A Singer Must Die

Now the courtroom is quiet, but who will confess.

Is it true you betrayed us? The answer is Yes.

Then read me the list of the crimes that are mine,

I will ask for the mercy that you love to decline.

And all the ladies go moist, and the judge has no choice,

A singer must die for the lie in his voice.

And I thank you, I thank you for doing your duty,

You keepers of truth, you guardians of beauty.

Your vision is right, my vision is wrong,

I'm sorry for smudging the air with my song.

[…]

A Singer Must Die” est un repère majeur dans l’œuvre de Léonard Cohen, au point qu’un groupe (Philippe Le Guern et Manuel Ferrer) en a fait son nom, et queSteven Page a donné ce nom à un album dans lequel il en chante une reprise.

Léonard Cohen ne chante pas seulement que « Le premier qui dit la vérité… doit être exécuté » : il met en cause l’un des ressorts essentiels de notre société, qui évalue, juge, et sanctionne tout, de nos paroles et actes publics jusqu’à notre vie intime et nos pensées. Tout est jaugé, pesé, évalué. Tout à une valeur, un coût, et un prix.

Comme toute forme d’énergie se dégrade finalement en chaleur, c’est l’entropie de la pensée que de tout ramener ainsi à une valeur et, en fin de compte, à l’argent (il suffit pour s’en convaincre de lire un quelconque article dans la presse américaine, notamment en matière de création artistique, pour constater, dès les premières lignes, que l’œuvre est jugée par son prix).

L’humour noir, sarcastique, de Léonard Cohen, souligne la dimension sadique de ce comportement social. Comme la plus basse forme de l’humour est de rire aux malheurs des autres, la plus vile forme de comportement social est de tirer fierté d’une quelconque supériorité sur une échelle arbitraire qui monte sans s’élever.

A Mort le Chanteur

Le tribunal se tait. Mais qui a trahi ?

Est-ce vous qui avouerez ? La réponse est : « Oui »

Enumérez les crimes dont je suis accusé

J’implorerai la grâce que vous aimez refuser

Et les dames deviennent moites ; le juge n’a pas le choix

Mort au chanteur pour le mensonge dans sa voix

Merci à vous de faire ce que vous devez

Tuteurs de beauté, gardiens de vérité

Ma vision est fausse, vous avez raison

Désolé de souiller l’air par ma chanson

Oh, la nuit est noire ; ma défense est cachée

Dans les vêtements d’une femme que j’aimerais pardonner

Dans ses volants de soie, où ses cuisses fléchissent, et

Où je dois aller mendier sous couvert de beauté

Oh, bonne nuit, bonne nuit, ma nuit après nuit

Ma nuit après nuit, après nuit, après nuit, après nuit, après nuit

J’ai si peur que je vous écoute, car

C’est l’effet que font vos gardes à lunettes noires

Leur façon de restreindre, de déshonorer

Le genou dans l’aine, le poing sur le nez

Oui, et vive l’Etat, qu’importe qui s’en empare

Je n’ai rien vu, monsieur, je suis seul’ment rentré tard

Strophe additionnelle rajoutée dans "Stranger Music" (absente de la chanson originale). A noter aussi les nombreuses variations lors des interprétations publiques, notamment quant au prix de la tombe de "three" à "sixty-dollar grave".

Gardez-moi une place dans la fosse commune

Avec ceux qui monnaient le plaisir que l’on donne

Avec ceux qui sont prêts, qui sont habillés

Que, la tête sur leur sein, tu puisses t’allonger

Et les dames deviennent moites ; le juge n’a pas le choix

Mort au chanteur pour le mensonge dans sa voix

(Traduction – Adaptation : Polyphrène)