SMSL DL200

SMSL frappe encore fin 2023 avec du matériel vraiment pas onéreux et excellent aux mesures : le SMSL DL200 est arrivé ! En photo, il ne m'est pas très engageant, mais une fois dans les mains, on ne regrette pas son achat. La finition est bonne, l'afficheur est très lisible et le rapport (performances + fonctionnalités) /  prix est incroyable ! 

En décembre 2023 Audiophonics le propose à 210€. Mon exemplaire, via des coupons et des remises revient à 153€ chez HIFI-Express. Si l'on préfère la sécurité et le SAV en cas de soucis, Audiophonics est le meilleur choix. Personnellement je n'ai pas résisté au tarif exceptionnel de HIFI-Express !

Qu'est ce c'est ?

Le SMSL DL200 est un DAC + Ampli casque. On branche un ordinateur, une télé, une console de jeux, un lecteur CD en entrée et en sortie on peut connecter un amplificateur ou des enceintes actives (RCA ou XLR). Si l'on n'a pas d'enceintes ou d'amplificateur à connecter, on peut utiliser un casque. Rien que sur cette fonctionnalité de DAC + Ampli casque, le DL200 est une superbe machine / affaire !

La partie Amplificateur casque offre deux sorties en façade : 


La partie DAC du DL200 offre plusieurs entrées numériques : 

Et deux sorties analogiques :

On remercie  Audiophonics pour le schéma ci-contre.

La documentation en ligne est ici.

XMOS XU316

L'entrée USB est traitée par le micro-contrôleur XMOS XU316. Le XU316 est la troisième génération de ce type, la plus récente en 2023. Vous trouverez la documentation du XU316 ici. Avec ce type de circuit qui traite les données USB en asynchrone, la question du jitter est du passé.

Je vois parfois des "cables USB Audio" et il y a de quoi tomber de sa chaise. Ce sont des produits purement marketing. Si le câble USB fonctionne, même s'il coûte 2€, alors c'est le XU316 qui reçoit les paquets, les bufferise et les envoie en temps et en heure au circuit de décodage. Un câble "USB Audio" c'est purement de la foutaise au cube, de l'ignorance et de l'exploitation des gogos.

Le SMSL DL200 permet de "dégrader" de deux manières différentes le fonctionnement de l'entrée USB : il est possible de fonctionner en USB1.1 au lieu de l'USB 2, pour permettre aux vieilles consoles ou autres appareils non destinés à l'audio, de se connecter au DAC. Autre point : on peut modifier la précision de la fenêtre d'horloge, avec des valeurs de 1 à 9 : si l'émetteur dispose d'une horloge pourrie, cela permet malgré tout au DAC d'être moins strict sur la précision d'horloge et de se synchroniser avec des sources de mauvaise qualité. On notera que l'USB 1.1 est limité à 24 bits de résolution et à la fréquence de 96kHz. Le format USB2 permet au XU316 d'aller jusqu'à 32 bits et 768kHz.  

A noter que les machines équipées de XU-216 de génération précédente ne sont pas à mettre à la poubelle : le circuit traitait correctement la réception USB.

Un truc rigolo, c'est que le SMSL M300SE dispose aussi du X316, capable de recevoir les données dans un format 32/768 : la promotion du produit se fait sur ces chiffres, même si le DAC derrière n'est pas capable de traiter la fréquence. De toutes façons ce n'est pas important : le signal est reçu par le micro-contrôleur XMOS et ensuite converti dans le bon format dans lequel le circuit de conversion travaille.

On notera aussi que le XU316 est capable de recevoir le signal DSD 512. Et le MQA, escroquerie fumeuse, est aussi reçu par le circuit. Ensuite, le micro-contrôleur envoie le signal vers le DAC ESS9039Q2M.

Composant :  DAC ESS9039Q2M

Le coeur du système repose sur un nouveau circuit de conversion de chez ESS. Aujourd'hui on a deux leaders sur ce marché, AKM et ESS. Certains audiophiles affirment que les AKM sont plus analytiques et que les ESS sont plus "musicaux", ou le contraire. Quoiqu'il en soit, vous trouverez  la documentation "data sheet" ici. Ci dessous un extrait.

A la sortie du XU316, les données sont envoyées vers le circuit de convertion choisi dans le catalogue ESS. 

Le circuit intégré ES9039Q2M est un circuit récent en 2023 et  qui travaille en 32 bits.

