Alexandra Leaving

Suddenly the night has grown colder.

The god of love preparing to depart.

Alexandra hoisted on his shoulder,

They slip between the sentries of the heart.

Upheld by the simplicities of pleasure,

They gain the light, they formlessly entwine;

And radiant beyond your widest measure

They fall among the voices and the wine.

It’s not a trick, your senses all deceiving,

A fitful dream the morning will exhaust

Say goodbye to Alexandra leaving.

Then say goodbye to Alexandra lost.

[…]

Résigné, sincère, lucide, humble et réaliste, Léonard Cohen, lorsqu’il chante le départ d’Alexandra ? La situation qu’il décrit peut éveiller bien des échos au fond du puits de la mémoire, et faire revivre des épisodes vécus ou imaginés, dont chacun a pu être acteur ou témoin.

Résigné ? Ou plutôt respectueux de la liberté de ne pas (ou plus) aimer, sans laquelle ce sentiment perdrait toute sa valeur ?

Sincère ? Certainement, lorsqu’il reconnaît le trouble et la souffrance qu’occasionne ce départ.

Lucide ? Sans doute, dès lors qu’il admet qu’il savait, dès le début, ce qu’il ne pouvait attendre ni espérer.

Humble ? Ou défaitiste, s’il pense ne pas être à la hauteur de celle qu’il considère comme étant d’une autre essence, supérieure par l’affirmation-même de sa liberté ? D’autres ne se poseraient pas de telles questions, et ne s’imagineraient pas indignes d’un avenir.

Réaliste ? Peut-être même pragmatique, ou sachant par expérience ce qu’il faut savoir faire ou dire, ne pas faire ou ne pas dire en la circonstance (« Il faut savoir », chantait Charles Aznavour).

Fort, aussi, du plus grand amour : celui qui respecte et s’efface, ne cherche pas de prétexte et ne se réfugie pas dans de faux-semblants, ; celui qui se garde de manœuvres dilatoires, et ne tombe pas dans le piège du ressentiment (« Retenir les cris de haine qui sont les derniers mots d’amour » dit Aznavour ).

« Fifty ways to leave your lover », dit Paul Simon… et mille façons de rester fidèle à ses sentiments.

Les sentiments les plus forts ne sont pas les plus violents, mais cela, c’est le temps qui nous l’apprend !

Alexandra s’en va

Soudain, la nuit devient plus fraîche, et

Le dieu de l’amour va partir sur l’heure

Alexandra, sur son épaule, juchée

Ils filent entre les sentinelles du cœur

Portés par les simplicités du plaisir

Ils s’illuminent, intimement étreints,

Et, rayonnants plus qu’on ne peut le dire,

Ils tombent au milieu des voix et du vin

Ce n’est pas une farce, ni tes sens qui s’égarent

Un rêve agité que l’aube évacue

Dis adieu à Alexandra qui part

Puis adieu à Alexandra perdue

Même si elle dort sur tes draps satinés

Même si elle te réveille par un baiser

Ne dis pas que tu l’as imaginée

Ne tire pas sur ces ficelles usées

Comme quelqu’un qui s’y tient prêt depuis longtemps

Résolument, à la fenêtre, inspire

Exquise musique, Alexandra riant

Tes promesses, tu peux enfin les tenir

Toi à qui elle a fait l’honneur de son soir

Te rendant par là même ton propre honneur

Dis adieu à Alexandra qui part

Puis adieu à Alexandra perdue

Même si elle dort sur tes draps satinés

Même si elle te réveille par un baiser

Ne dis pas que tu l’as imaginée

Ne tire pas sur ces ficelles usées

Comme quelqu’un qui se tient prêt pour l’occasion

Maîtrisant les plans que tu as gâchés

Ne cherche pas lâchement d’explication

De la cause et de l’effet pour t’y cacher

Et toi qu’une intention a laissé hagard

Ton code violé, ton crucifix déchu

Dis adieu à Alexandra qui part

Puis adieu à Alexandra perdue

Dis adieu à Alexandra perdue

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)