etc...)

C'est dans les 10/15€ sur Aliexpress et dans les 15 / 25€ sur le fleuve Amazone.

La position de la cellule se règle en allant chercher le gabarit sur la page de VinyleEngine qui permet de télécharger un truc à imprimer.

Le protractor est un "vieux truc" connu qui permet de bien régler la cellule.

C'est un processus qui dure quelques minutes mais qui permet vraiment de tirer le meilleur parti de la cellule. Il faut prendre le Rega Bearwald Alignment Protractor V2.

Sur Vinyle Engine il faut avoir un compte pour télécharger les documents, mais si le vinyle vous intéresse vous avez déjà un compte ! (Ci-dessous une photo de la doc).

Le réglage du moteur s'effectue avec un tournevis (je reprends une photo de la doc) et comme outil de mesure vous pouvez utiliser votre smartphone.

Sur mon Android j'utilise l'application RPM Speed end WOW dont j'ai déjà parlé par ailleurs et qui permet de régler très finement la vitesse du moteur.

Bon, voilà, globalement vous avez une documentation complète pour les réglages et si vous avez déjà réglé une platine, rien de sorcier, l'essentiel est là.

La question qui tue !

Haaa, ouiiiii, mais comment ça sonne ?

Bon, plusieurs points :

  • très surpris de manière positive à la mise sous tension (je connaissais déjà la cellule)

  • le son dépend vraiment de la cellule et du soin que l'on apporte à bien la régler. Pas de surprise, ça sonne comme ça doit sonner, c'est bien

  • Je suis ravi d'avoir mené ce projet à terme

Mais voilà, j'ai plein d'autres idées :

  • fabriquer une base éventuellement à lester avec du sable

  • utiliser un arduino est des boutons pour régler ON / OFF, la vitesse et aussi mettre un timer de 30 minutes pour que la rotation s'éteigne toute seule (en cas d'oubli ça peut tourner plusieurs heures et c'est dommage de rincer la cellule sur le centre du disque !)

  • monter un bras plus performant en le récupérant d'une platine donneuse

  • monter un plus gros moteur avec une alimentation "de course"

Dans l'ensemble je suis curieux de savoir ce que les autres vont faire et je reste en veille pour connaître les améliorations.

En conclusion, le projet est très intéressant et c'est un régal à monter. Je m'autorise une petit critique : c'est un peu cher, surtout en ajoutant la taxe d'importation, on dépasse les 250€ et on se retrouve plus cher que les platines pourries mais neuves, et pas loin de platines sympathiques qui peuvent être en en promotion de temps en temps.