Crazy To Love You
My braids and my blouse all undone
Sometimes I'd head for the highway
I'm old and the mirrors don't lie
But crazy has places to hide me
Dans son nouvel album “Old Ideas”, dont la sortie en France est imminente, Léonard Cohen chante « Crazy to love you », une chanson enregistrée en 2006 parAnjani Thomas (« Blue Alert »). Le tempo très lent laisse du temps à la méditation, et le ton apaisé contraste avec la force apparente des mots, qui renvoient l’écho de bien d’autres chansons de Léonard Cohen, où l’on peut croire discerner une forme de résignation (y compris dans « Show me the place »). S’agit-il de la simple acceptation des exigences de l’amour, ou de l’amère constatation que la vie nous amène à renoncer jusqu’à nous même ? On est pourtant étonné de ne percevoir là ni révolte, ni même véritable ressentiment. L’auditeur peut, comme toujours chez Léonard Cohen, situer sa lecture à différents niveaux et dans différents contextes : interpréter cette chanson dans le cadre de « l’amour humain » et des sacrifices qu’il implique, ou la transposer dans une dimension métaphysique et comprendre la soumission à la volonté « supérieure » dont « les voies sont impénétrables »… Si Léonard Cohen livre parfois quelques indices sur la signification profonde de ses textes, il se garde généralement d’en limiter la portée ou d’en contredire les interprétations, quelles qu’elles soient. Chacun peut ainsi très librement se les approprier… tant qu’il n’en fait pas un objet de polémique.
Etre Fou pour T’Aimer
Pour t’aimer, j’ai dû devenir fou
J’ai dû descendre au charbon
J’ai dû passer du temps au trou
Trop las pour un abandon
Pour t’aimer, j’ai dû devenir fou
Tu n’étais pas celle que j’ai
Cherchée dans le Chagrin du Souvenir
Mes tresses et mon sarrau défaits
Vers la route se tournent mes yeux
Le miroir dit vrai : je suis vieux
Mais, en fou, pour me cacher, j’ai mieux
Et plus profond qu’un adieu
Pour t’aimer, j’ai dû devenir fou
Dû dire, en tout, j’abandonne
Dû être ceux que je hais
Dû ne plus être personne
Las de choisir le désir
Par une sainte fatigue, je fus sauvé
Les portes des promesses débloquées
Et nul ne cherchant à sortir
Vers la route se tournent mes yeux
Le miroir dit vrai : je suis vieux
Mais, en fou, pour me cacher, j’ai mieux
Et plus profond qu’un adieu
(Traduction – Adaptation : Polyphrène)