Elipson 1003

Dans le lot du matériel qui gravite dans le giron familial, il y avait ces très vintages Elipson 1003 qui n'étaient même plus utilisées. De mon côté sans enceintes passives depuis quelques semaines, j'ai accepté volontiers la proposition de les écouter. Plutôt milieu de gamme à l'époque, je ne m'attendais pas à autant les apprécier. Sous le charme, je me suis dit que ce serait peut être utile de faire une page sur le sujet pour témoigner de mon enthousiasme et condenser le résultat des recherches entreprises sur le ouaibe.

Elipson !

Elipson est une des plus ancienne marque d'enceintes françaises, une marque qui était très favorablement connue dans les années soixante dix et quatre vingt. Je ne vais pas refaire l'historique, ceux qui veulent en savoir davantage pourront se rendre sur le site de la marque ou bien consulter ce lien incroyable : https://passion-elipson.com

Ce qui n'est pas écrit sur le site, c'est que le directeur général d'Elipson, Joseph Léon, a eu un fils, Pierre Etienne, qui a fondé sa propre marque d'enceintes : la marque Pierre Etienne Léon avec quelques belles réussites à son actif (haaaaa, les Quattro !).

Elipson a équipé de nombreux studios de radio et proposé de nombreux brevets pour les enceintes acoustiques, avec notamment la "mise en phase acoustique" qui fait que les baffle des différents HP sont décalés, donnant un aspect visuel très spécifique aux créations de l'époque. Résonnateurs multiples et charge symétrique, c'est dans la caisse, ça ne se voit pas !

Serie 1000

La série 1000 d'après les catalogues de l'époque se retrouve positionnée en milieu de gamme. Comme on peut le constater sur la photo ci-contre, les trois enceintes de cette gamme sont dotées d'un pied. Chez moi cela positionne le tweeter de la 1003 pile à la hauteur de mes oreilles, lorsque je suis vautré sur le canapé. Ca tombe bien, c'est le positionnement recommandé pour n'importe quelle enceinte.

Trouvé sur http://unepassionaudiophile.fr/ le tarif Elipson en 1982 était de 2000 Francs à l'unité. Actualisés en Euros de 2021, on aurait un tarif de 1400€ pour la paire aujourd'hui.

Cela semble réaliste pour le produit - sans prendre en compte la partie esthétique qui correspond aux conventions de chaque époque - quand on regarde le matériel, la finition, l'ingénierie (mise en phase acoustique, radiateur passif) et la réputation de la marque à l'époque.

Surprise très agréable, les membranes ont toujours leurs suspensions ! Les enceintes ont été conservées avec les caches en place et certainement à l'abri de la lumière directe du soleil. On voit beaucoup d'Elipson de cette époque avec les suspensions détruites.

Et un petit mot de regret : à l'époque le modèle très réputé de la marque était le 1303. Vu comment fonctionne la 1003, j'aurai adoré pouvoir passer quelques jours avec une paire de 1303 en bon état !

Dans la partie spécification on voit que la 1003 est composé d'un tweeter à dome ainsi que d'un grave à deux HP : un HP actif ainsi qu'un HP passif.

Un HP actif, c'est un HP classique avec un aimant (le moteur) et un équipage mobile. Le champ électrique est converti en mouvement mécanique, c'est pour cela qu'un HP est un transducteur, un système qui transforme un signal physique en un autre.

Un HP passif n'a pas de système magnétique, pas d'aimant, pas de bobine, pas de bornes de connexion ! Il est placé dans le même volume de charge que le HP actif et permet "d'étendre la surface d'émission du HP actif". C'est pour cela que l'on est sur un système à 3 HP et seulement 2 voies. La membrane bouge en opposition de phase avec le HP actif.

Le rendement de la 1003 est de 86dB (pour un watt à un mètre) et c'est un rendement plutôt faible. Je m'en suis aperçu sans avoir l'information sous le nez, il a fallu tourner le bouton de volume pour sortir du son. L'enceinte a vraiment besoin d'un amplificateur "musclé" pour sortir du son. Je ne suis pas dans l'exigence d'un amplificateur de 300W, mais je pense qu'un petit ampli genre NAD 3020 de l'époque n'est pas adapté. Je pense qu'il est préférable d'utiliser un amplificateur d'au moins une cinquantaine de Watts.

