Les DACs permettent de convertir un signal numérique en signal analogique qui sera ensuite amplifié par un amplificateur pour alimenter des enceintes. Comme la musique est aujourd'hui essentiellement numérique, c'est devenu un point central de la reproduction. Le Digital Audio Converter existe pour le grand public depuis les années quatre vingt, mais depuis très peu de temps la donne a véritablement changée.
Pendant longtemps le port USB a été une interface peu recommandable. L'ordinateur envoyait "quand il avait envie" un paquet de 1024 octet directement à décoder et le lecteur dépendait de l'horloge d'un ordinateur au lieu de disposer de la sienne. En lecture audio on récupérait du bruit et on injectait beaucoup de jitter. En plus de cela Windows considérait que 14 bits suffisent pour la musique, il fallait donc en plus ajouter des drivers spécifiques pour obtenir la vraie résolution du format CD Audio (16 bits).
Aujourd'hui le port USB a évolué (USB 2) et dans un DAC bien conçu (par exemple un SMSL-SU8 à 200€) le circuit XMOS qui gère le port USB isole le DAC du bruit électronique du PC et travaille de manière asynchrone pour "reclocker" le signal. Il n'y a plus de jitter induit par la transmission comme c'était le cas avec le SPDIF par exemple, la seule horloge utilisée par le DAC est celle du DAC. Les solutions d'interface USB fournies par la société XMOS, leader du marché, s'appuient sur du matériel plus du logiciel. La partie matérielle utilise un micro-contrôleur multi coeurs et le code est développé en C et C++. C'est par cette interface que les DAC modernes peuvent recevoir un signal audio à 384kHz.
Les fondeurs de circuit de conversion pour un DAC "audiophiles" ne sont plus que deux... Oui, Texas Instruments a racheté tout ce qui traînait, mais Ti est orienté consumer. Dans le DAC "audioohile", il reste deux acteurs : Ashai Kasei Microdevices avec ses AK44xx et ESS Technology avec ses circuits SABRE ESS9038 et autres. Le plus drôle c'est que ce sont des compagnies qui existent depuis des décennies et qui ont commencé leurs activités dans le chipset audio pour l'ordinateur.
Le circuit intégré de conversion numérique vers analogique d'aujourd'hui est un circuit intégré avec des performances sur spécifications très élevées, impossible à atteindre avec des composants discrets (comme les R2R qui reposent sur un réseau de résistances). Néanmoins certains appareils du commerce dotés du haut de gamme d'AKM ou SABRE ont des performances mesurées très décevantes : le circuit dans la boite ne fait pas tout, il faut l'implémenter correctement d'un point de vue électronique et même tenir compte de la gestion de la température et des dérives thermiques.
On oppose les "composants discrets" (transistors, resistances, condensateurs...) qui sont visibles sur un circuit aux circuits intégrés qui contiennent aussi ces composants, mais dans un seul boitier dont on ne peut pas voir les composants internes, microscopiques. Certaines entreprises revendiquent leur volonté de fabriquer des appareils audios avec des composants discrets, mais les performances mesurées des circuits intégrés (bruit, distorsion etc...) rendent la position difficilement tenable. Texas Instruments fabrique des OpAmp tels que les OPA1612 avec un taux de distorsion de 0.000015% at 1 kHz complètement délirant et totalement impossible à atteindre en composants discrets. Ce composant est souvent utilisé dans les DACs et les amplis casque. Ci-contre le diagramme de l'OPA1612.
On l'aura compris, un DAC de 2020 aux meilleures performances mesurées contient les composants suivants : un circuit XMOS pour une excellente interface USB, un convertisseur SABRE ou AKM, un étage de sortie avec des OpAmp en provenance de Ti. Les premiers prix sont dans les 100€ et à 200€ on atteint l'excellence. Pour dépenser plus, il faut s'attacher à des fonctionnalités supplémentaires parfois présentes dans les modèles moins onéreux, telles que la télécommande, sortie RCA + XLR, grand écran, prise casque etc... Enfin, quoiqu'il en soit, le tarif est contenu en dessous de 500€ pour les machines avec le plus d'options et 200€ suffisent largement. Tout cela pose la question de l'intérêt des appareils audiophiles ultra onéreux : l'inspection des composants internes ne permet pas de constater l'utilisation de composants de meilleure qualité et les résultats aux mesures sont en faveur des petits DACs bien conçus.
audiofolies n'a ni les compétences ni les moyens pour effectuer des mesures. Et force est de constater que l'on ne voit jamais de mesures publiées, autres que les chiffres officiels des constructeurs qui ne veulent rien dire. Enfin, cette situation à changée depuis peu. En effet, le site audiosciencereview, animé par un ingénieur au parcours professionnel impressionnant, propose des vraies mesures avec un vrai protocole et un équipement (très onéreux) de référence.
Pour les DACs les mesures sont essentiellement composées d'un SINAD (Signal on noise and distorsion) pour un niveau de sortie standard (2V sur RCA et 4V sur XLR, quand les appareils y arrivent !), et des mesures de dynamique, d'intermodulation, de jitter, de linéarité. De quoi avoir une bonne idée d'un équipement. Ces mesures font des victimes...
En effet, ces mesures sont un gros coup de pied au séant du monde de l'audiophilie. Les mesures éclairent de façon incroyable plusieurs points qui remettent TOTALEMENT en question la HiFi:
passé un cap "symbolique" de 100€ il n'y pas de corrélation entre le tarif et les performances
les appareils ultra onéreux (+2500€) sont mauvais aux mesures (et ne sont donc pas bons)
Si l'on considère que la fonction d'un DAC est de faire correspondre à un niveau d'entrée numérique un niveau de sortie analogique, si l'on est d'accord sur ce point, alors "le romantisme" (cf "Le Zen ou l'art de la réparation des motocyclettes") n'a pas sa place dans l'audio.
Prenons le cas d'un vidéo-projecteur : un signal numérique est converti en images et en couleurs. Il est possible de mesurer les écarts en utilisant des mires définies et la distance entre l'image numérique initiale et la restitution par le projecteur.
Plus l'image restituée est proche de l'image numérique initiale, plus le projecteur est "bon". Personne ne va aller s'esbaudir sur un projecteur qui a sa propre manière de retranscrire les couleurs, qui va transformer des droites en courbes, qui va sauter des images etc...
Et bien pour l'audio, c'est la même chose : on peut mesurer. Et les appareils qui se comportent mal aux mesures ne sont pas bons, tout simplement.