The Traitor
Now the Swan it floated on the English river
Ah the Rose of High Romance it opened wide
A sun-tanned woman yearned me through the summer
And the judges watched us from the other side
I told my mother "Mother I must leave you
Preserve my room but do not shed a tear
Should rumour of a shabby ending reach you
It was half my fault and half the atmosphere"
But the Rose I sickened with a scarlet fever
And the Swan I tempted with a sense of shame
She said at last I was her finest lover
And if she withered I would be to blame
Il faut respecter les conventions, la tradition, les us et coutumes, se conformer au modèle, et jouer son rôle.
Vivre avec son temps, suivre la mode, marcher droit et faire mine de croire qu’on avance.
Être « bien-pensant » et « comme-il-faut », et faire en toute circonstance ce que l’on attend de nous : « comme tout le monde »…
Car « les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux ».
Mais que faire du désir et de la sincérité ? Notre destin est-il de nous conformer ? Ne sommes-nous qu’une multitude de clones partageant la même personnalité ? »
Notre vie n’est-elle qu’une épreuve, où chacun de nos gestes et de nos actes est jugé à l’aune de l’uniformité ?
L’amour n’est-il qu’une compétition dont les figures sont imposées ?
Pourtant, « s’il n’entend le cœur qui bat, le corps non plus ne bronche pas », et si « le haut-commandement » déserte par manque de foi dans sa prétendue mission, il est considéré et traité comme un traitre.
Léonard Cohen sait que nous ne pouvons pas feindre l’amour. La véritable traitrise est d’en jouer le rôle sans y croire : faire, machinalement, son « devoir » avec le cœur ailleurs, et remplacer les sentiments par des gestes.
Le Traître
Sur la rivière anglaise, le Cygne flottait
Ah, la Rose de Grand Idylle s’épanouissait
Une femme hâlée me désirait tout l’été
Et, de l’autre rive, les juges nous observaient
J’ai dit à ma mère : « Mère, je dois vous quitter.
Gardez ma chambre, mais ne pleurez pas
Si la rumeur d’un fiasco vous inquiétait
Ce n’est pas plus ma faute que celle du climat. »
J’ai donné à la Rose la fièvre l’empourprant
Et tenté le Cygne d’un sentiment de honte
Elle dit que j’étais son plus parfait amant
Et, si elle s’étiolait, ce serait ma faute
Les juges dirent « Vous avez échoué d’une fraction.
Debout ; rameutez vos troupes et attaquez. »
Ah, les rêveurs en lice contre les hommes d’action
Oh, voyez les hommes d’action distancés
Mais, je restais sur ses cuisses un instant trop long
J’embrassais ses lèvres comme un assoiffé
Ma fausseté me piqua comme un frelon
Le venin paralysa ma volonté
Je ne pouvais prévenir les plus jeunes soldats
Que leur haut commandement désertait
D’ici à Barcelone, partout où l’on combat
En ennemi de l’amour je suis listé
« Je dois partir », m’avait-elle dit, « Mais, mon corps,
Garde le pour t’y allonger ; tu peux
Le monter et descendre, et, pendant que je dors,
Redresse la Rose et, le Cygne, gonfle-le »
Je fais mon devoir avec assiduité
La touche ça et là ; je sais où me mettre
J’embrasse sa bouche ouverte et loue sa beauté
Et on me traite ouvertement de traître
(Traduction – Adaptation : Polyphrène)