Mesures d'horloges

Nicolas est venu avec son lecteur CD afin de vérifier qu'il allait bien fonctionner avec un très vieux DAC Wadia (X64) modifié en son temps par TVCAudio pour améliorer la précision d'horloge. On a vu dans l'actualité récente les déboires des possesseurs de Topping D30Pro : l'appareil propose un taux de jitter ultra faible. Le problème, c'est que le Topping fait "ploc" lorsque l'on connecter des appareils avec une horloge de mauvaise qualité. Quand au Wadia avec sa super horloge, il n'a jamais pu verrouiller le "super lecteur de CD". Quelques pistes d'explication ci-dessous, et deux ou trois mesures pas inintéressantes.

Port USB asynchrone : rien à signaler !

On a déjà expliqué que le port USB utilisé pour diffuser la musique vers un DAC est un système asynchrone. Souvent les DAC utilisent un circuit XMOS dont il est facile de trouver les spécifications et vous devez certainement pouvoir le programmer si vous le souhaitez : il existe une carte d'évaluation et un environnement de développement. Le XMOS demande un paquet de données, le reçoit, en bufférise une partie et sort un flux de données constant vers le DAC.

Deux horloges pour le SPDIF

Le "drame" de la connexion SPDIF entre un lecteur de CD et un DAC, c'est que le signal d'horloge est transmis avec les données. Le DAC avec sa propre horloge doit composer avec celle du lecteur. Et les deux ne doivent pas fonctionner avec trop d'écart. Quand il y a trop d'écart entre les deux horloges, un D30PRO de Topping fait "ploc" : durant l'audition on entend des clics numériques et c'est parfaitement désagréable. Ceux qui sortent le signal de leur télé on peut être été agacé par cela. De mon côté, je comprends que l'horloge de la télé est pourrie et que le D30PRO, dont l'horloge est de très grande précision, se désynchronise. Si la télévision sortait le son sur un port USB au lieu d'une sortie Toslink, cela n'arriverait pas.

CEC TL2 ?

La marque s'est fait une spécialité des lecteurs haut de gamme avec entraînement du CD par courroie. En vérité les CEC disposent d'un mécanique SANYO pas terrible et CEC a bricolé un entraînement maison... Puis pour donner une signature sonore, CEC injecte de la merde dans le signal SPDIF.

Je dispose d'un petit appareil de mesure de la qualité d'horloge. Lorsque l'afficheur indique zéro, cela signifie qu'il n'y a pas d'erreur d'horloge. Du temps ou je m'enquiquinais encore avec les lecteurs de CD, quand le port USB était encore en version 1, j'avais des lecteurs très précis, et je considérais que le maximum tolérable était de 20ppm. Les mauvais lecteurs étaient à 50ppm.

Lorsque le CEC de Nicolas n'a pas permis au DAC de verrouiller, j'ai sorti mon appareil de mesures. On a effectué quelques tentatives, mais le lecteur oscillait entre 140 et 180ppm. De mon côté, je trouve cela parfaitement inaceptable, ce serait comme un ampli haut de gamme avec un SINAD de 35dB. Le plus drôle, c'est que durant la lecture d'un morceau, l'appareil de mesures n'était même pas capable d'afficher la durée de lecture à cause du signal d'horloge pourri fourni par le CEC.

Doit-on en finir avec les lecteurs de CD ?

J'ai du mal à comprendre pourquoi on continue à s'enquiquiner avec un lecteur de CD. Oui, on peut respecter les belles mécaniques : dans ce cas les premières mécaniques Philips sont splendides. Mais aujourd'hui ce n'est complètement plus nécessaire. Les données sur le CD sont numériques. On peut les transmettre au DAC dans un format qui dispense des erreurs d'horloge, avec des ordinateurs à 15€ tel qu'une Raspberry, ou même avec une console de jeux genre Odroid Go Advance à 30€. Pourquoi peut-on faire ça ? Parce que c'est du logiciel ! Si quelqu'un veut la meilleure solution de lecture, alors un port USB est la meilleure solution, pour transmettre des données numériques.

Si vous vous dispensez d'un lecteur de CD, vous n'aurez que des bénéfices. Tout d'abord vous allez économiser de l'argent. Ensuite vous aurez une meilleure qualité de son, au moins aux mesures. EnsEt pour finir, vous allez vivre sans la frustration de ne pas disposer du "lecteur de CD ultime" parce que vous aurez compris que c'est contre-productif.

Deux mesures de plus

Comme j'avais le Wadia branché dans le salon, plus de quoi mesurer les erreurs d'horloge, j'ai laissé le Wadia fonctionner en utilisant comme source la Raspberry Pi Zero 2 et la console de jeux Odroid Go Advance (oui, je m'en sers pour écouter de la musique, c'est totalement une source comme une autre, c'est à dire un ordinateur avec un port USB et du logiciel).

Comment les relier au vénérable Wadia qui n'a pas de port USB en entrée ? Heu, ben avec une M2Tech HiFace 2 et avec un Topping D10Balanced. La HiFace2 propose une mesure à zéro : il n'y a pas d'erreur d'horloge, c'est un excellent produit. Le Topping est un super DAC USB qui propose aussi de router le signal USB vers une sortie SPDIF. Sa sortie n'est pas mauvaise, j'ai mesuré une valeur de 12ppm. C'est tout de même douze fois moins que le CEC, qui de toute façon ne fonctionne pas sur le Wadia. En d'autres temps je n'avais pas non plus réussi à faire fonctionner une autre platine CEC sur un autre DAC "très haut de gamme", parce que le modèle en particulier proposait les mêmes performances horribles en terme de précision d'horloge.

Pourquoi certaines personnes achètent des lecteurs CEC ? Pourquoi des audiophiles écoutent des amplis à tubes sur des DACs pas très bons aux mesures avec des lecteurs CEC et trouvent cela extraordinaire ?

Personnellement je refuse de croire que tous les audiophiles sont sourds. Ou totalement manipulés par des biais cognitifs. De mon côté je suis attaché à une reproduction musicale pas chère et qui s'appuie sur des appareils avec d'excellentes mesures.