Love Calls You By Your Name

Léonard Cohen évoque cet espace, « entre le début et la fin des choses », où l’on doit se décider, se mobiliser, réagir…

En simplifiant (mais les chansons de Léonard Cohenpeuvent-elles être simplifiées ?) on pourrait chanter comme Georges Brassens et Maurice Chevalier : « L’amour est passé près de vous » (Paroles de Raymond Souplex et Charles Cachant, musique de Fredo Gardoni et Jean Chavoit).

« Vous qui passez l'âme en peine

Si vous soupirez tout bas

C'est que la vie paraît vaine

Quand l'amour n'y rentre pas »

[…]

“Sachez le comprendre et le garder toujours

Si vous voyez passer l'amour”

[…]

Toutes ces brèches dans notre vie, ces défauts dans la cuirasse dont nous nous revêtons pour éviter de souffrir, ces instants d’hésitation où deux regards se croisent et s’arrêtent une seconde de trop, ces mains qui se frôlent et frémissent, ces phrases qui restent en suspens, ces silences vibrants, ces pas qui s’éloignent comme un cœur qui bat, ces ombres qui s’animent… tout cela disparaît lorsque la raison se réveille et impose partout sa lumière froide et crue, ne nous laissant que l’ombre d’un regret.

« Alors, aux soirs de lassitude

Tout en peuplant sa solitude

Des fantômes du souvenir…»

(encore Georges Brassens, chantant le poème d’Antoine Pol « Les Passantes »).

L’Amour Appelle Ton Nom

Tu le croyais impossible pour ceux

En qui tu te métamorphosais

Ton corps perdu en légende, la bête apprivoisée

Mais là, oui, là

Entre tache de vin et de sang

Entre pluie et bonhomme de neige tout blanc

Entre ton sang et l’océan

A nouveau, à nouveau

L’amour appelle ton nom

Ces femmes que tu blâmes et loues

Sur l’album, tu racontes

Qu’elles ont enchaîné tes doigts tout au bout

Et, au pinacle, tu montes

Oh, mais là, oui, là

Entre les noisettes et la cage

Entre feux de scène et ombrage

Entre les heures et les âges

A nouveau, à nouveau

L’amour appelle ton nom

Ta solitude, tu épaules

Comme un fusil, sans apprendre à viser

Et, dans ce cinéma, tu déboules

Puis tu grimpes sur le film exposé

Oui, et là, oui, là

Entre clair de lune et chemin

Entre le tunnel et le train

Entre victime et sang humain

A nouveau, à nouveau

L’amour appelle ton nom

Je laisse la dame méditant

Sur cet amour dont je ne veux être l’objet

Au bas des cent marches, je descends

Mais la rue n’a vraiment pas changé

Et là, oui, là

Entre sa canne et le danseur

Entre dalots et dériveur

Entre nouvelles et tes petites douleurs

A nouveau, à nouveau

L’amour appelle ton nom

Où es-tu, Judy, où es-tu, Anne ?

Où sont les chemins de vos dieux ?

Je m’interroge, perdant bandages et canne

Etais-je, étais-je vraiment infirme, étais-je bien boiteux ?

Oh, là, viens donc là

Entre le moulin et la graine

Entre cadran solaire et chaîne

Entre la traitresse et sa peine

A nouveau, à nouveau

L’amour appelle ton nom

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)