Waiting For The Miracle

Léonard Cohen (LC), sombre et mystérieux, évoque les contradictions de l’amour et du destin. Il ne s’agit pas d’un quelconque destin écrit dans les astres ou ailleurs, mais de ce que nous sommes au fond de nous même, et qui nous rend apte ou inapte à une chose ou l’autre… comme le bonheur, par exemple. On retrouve là un thème sous-jacent à de nombreuses chansons de LC : la méconnaissance du plus profond de son âme et de son cœur peut conduire une personne à des échecs réitérés, et, surtout, à faire souffrir autour d’elle. L’introspection est nécessaire, mais difficile, et parfois illusoire, car le regard que nous portons sur nous-même est tantôt indulgent, tantôt excessif, toujours biaisé par nos peurs, nos rêves et nos espoirs. Nous attendons tous le miracle, celui qui nous ferait sortir de nous même, nous ferait échapper à nos défauts, nos démons, nos désirs… Maintes fois, LC a chanté cet écartèlement entre une immense aspiration à l’amour, et une incapacité à échapper à ce qu’il est, et, en l’occurrence, au rôle (le mot est faible) que tiennent la poésie et la chanson dans sa vie. Pourtant, si sombre qu’elle puisse paraître, cette chanson martèle la persistance de l’espoir. On dit que « l’espoir fait vivre ». Le bonheur peut naître d’un espoir partagé, d’une volonté commune de dépasser nos limites, de surmonter nos incapacités, de vaincre le destin – et la vie est un miracle !

En Attendant le Miracle

Chérie, j’ai attendu

J’ai attendu jour et nuit

Le temps n’est pas venu

Attendu la moitié de ma vie

Que d’invitations j’ai reçues

Quelques unes étaient les tiennes

Mais j’ai attendu

Que le miracle, que le miracle advienne

Je sais combien tu m’aimais

Mais j’avais les mains liées

Cela t’a sûrement blessée

Blessée dans ta fierté

D’attendre avec tambours et trompettes

Nuit et jour sous mes persiennes

Tandis que, là haut, je guette

Que le miracle, que le miracle advienne

Je ne crois pas que ça puisse te plaire

Ici ; tu n’aimerais pas, non

Les jugements sont sévères

Il n’y a pas de distractions

C’est du Mozart, dit le maître

Mais ça semble une vieille rengaine

Quand on attend

Que le miracle, que le miracle advienne

Attendre le miracle

Il n’y a rien de plus à faire

Je n’ai pas été si heureux

Depuis la fin de la guerre

Rien de plus à faire

Quand tu sais que tu t’es fait prendre

Rien de plus à faire

En mendiant des miettes pour vivre

Rien de plus à faire

Quand il te faut toujours attendre

Attendre que le miracle advienne

Dans mes rêves, tu es revenue

C’était juste la nuit dernière

Tu étais en grande part nue

Mais en part aussi lumière

Le sable du temps coulait

Sans que tes doigts ne le retiennent

Et tu attendais

Que le miracle, que le miracle advienne

Marions nous, car nous sommes seuls

Depuis bien trop longtemps

Soyons seuls ensemble

Sommes-nous assez puissants

Pour un acte épouvantable ?

En attendant

Que le miracle, que le miracle advienne

Rien de plus à faire…

Quand tu es tombée sur le chemin

Et sous la pluie tu te vautres,

S’ils te demandent si tu vas bien

Tu dis que tu n’ peux pas te plaindre

Mais s’ils t’interrogent sans fin

Alors sois bonne comédienne

Dis que tu es là pour attendre

Que le miracle, que le miracle advienne

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)