En regardant le chemin digital sur le schéma ci-contre extrait de la documentation, voit que le signal DSD ne passe pas par le même chemin que le PCM :

Le THD comp est un système de compensation des harmoniques 2 et 3. C e système est "programmable" par le biais de coefficients de compensation.

 A priori ce serait à SMSL de définir les coefficients de compensations, mais je n'ai jamais vu un vendeur de DAC proposer cela dans son interface.

Le circuit de chez ESS comporte 8 filtres différents. Ce n'est pas toujours le cas, malheureusement, mais pour le DL200 SMSL offre une interface qui permet de choisir le type de filtre.

La documentation du circuit de conversion est généreuse en renseignements et l'on peut voir la réponse en fréquence et la réponse impulsionnelle de chaque filtre.

Ci dessous, quelques exemples :

Ci-contre, la documentation des filtres fournie par SMSL.

On veut un filtre qui :

D'après ce schéma, FL3 ou FL4 sont de bons candidats. FL5 et FL6 filtrent en pente douce et ce n'est pas ce que l'on souhaite a priori.

Dans la documentation ESS, minimum phase slow roll off à l'air pas mal car il n'a pas d'impact sur la réponse en fréquence et propose une réponse impulsionnelle sans pré ni post ringing.

Ci-dessous, un exemple de deux types de réponse impulsionnelle pour montrer que quoi il s'agit.

La première ressemble à la réponse des Wadia de la première heure et était très recherchée dans les années 90.

La seconde montre du pré et post ringing.

A priori FL5 semble le plus beau filtre sur la réponse en fréquence et la réponse impulsionnelle, quand on regarde la documentation d'ESS. Quand on regarde les courbes fournies par SMSL, c'est le pire : il intervient trop tard et la pente est trop douce. Cela ressemble à du NOS, à la mode il y a quelques années quand les audiophiles déliraient sur le Non Over Sampling (NOS). Je suppose que ce type de réponse est obtenu quand on désactive l'oversampling.

Shannon nous dit d'utiliser FL4 : on veut éviter l'aliasing, on ne veut pas entendre des sons qui n'existent pas dans le signal original et qui sont le produits du traitement mathématique des échantillons. C'est pour cela que l'on implémente un filtre anti-aliasing. Certains audiophiles souhaitent un traitement du signal sans oversampling et sans filtre numérique. A ce compte, on fini par utiliser un DAC Philips 1541 sans filtre, c'est à dire que l'on revient en 1986. Pourquoi pas, chacun trouvera son plaisir où il le souhaite. 

Pour revenir à notre DL200, il n'est pas certain d'entendre une quelconque différence entre les filtres proposé, chacun pourra se faire une idée avec l'appareil dans les mains. De mon point de vue, on est à un tel niveau de qualité de restitution aujourd'hui que la question du choix du filtre n'est pas importante.

SINAD

Les mesures effectuées par SMSL avec leur APX 555B montrent un SINAD de 123dB... A 5V ! Sur le site d'Audio Science Review, les mesures sont "normalisées" à 4V. Cela signifie que quand Amir va mesurer le SINAD du DL200, les chiffres seront un peu moins favorables : on va perdre 2dB de SINAD. Cela n'a aucune importance, de 121dB à 123dB, l'oreille humaine est incapable de faire la différence ! C'est une différence de 2dB qui est seulement mesurable par les meilleurs instruments de mesure : "mesure grade" comme dit Amir.

Cela signifie que le design est d'excellente qualité et que l'implémentation des différents éléments est réalisée correctement.

Aujourd'hui la différence ne vient pas du choix du circuit de conversion, peu ou prou tous les DACs offrent des performances splendides.

La différence vient de l'implémentation. C'est le savoir faire de SMSL et des autres entreprises chinoises telles que Sabaj, Topping, Gustard qui est à l'oeuvre pour produire des machines aux mesures stratosphériques !

Et tout ça à des tarifs raisonnables (ou ridiculement bas en regard des performances).

A noter que le niveau de sortie max est de 2.5V et 5V (RCA / TRS) un peu plus élevé que le 2V / 4V souvent vu sur cette classe d'appareil.

Amplificateur casque

La partie amplification casque est confiée par quatre Texas Instruments OPA1612A. La documentation technique est ici. Ce circuit représente l'état de l'art en matière de bruit et de distorsion et permet d'obtenir, avec une implémentation rigoureuse, une amplification casque en dehors de tout soupçon.

