Going Home

I love to speak with Leonard

He’s a sportsman and a shepherd

He’s a lazy bastard

Living in a suit

But he does say what I tell him

Even though it isn’t welcome

He will never have the freedom

To refuse

He will speak these words of wisdom

Like a sage, a man of vision

Though he knows he’s really nothing

But the brief elaboration of a tube

Going home

Without my sorrow

Going home

Sometime tomorrow

To where it’s better

Than before

Going home

Without my burden

Going home

Behind the curtain

Going home

Without the costume

That I wore

[…]

Voici, pour les « fans » de Léonard Cohen, un « document » majeur, que ceux qui le suivent depuis ses débuts écouteront sans fin. Ce n’est pas seulement la quintessence de son art et un exemple remarquable de son style. C’est aussi la pièce manquante du puzzle(au sens littéral anglais du terme) pour découvrir, comme une gigantesque fresque, l’ensemble de son œuvre. Sur ce tableau grandiose, où l’on découvre des villes et des jardins, des monuments et des taudis, des abîmes et des océans, des cimes et des rivières, on reconnaît la tour de chanson, la rivière aux eaux noires, la rue Bugis, les mirages du pays de cocagne, et l’étrange fumée qui s’élève au dessus des villes. On voit agir les courants contraires qui parcourent les océans, on survole Vienne et Manhattan, une rue de New York en hiver… et l’on s’arrête devant un oiseau, perché sur un fil, qui chante à tue-tête pour célébrer sa liberté d’exister.

Dans ces paroles, à peine chantées par Léonard Cohen, de sa voix si grave qu’on la dirait d’outre-tombe, on retrouve l’humilité et la soumission qui transparaissent dans son œuvre, mais s’expriment plus directement dans ses dernières chansons comme « Show Me The Place ». On entend ici, tour à tour, « l’être suprême » qui l’a doté de cette voix et de ce don pour être non pas son prophète, mais son porte parole, puis Léonard, qui nous disait « I was born like this, I had no choice » et chante maintenant le retour « à la maison », qu’il faut entendre comme dans « Swing low, sweet chariot, coming for to carry me home» : le retour vers la source, le passage sur l’autre rive du désespoir, la fin du cycle.

Bien évidemment, il est facile, voire tentant, d’inscrire tout cela dans un contexte religieux, et Léonard Cohen lui-même n’en disconvient pas. A cet égard, cette chanson est beaucoup plus « transparente » que bien d’autres, et d’une limpidité presque crue, qui devient poignante lorsque survient le refrain. Après un long chemin, et des années de méditation, Léonard Cohen jette sur sa vie un regard sans concession, mais, manifestement, lui cherche ou lui définit un sens, et ce sens implique humilité, soumission, respect, et sacrifice.

Et la lucidité qui fut toujours une des qualités premières de son œuvre devient clarté !

De Retour

J’aime parler avec Léonard

C’est un sportif et un pasteur

C’est un flemmard et un toquard

En costume

Mais il dit ce que je lui dis

Même si c’est mal ressenti

Il ne lui serait pas permis

D’refuser

Il dit la sagesse avec l’air

D’un grand sage et d’un visionnaire

Mais il sait bien qu’il n’est guère

Que l’agencement temporaire

D’un vil tube

De retour

Laissant mon chagrin

De retour

Tôt ou tard demain

Où tout est vraiment

Mieux qu’avant

De retour

Laissant mon fardeau

De retour

Derrière le rideau

De retour

Sans le déguisement

Que j’arbore

Il veut écrire une chanson

D’amour, un hymne au pardon

Un traité pour vivre à fond

La défaite

Un cri par delà la souffrance

La résilience du sacrifice

Mais ce n’est pas je que je veux qu’il

Accomplisse

Je veux qu’il soit bien certain

Qu’il n’est en charge de rien

Et de vision n’a nul besoin

Qu’il n’a que la permission de

Respecter mon ordre de

Dire tout ce que je lui dis de

Répéter

De retour

Laissant mon chagrin

De retour

Tôt ou tard demain

Où tout est vraiment

Mieux qu’avant

De retour

Laissant mon fardeau

De retour

Derrière le rideau

De retour

Sans le déguisement

Que j’arbore

J’aime parler avec Léonard

C’est un sportif et un pasteur

C’est un flemmard et un toquard

En costume

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)