Technics SE-A808

L'idée initiale était d'utiliser la platine Technics SL 5 (une petite merveille) pour lire un gros stock de disques vinyles dans un petit salon de maison de campagne. Mais avec quoi l'associer ? C'est là que passe dans le radar ce petit ensemble ampli + préampli, bien vintage, du début des années 80. D'un aspect esthétique correct, raccord avec le gris de la SL5, on se lance. Hum, mais qu'est ce que l'on a dans les mains ?

Sur la photo ci-dessus on retrouve les deux appareils composant l'ensemble. L'amplificateur est situé au dessus, son capot ajouré propose nombre d'ouïes d'aération pour l'échange thermique. Cet amplificateur a quelques particularités que l'on va détailler ci-dessous. On reparlera du préampli très singulier dans un autre article.

Technics SE-A808

On trouvera de la documentation technique sur le site de HiFi Engine et surtout le Service Manual pour régler le Bias et l'Offset puisque c'est un amplificateur en classe AB. Pour présenter ce joli petit appareil de 6.8Kg, on peut dire que ses dimensions sont de 430 x 75 x 280mm et qu'il a été présent sur le marché entre 1980 et 1983. C'est un amplificateur 2*40W "taille basse" commercialisé avec d'autres éléments reprenant la même identité visuelle (pramp ST-K808, une télécommande assez incroyable pour l'époque et une platine K7). A noter que le SA-A808 peut être bridgé (mode BTL) et du coup sort 90W en mono : il en faudra deux pour la stéréo !

La face avant est très sobre, un interrupteur, une prise casque (alimenté via les sorties enceintes + résistance) et deux boutons permettant de sélectionner la paire d'enceintes à utiliser (Main ou Remote). Les aérations sur le capot ne sont pas de trop, l'appareil chauffe !

Derrière on trouve les connecteurs pour les enceintes. A la mode à cette époque, les connecteurs acceptent du câble façon lampe de chevet, dénudé, qu'il faut introduire dans le connecteur. Ensuite on tourne d'un quart de tour pour verrouiller. Un report de prise permet de commander un autre appareil avec un seul interrupteur.

Un interrupteur permet de choisir le mode BTL pour bridger l'ampli en mono.

La sérigraphie indique quelle prise RCA à utiliser lorsque l'on souhaite passer en BTL.

Quand on ouvre, c'est un peu la surprise. Tout d'abord, on observe deux transformateurs pour notre appareil et du radiateur qui fait un tiers du volume de l'ampli. Ensuite, on est un peu surpris par le faible nombre de composants et on se demande quel est le tour de magie réalisé par Technics pour faire un ampli avec deux condos !

Modules AN7060 & STK1050

Et voilà une partie du "pot aux roses". L'amplificateur (comme nombre de ses semblables chez Technics à cette époque) repose essentiellement sur des modules intégrés :

  • un premier étage est assuré par le circuit AN7060

  • ensuite l'amplification utilise deux modules STK 1050 de chez Sanyo.

En regardant le schéma on voit clairement un amplificateur qui repose sur l'assemblage de modules.

La liste des "blocks fonctionnels" :

  1. en bas à gauche les transformateurs d'alimentation

  2. le TA731P de gestion des relais / protection

  3. les entrées...

  4. quasi directement reliées aux modules AN7060

  5. quasi directement reliés aux STK1050

  6. les sorties

L'AN7060 est un circuit de la maison, de marque Panasonic.

Il est la pour gérer l'étage d'entrée de l'amplificateur.

Les modules STK-1050 viennent de chez Sanyo et sont donnés pour 50W.

Les STK1050 contiennent l'étage de sortie de l'amplificateur. Ce sont des boitiers en plastique avec un dos métallique qui vient s'appuyer, via pate thermique, sur le gros radiateur. Il y a plusieurs décennies on se moquait bien des amplificateurs à module STK. Personnellement j'ai appris à ne pas les négliger par le biais de quelques appareils sans prétention de Technics qui finalement était tout à fait recommandables.

Le circuit de protection de l'amplificateur vient de chez Toshiba et offres plusieurs fonctionnalités telles que détection du continu, mute, gestion des relais...

En résumé, le faible nombre de composants s'explique par le choix de Technics de réaliser un appareil avec des modules du marché. Fin des années soixante dix et début des années 80, Technics proposait des appareils moins chers que "les autres", des marques telles que Marantz, Luxman etc...

Maintenance ?

En général sur un amplificateur de classe A/B on peut procéder à deux ajustements, le Bias et l'Offset. Ici, les composants sont enrobés de matière et monolithiques : on ne peut rien régler, le Service Manual ne propose aucun "alignement". D'un autre côté, les modules sont faciles à trouver et peu onéreux (dans la 10€) et c'est une assez bonne garantie de pouvoir réparer...

Mais... Je me demande pour ce genre d'appareil, en cas panne, dans quelle mesure il ne serait pas plus intéressant d'installer une carte TP3255 dans le boîtier par exemple. Avec une consommation annoncée par Technics de 480W pour le bloc en classe AB, on est très loin du rendement de la classe D et une petite carte 3eAudio, ça rentre dans le volume de l'ampli, ça ne chauffe pas et avec 500W d'alimentation, c'est bien 2*200W qui sont restitués, au pire.

Ecoute(s)

Ecouté sur des Elac DBR62 qui ne sont pas simples à alimenter (grosse rotation de phase dans les 50Hz) l'amplificateur a vraiment tendance à chauffer : un bon tiers du volume interne est occupé par du radiateur, je suppose que ce n'est pas pour rien.

Autre point, les deux transformateurs... A la réflexion, je me dis que c'est à cause des contraintes d'encombrement (ligne basse de l'ampli) plutôt que dans un esprit audiophile auquel cet ampli échappe (ce n'était pas la mode à cette époque).

Pour en venir à la retranscription, l'ampli n'est pas ignoble du tout avec ses 40W assumés.

En essayant plusieurs cellules sur la platine vinyles comme source, la différence sonore entre cellules est bien plus importante qu'un changement d'amplificateur que je ne suis pas certain de pouvoir identifier en aveugle.

Un point que j'ai remarqué sur les électroniques des années 80, c'est qu'en général les amplis sont meilleurs que les préamps. Les préamplis sont le goulet d'étranglement. C'est pourquoi durant mes écoutes j'ai finalement préféré utiliser le préampli phono Cambrige Audio Duo et le petit Topping L30. Associé à ces éléments, le Technics a brillé, c'est à dire qu'à mes oreilles, qui sont loin d'être un instruments de mesures, j'ai apprécié autant la musique qu'avec mon amplification habituelle.

En conclusion, c'est un amplificateur assez rare sur le marché, assez élégant (cf. NAD de la même époque avec façade plastique), qui chauffe beaucoup et qui est agréable à écouter. Ravi de lui offrir une seconde vie !