Le DL200 a la bonne idée de proposer deux sorties casques que l'on accueille volontiers : pour le tarif (très doux) d'un DAC, on dispose dans la même boîte d'un amplificateur casque aux performances que l'on imagine excellente (il faudra attendre les mesures d'Amir pour le confirmer).

J'ai pour l'instant seulement utilisé le DL200 sur sa sortie casque 6.35. Je suis ravi, que ce soit avec des IEMs type Thruthear Crinacle Zero RED ou Blue, l'AKG K702 ou le Moondrop PARA et sa sensibilité de 8ohms. La sortie 4mm est symétrique, pour ceux qui ont le câble et le casque.

La dent bleue 5.1

N'étant pas un utilisateur du BT, pas grand chose à dire sur le sujet. Le DL200 implémente un circuit Qualcomm BT 5.1 qui propose le LDAC, si ça dit quelque chose à quelqu'un. Mauvaise fois mise de côté, le LDAC est le codec à utiliser, avec potentiellement une qualité indiscernable d'une transmission loseless, à l'oreille. Voilà pour ceux que cela intéresse.

MQA

Le DL200 Décode le MQA. Pourtant, le MQA est une escroquerie commerciale et technologique. Malheureusement la communication initiale a fait croire aux gogos audiophiles que les différences entendues, via un algorithme de compression (mal branlé), générées par de la distorsion et de la perte de données, étaient souhaitables (par exemple TIDAL avait encodé son répertoire en MQA). Heureusement, en avril 2023, la compagnie derrière cette méga-escroquerie a fait faillite. Hélas, la pression initiale en faveur du MQA par des audiophiles une fois de plus bernés par le discours commercial, a fait que le MQA est aujourd'hui encodé dans le silicium des circuits DAC, parce que la fonctionnalité de décodage était un argument de vente.

Le résultat c'est que l'utilisateur final paye des droits de licence pour une fonction qui ne l'intéresse pas et qu'il n'utilisera jamais. Il aura fallu 10 ans pour supprimer de l'horizon cette supercherie, avec une agressivité terrible de MQA à l'encontre de ceux qui ont produits des mesures les démasquant, apportant la preuve d'un codec avec perte de données.

Malheureusement les restes de MQA ont été acquis en septembre 2023 par Lenbrook... Ils pourront vivre un moment sur les droits de licence, je suppose.

Télécommande

Quelques années auparavant chaque fonction se payait de quelques dizaines d'euros supplémentaires. Par exemple le SMSL SU8MkII, excellent, n'avait pas de télécommande. Aujourd'hui ce n'est plus le cas. Bien sûr pour le tarif, c'est une babiole en plastique (compatible avec le C200 et le M300SE, au moins), mais elle a le mérite de fonctionner.

A noter :

En conclusion

Sur la première série de machines livrées, la vis de fixation de l'antenne BT était à l'extérieur du boîtier et ne permettait pas de fixer correctement l'antenne. Sur les séries suivantes ce problème a été résolu. On ne le comptera pas dans les points négatifs.

On va commencer par les points négatifs :

Les points appréciables

Pour le reste, je reste pantois. C'est encore moins cher (et mieux) que le SMSL C200. Le tarif est ridiculement faible par rapport à tout le matériel embarqué et le savoir faire déployé sur l'implémentation. Si l'on est attentif à la question du budget, alors c'est la machine gagnante aujourd'hui sur le marché : sorties XLR pour attaquer des enceintes actives ou un amplificateur, performances au top, alimentation embarquée dans le boîtier, sortie casque performante. Et pour le tarif on a même une télécommande.  Avec n'importe quel IEM de compétition entre 20€ et 50€, on a résultat imbattable en terme de qualité de restitution pour moins de 200€ : c'est du rêve !

Bonus et Specs commerciales


Expérimentations

Je n'utilise pas de PC sous Windows, donc aucune idée du comportement avec ASIO etc... Par contre j'utilise des machines sous Linux. Ce qui est confortable pour moi, c'est que le C200, le M300SE et le DL200 sont vus de la même manière sous Linux.

J'ai testé avec : 

Je vais modifier l'oversampling pour confirmer que le XU316 fonctionne bien jusqu'à 32/768. Quelques essais qui donneront lieu à une article complémentaire.