Le problème est que la puissance admissible n'est pas très élevée non plus : 60W. Dans les faits, j'ai d'abord cherché si le tweeter était trouvable sur internet. Une fois cela confirmé, j'ai pu tourner le bouton de volume et écouter vraiment très fort (j'ai honte, mon voisin m'en a parlé le lendemain) au risque de griller le tweeter. En mesurant les watts envoyés aux enceintes, j'ai toujours été à un peu moins de 5W en continu pour un volume sonore très élevé dans une salon d'environ 20m2.

En conséquence, je ne pense pas que ces enceintes soient très adaptées pour sonoriser de grandes pièces, la puissance admissible et le rendement sont trop faibles. Honnêtement, dans un petit salon d'appartement parisien, pas de soucis. En corollaire, ce n'est pas une enceinte qui va surprendre par sa dynamique supérieure, ses qualités sont ailleurs.

Sur la brochure trouvé sur le net, j'ai trouvé des mesures qui me sont inexploitables. Tout au plus on peut dire que la courbe d'impédance n'est pas torturée, ce qui a priori va faciliter le travail de l'amplificateur (en général une impédance basse dans les basses fréquences va demander beaucoup de courant à l'amplificateur). La courbe réponse apmlitude / fréquence est difficile à interpréter, on peut lui faire dire ce que l'on veut en fonction de l'échelle etc...

Tweeter AUDAX HD100

La documentation Elipson de l'époque indique un tweeter de chez Audax, le HD100D25. La documentation d'Audax reproduite ci-dessous indique que le tweeter existe aussi en version avec une grille de protection : c'est cette dernière qui est proposée sur la 1003.

Et en plus, dans le cas d'une écoute un soupçon trop optimiste, on peut changer la bobine du HP sans se ruiner (dédicace à Maxime qui se reconnaitra) !

Le grave-médium !

Et donc trouvé sur la bible disponible ici on a les références des HP de grave / médium. Alors on évacue tout de suite la question du passif Siare SPC 205 que je ne trouve pas en cherchant sur internet...

Pour parler du RTC AD 80 671/W8 : je ne connais absolument pas du tout cette marque. Et google non plus, visiblement.

Difficile donc de produire quelques liens ou copie de document que ce soit.

Ecoute en d'autres trucs en vrac !

Comme indiqué plus haut, le rendement est faible et la puissance admissible aussi. Il faut prévoir un peu de puissance pour avoir une sensation satisfaisante de dynamique. Une fois cette question réglée, je suis resté épaté par la 1003. En effet, ce n'est pas une référence Elipson, c'était juste du milieu de gamme certainement chargée d'assurer des ventes pour ceux qui voulaient la qualité de la plus grande marque française de l'époque sans être obligé de vendre un rein.

Ha, j'ai trouvé la restitution super agréable, avec de beaux timbres, une belle image en 3D et puis du temps passé à vouloir écouter encore et encore. J'en ai même un peu honte : un superbe moment avec les 1003 associées à un équipement électronique modeste, comment est-ce possible que ça marche aussi fort ?

Peut être que j'aime trop la musique et pas assez le matériel, que d'entendre les oeuvres que j'aime, cela suffit à me transporter ?

Et puis je me dis que l'électronique a tellement évolué en quarante années. Le préampli et le DAC sont tous les deux à +120dB de SINAD et les cartes d'amplification de Texas, en mono et XLR (configuration la plus favorable aux mesures) permettent de tourner le bouton de volume "flat out" sans générer aucun bruit électronique retransmis par les enceintes. Il y a quarante ans c'était de la science fiction. Aujourd'hui ce ne sont plus que des problèmes résolus et ce qui reste, puisque tous ces appareils sont égaux et indiscernables à l'oreille, c'est juste les enceintes. Et en l'occurrence avec les 1003, je suis comblé.

Enfin, c'est dans les tuyaux, un autre modèle d'Elipson devrait arriver dans le salon : miam !

Et puis moi je dis que si Focal veut m'envoyer une paire de Sopra je veux bien les essayer pour voir si ça me plait autant.